28 janvier 2019Stéphane Ortega
Au mois de septembre, juste après la démission de Nicolas Hulot du ministère de l’Environnement, 115 000 personnes avaient participé à la première marche pour le climat. Ce dimanche, pour la quatrième édition, encore 80 000 personnes se sont mobilisées le lendemain de l’acte 11 des gilets jaunes.
Ils sont toujours « plus chauds que le climat », mais un peu moins mobilisés que leurs voisins belges. Autour de 80 000 personnes ont participé à la centaine d’actions et manifestations prévues sur l’ensemble du territoire français ce dimanche. Au même moment, 70 000 Belges défilaient dans les rues de Bruxelles. Un chiffre important pour un pays de seulement 11 millions d’habitants.
À Paris ou Marseille, pas de défilé, mais une agora, Place de République pour les uns, et une flashmob pour les autres. Une chaîne humaine de 5000 personnes a entouré la presqu’île de Lyon. Là où des manifestations ont été programmées, les défilés sont restés assez fournis comparativement à la précédente marche pour le climat du 8 décembre.
Ainsi, au moins 3000 personnes se sont réunies à Nice, Grenoble et Montpellier, 2000 à Strasbourg et Bordeaux, 1500 à Rennes, 1000 à Mulhouse, et plusieurs centaines dans de nombreuses villes. « Il faut que les dirigeants prennent un peu peur », assure Christophe, un quadragénaire dont le vélo arbore des pancartes. Pour sa deuxième participation à une marche pour le climat, il est là pour augmenter le « volume global de manifestants », additionnant volontiers marche pour le climat et mouvement des gilets jaunes dans une même contestation des choix politiques du gouvernement.
D’ailleurs, un certain nombre de gilets jaunes ont rejoint la marche pour le climat du dimanche, pour leur seconde manifestation du week-end. Irène est venue en famille et porte son identité jaune sur le dos. Une fillette accrochée à chaque main, elle a rejoint les gilets jaunes en cours de route, un peu inquiète au début par la présence de l’extrême droite sur certains ronds-points. De sensibilité écolo, elle n’était pas non-plus complètement emballée par la revendication sur les carburants.
Mais avec le tournant social de la contestation, elle a rejoint le mouvement sur un péage. Sa présence à la marche pour le climat, elle la vit comme naturelle, même si elle ne se fait aucune illusion sur un changement de politique du gouvernement à l’issue de celle-ci. Déjà persuadée que « le capitalisme et l’écologie sont incompatibles», sa perception des hommes politiques a évolué : « Il faut tous les dégager » lance-t-elle, comme un simple constat. Entre-temps, deux mois de mobilisations et la répression dans les manifestations sont passées par là.
Cette critique des décideurs politiques est très largement partagée dans la marche. Avec moins de virulence, Audrey déplore la poursuite des grands projets comme celui de la mine d’or en Guyane. L’inaction de l’exécutif sur l’huile de palme ou les pesticides la navre. Active dans le mouvement des Coquelicots, la trentenaire espère que la mobilisation d’aujourd’hui poussera les gens à agir, et par incidence, le gouvernement aussi.
C’est aussi l’attente de Thibault, 30 ans, qui participe à sa première marche. Pour lui, le gouvernement, comme les entreprises ou les citoyens, doivent faire des efforts, particulièrement sur la réduction de la consommation. « Pas encore politisé », il revendique quand même un fond écolo et espère que les citoyens « reprennent du pouvoir ». A cette fin, il imagine des agoras participatives, et à la place de l’Assemblée nationale d’aujourd’hui, une assemblée plus citoyenne.
En attendant de tels changements, un appel international à des grèves scolaires pour le climat est lancé pour le 15 mars. Une forme de mobilisation qui prend de l’ampleur. Des milliers de jeunes ont ainsi manifesté en Australie au mois de novembre, suivis par d’autres en Europe et en Amérique du Nord. Depuis le début du mois de janvier, les lycéens belges descendent dans la rue tous les jeudis. Le 24 janvier, ils étaient 35 000 dans les rues de Bruxelles.
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