Perpignan/Gilets jaunes: un samedi jaune sur la ville! par stan zeguetto

Le maire de Perpignan, Jean-Marc Pujol aujourd'hui pour l'acte 9, plus Gilet Jaune que France audacieuse en marche vers 2020
Le maire de Perpignan, Jean-Marc Pujol aujourd’hui pour l’acte 9, plus Gilet Jaune que France audacieuse en marche vers 2020.
Jusqu’où va se nicher la démagogie pour accéder au pouvoir!

Un camarade « gilet jaune » nous a envoyé ce texte, à propos de l’acte 8 samedi dernier et des fameuses « violences » au tribunal et au journal l’indépendant . C’est une autre version de l’histoire par une personne qui suit les Gilets Jaunes depuis le début et écrit dans des revues par ailleurs. La rédaction

« Ça se passe comment quand l’Indépendant rend compte d’un mouvement social dont les membres sont tour à tour éborgnés, mutilés, tabassés ou embarqués manu militari par la police ?

Ça se passe que ses journalistes reprennent les communiqués de la dite police, sans procéder à un minimum d’investigation parce qu’après tout parole flicardière ne saurait mentir. Dans l’édition du 11 janvier, on apprend donc page 2 l’arrestation de quatre Gilets jaunes accusés de « violences avec armes et en réunion », « menaces de mort » et « outrages ». Dans la ligne de mire de la justice : l’investissement par une quarantaine de Gilets du palais de justice samedi 5 janvier en fin de manif’.

Rappelons que l’acte 8 s’est déroulé à Perpignan sans accroc notable – notamment l’occupation de la gare avec ses joutes débonnaires sur le ballast et le face à face avec les bleus sur les marches du commissariat où les Gilets glapissaient, taquins, à des flics plutôt détendus : « Vous ne serez pas payés ! » et « La police avec nous ! ». Un élan fraternel mort dans l’œuf qui témoigne d’un optimisme béat des jaunes mais après tout pourquoi pas ? Pasolini voyait bien dans les flics des fils du peuple plutôt que des cogneurs assermentés.

Il y eut aussi l’épisode du tapage sur les vitres fumées de l’Indépendant, auparavant décorées du tag « menteur ». La colère journalophobe avait flambé suite à la mise en ligne d’un article mentionnant des effectifs maigroulets de Gilets (200) alors que nous avions dépassé le millier. Le journal eut beau rectifier la donne, la réactivité physique des manifestants surpassa le temps numérique. On alla gueuler notre nombre boulevard des Pyrénées. On appelle ça un retour de réel.

Le tribunal donc. On y vient. Fin d’aprem, grilles et portes du palais de justice sont ouvertes. Un Gilet s’y engouffre. Il y a là un vigile floqué Prosegur et un flic en tenue. « C’est pourquoi ? » demande le vigile en voyant entrer un dossard fluo. Réponse : « C’est rien, c’est les Gilets jaunes ! » Ni une ni deux, ils sont quelques dizaines à investir la salle des pas perdus. On occupe le tribunal comme on a occupé la gare : parce que c’est à nous. Parce que ces lieux sont des symboles de la puissance publique. On n’occupe pas pour casser mais pour se réapproprier. Pour imposer sa légitimité. Un peu comme ce jeune Gilet qui, sur une vidéo, lit un extrait de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen à un flic en faction :

Le Gilet faisant lecture : « Cette force [de police] est donc instituée pour l’avantage de tous et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée. Ça veut dire quoi, monsieur ? Ça veut dire quoi ? »

Le flic, cancre : « Ça veut dire ce qui est écrit ».

Le Gilet, dépité par tant d’ignorance crasse : « Oui mais ça veut dire quoi ?! Ça veut dire que vous devez être contre l’État qui envoie de mauvaises choses contre le peuple, c’est tout. Vous êtes à nous, vous êtes notre armée, je tiens à vous le dire, vous êtes notre armée ! C’est réel, les gars. C’est réel. Lisez, c’est écrit je mens pas. On est d’accord ? On est d’accord. »

Il n’y avait pas de Gilets armés dans le tribunal. Si ce n’est armés de leur détermination et conviction. Essentiellement pacifistes. Parce que si le mouvement était violent, intrinsèquement violent comme le présentent des politiques aux abois, le pays n’aurait vraiment pas la même gueule deux mois après. Le soussigné peut se tromper mais il a croisé pas mal de témoignages (un travail d’investigation assez sommaire que n’importe quel pigiste doté d’un cerveau moyen peut accomplir) et les faits vont dans ce sens : c’est au moment de l’évacuation musclée par les flics du tribunal qu’a lieu la casse (en l’occurrence une ou des portes vitrées brisées) et qu’ont plu les coups. La bataille rangée qui suit entre bleus massés sur les marches du palais de justice et jaunes sur la place Arago – soit une intifada de quelques bouteilles de bières contre lacrymos et flashball – n’est jamais rien d’autre que la conséquence directe des brutalités policières.

Depuis le 17 novembre, on attend d’ailleurs leurs premières recensions dans les colonnes de L’Indépendant. »

http://l.archipel.contre-attaque.over-blog.fr/2019/01/perpignan/gilets-jaunes-un-samedi-jaune-sur-la-ville-par-stan-zeguetto.html

2 commentaires sur Perpignan/Gilets jaunes: un samedi jaune sur la ville! par stan zeguetto

  1. aux dernières nouvelles 3 des 4 interpellés comparaitrons devant le tribunal lundi 14 janvier à 14h, en procédure immédiate. Ne les laissons pas seuls, le soutien et la solidarité doivent bénéficier à ceux qui luttent contre l’injustice sociale.

  2. Trois des 4 interpellés le jeudi 10 janvier à leur domicile à la suite de leur participation aux manifestations des Gilets jaunes, avec intrusion dans le Palais de justice, du samedi 5 janvier ont comparu devant le tribunal de Perpignan lundi 14 janvier, en procédure immédiate. Le 4e était passé en procédure immédiate vendredi ; il a demandé un report et est actuellement en détention, pour cause de récidive ; son procès est prévu pour le 2 février.
    Nous étions nombreux venus en soutien et la salle d’audience était pleine, plus plusieurs dizaines de personnes, Gilets jaunes ou pas, devant le Palais de justice. Le président s’est révélé particulièrement sourcilleux quant au calme du public, menaçant d’entrée de faire évacuer la salle au moindre petit geste et/ou sourire.
    L’un des interpellés, militant notoirement connu, s’est présenté libre, sous contrôle judiciaire, avec une accusation qui avait beaucoup « réduit à la cuisson » (outrage à agent et refus d’identification lors de la garde à vue). Se défendant seul et très au fait de ses droits, il a demandé un report pour préparer sa défense. Report accepté avec audience pour la 27 février à 9 heures. D’ici là contrôle judiciaire et interdiction d’entrer dans un cercle de 1 km autour du Palais de justice.
    En revanche les 2 autres prévenus, totalement « novices » en politique, ont voulu être jugés en comparution immédiate. Et bien mal leur en a pris, avec pour seule défense l’avocat commis d’office. Le premier, ouvrier maraîcher d’une vingtaine d’années, paraissant particulièrement fragile, et le second, éboueur, d’une cinquantaine d’années, espéraient peut-être sortir dans la foulée car ils étaient restés en mandat de dépôt depuis le jeudi. Le président leur a signifié les accusations les concernant, atteintes aux biens publics et aux personnes détentrices de l’autorité publique avec menaces très graves (dont le fait d’avoir blessé 16 policiers, certains présents, à eux deux – sic ! – ). Et le président très à l’affût du moindre prétexte pour faire évacuer la salle a réagi à un léger grondement de quelques personnes du public réagissant à son propos concernant les lanceurs de balles de défense (qui avait touché le plus jeune prévenu, d’où sa colère sur le moment) présentés comme « des armes républicaines » pour nous faire sortir.
    L’audience s’est poursuivie à huis clos, et nous étions tous et toutes certain.es que les 2 prévenus, bien que sans casier judiciaire et insérés socialement par un travail, et sans la moindre connaissance de leurs droits en tant que justiciables allaient « payer » très cher et servi d’exemple. Ce qui a été le cas puisque le plus jeune a écopé de 8 mois fermes et le plus âgé de 10 mois fermes, plus une injonction à payer solidairement 15 000 euros de dédommagements à leurs « victimes ».
    J’en suis ressorti avec une impression d’une justice moyenâgeuse avec un président « charcutant » d’autant plus 2 pauvres gars qu’ils semblaient totalement démunis dans tous les sens du terme pour faire face au rouleau-compresseur des cours de justice en ces temps de crise sociale et politique au niveau nationale.
    A suivre, y compris pour la solidarité.
    Salut et fraternité. Daniel Guerrier

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