Sauvés par les virus ?

n°96 – mai 2020

Par Dédé-la-science, avril 2020

Il faut parfois rappeler des réalités simples. Deux facteurs principaux nous menaient droit à une catastrophe écologique et humanitaire globale imminente. Le premier c’est l’expansion démographique exponentielle des populations humaines, qui nous a fait passer de quelques centaines de millions à bientôt huit milliards depuis le début de l’ère industrielle. Le second, c’est la surconsommation, qui s’accélère, de ces humains, avec pour conséquences la destruction des milieux naturels et l’extinction des espèces par l’urbanisation, l’agriculture, la pêche industrielle, les pollutions, les désertifications et les autres conséquences du réchauffement climatique.

La transition démographique ralentit l’expansion démographique humaine et une stabilisation des effectifs vers dix ou douze milliards d’humains n’est pas exclue au cours du siècle à venir. Par contre, la généralisation de la surconsommation et son aggravation incessante du fait des politiques de croissance indéfinie des économies capitalistes et néolibérales ne cesse d’accélérer et d’aggraver les effets de la surconsommation en matière de destructions environnementales et de gaspillage de ressources limitées. Au premier rang desquelles les sols, l’eau douce et les espèces vivantes consommées, marines en particulier.

En matière d’évolution climatique les modèles angéliques du GIEC présentent toujours trois évolutions prétendues possibles. Une favorable, si on limite le réchauffement par des mesures draconiennes, une moyenne correspondant à une politique déterminée, mais moins efficace, et une catastrophique correspondant à la poursuite des politiques actuelles. Le tout en ignorant les réalités politiques déterminantes au nom de la « neutralité scientifique » et les facteurs imprévisibles, comme les conflits armés. Il est pourtant évident que, dans le monde néolibéral actuel, focalisé sur la croissance économique et l’aggravation de la surconsommation, seule la dernière hypothèse – la catastrophe – est possible, puisque aucune mesure ayant un effet appréciable n’est prise, ni même envisagée, au-delà de l’écologie quotidienne « mesquine » pratiquée par de sympathiques militants bobos et babas. Et puis surtout, les conséquences les plus prévisibles des conflits graves pour les ressources, qui ont déjà commencé, sont ignorées, alors que la course aux armements de destruction massive s’aggrave. La destruction de populations entières, par des armes nucléaires de puissance limitée dans un premier temps, devient de plus en plus probable dans un avenir proche.

C’est dans ce contexte d’effondrement à venir, décrit avec complaisance par des « collapsologues » autoproclamés, que la biodiversité en déclin nous rappelle ses ressources cachées, en particulier en matière de maladies émergentes. Les coronavirus, ebola et leurs variantes pourraient bien, un jour, faire autant ou plus de dégâts que la peste noire qui liquida plus du tiers de la population européenne de 1347 à 1352. L’effet spectaculaire du confinement à coronavirus, qui a nettoyé en quelques semaines l’atmosphère de Pékin d’une pollution permanente calamiteuse, est là pour nous raconter qu’une telle catastrophe humaine peut-être, en même temps, une grande amélioration collatérale pour l’environnement. Bien plus efficace que les mesurettes politiques antérieures…

La biosphère sera-t-elle sauvée des malfaisances humaines par des virus qui nous détruiraient totalement ? A moins, s’ils ne nous détruisent que partiellement, que les survivants comprennent enfin que l’humanité ne sera durable à long terme qu’en renonçant au capitalisme financier, à la croissance indéfinie et en instaurant un système économique rationnel, bien plus respectueux de l’environnement et des nécessaires solidarités humaines ? Les virus couronnés, sauveurs de l’humanité ?

https://www.sinemensuel.com/inedits/sauves-par-les-virus/

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