27 mai 2015
Avoir un bon copain!
Vendredi 29 mai (jour anniversaire des émeutes de Perpignan) à 18 heure à la librairie Torcatis à Perpignan conférence débat: »Béziers – Perpignan : le jumelage le temps d’un soir »
Dans son édition du 3ème trimestre 2014, la revue de géographie et de géopolitique Hérodote revient sur les élections municipales de Béziers et Perpignan de 2014. Dans un article intitulé « Les nouveaux maîtres du Sud », les géographes David Giband et Marie-Anne Lefèvre dressent une cartographie comparative de ces deux villes du sud où l’extrême-droite métastase à la faveur d’une misère sociale grandissante et d’une clique politicienne obnubilée par sa reproduction clanique. « Béziers et Perpignan figurent parmi les villes les plus pauvres de France et se caractérisent par l’ « ultrapaupérisation » des quartiers centraux et par une fragmentation socioéthnique de l’espace urbain. (…) La « souffrance du centre-ville », argument des discours de Ménard et d’Aliot, sert à dénoncer l’inefficacité des équipes municipales en place. Aliot dénonce « les politiques clientélistes éhontées, la situation désastreuse de certains quartiers. On achète la paix sociale ». Pendant que Ménard se veut le porte-parole d’un « ras-le-bol généralisé après dix-ans de gestion UMP ». Elle alimente une rhétorique antisystème amalgamant insécurité, crise du centre, paupérisation, immigration, pauvreté, clientélisme et communautarisme. » Dans cette configuration de cloaque, les communautés (gitanes, arabes, pied-noires, etc.) sont soit courtisées en tant que réservoir de votes soit stigmatisées et promises au karcher d’une République qui ne s’est jamais remise de l’effondrement de son ancien empire colonial.
Après avoir garni les panneaux publicitaires de Béziers de flingues, « nouveaux amis » de la police municipale, Ménard créé à nouveau le buzz avec ses statistiques ethniques visant à ficher les enfants scolarisés. Jouant la même partition que Le Pen avec son « détail de l’histoire », le communicant Ménard a bien compris qu’une politique dans l’air du temps se construit avant tout sur un savant mélange de faux dérapages et d’habiles provocations. Les périodes de crise ont toujours été propices aux crispations xénophobes. Jouant avec le sifflet d’une cocotte-minute prête à imploser, Ménard enchaîne ses numéros de triste clown et pleurniche son paradis perdu : cette terre d’Algérie où les Français firent tant de merveilles durant plus d’un siècle. « Coloniser c’est mettre en valeur » nous rappelle, à Perpignan, le Centre national de documentation des Français d’Algérie.
Il y a dix ans éclataient les « émeutes gitano-arabes » de Perpignan. Le 29 mai 2005, Driss Ghaib était assassiné devant chez lui, une semaine après le meurtre de Mohamed Bey Bachir, et la ville s’embrasait. Résumée dans les colonnes du Figaro du 31 mai 2005, la première nuit d’émeute prend des airs de western catalan : « Ils [les Maghrébins] sont très vite des centaines dans la rue. Ils portent des barres de fer, des battes de base-ball, des cocktails Molotov. On verra même des sabres. Et ils déferlent en direction du quartier gitan, saccageant au passage vitrines et abribus, retournant sans distinction voitures et poubelles avant d’embraser le tout. La rue Foch n’est plus qu’un champ de bataille. Place Cassanyes, au pied du quartier gitan assiégé, des coups de feu partent des balcons. Plus de quatre cents policiers et gendarmes sont là pour s’interposer, mais la foule est définitivement incontrôlable. Aux deux compagnies de CRS déjà mobilisées, viendront s’ajouter des renforts venus de tout le Sud. » Pendant une semaine, Perpignan, l’archipel des ghettos, sera quadrillée par un millier de flics. Depuis, on nous l’assure, le calme est revenu. Le 29 mai 2015, nous recevrons une poignée de biterrois animateurs du journal numérique En vie à Béziers qui lutte pied à pied, avec un humour corrosif, contre le verbe « nauséabond » de Ménard. Sous l’égide du site l’Archipel contre-attaque, autre poil à gratter au sein de la presse catalane, on vous propose une petite causerie au sein de la digne librairie Torcatis, à 18h00. La rencontre se veut
avant tout échange : parce que ces villes, nos villes, avant d’être des professions de foi sur papier glacé pour politiciens battant la campagne, naissent dans la bouche des peuples qui les habitent. Parce que mettre des mots sur ce que nous vivons est déjà le début d’une certaine reprise en main.
Voir aussi:
Perpignan: le 29 mai prochain, on fêtera les 10 ans des émeutes! interview Sébastien Navarro par Nicolas Caudeville
http://l.archipel.contre-attaque.over-blog.fr/2015/05/perpignan-le-29-mai-prochain-on-fetera-les-10-ans-des-emeutes-interview-sebastien-navarro-par-nicolas-caudeville.html
Commentaires récents