Un an et demi après s’être infiltrés dans les centrales nucléaire de Nogent-sur-Seine (Aube) et de Cruas (Drôme), des dizaines de militants de Greenpeace ont pénétré dans la centrale du Tricastin le 15 juillet, à l’aube. « Greenpeace veut pointer du doigt toutes les failles de sécurité dans la production d’énergie nucléaire », explique l’organisation écologiste. Entrés à 5h20 du matin, les activistes auraient atteint les réacteurs n°1 et n°3 en quinze minutes, affirme Greenpeace. L’ONG a profité de la nuit pour projeter de fausses fissures sur les murs de la centrale, assorties des messages « Tricastin, accident nucléaire », « Président de la catastrophe ? » ou « Prêt à en payer le prix ? ». Une fois le jour levé, ces images ont laissé place à des banderoles aux slogans identiques.
« Il n’y a pas eu de pénétration dans les enceintes de sécurité », tente de relativiser EDF. Le ministère de l’Intérieur assure de son côté que les activistes n’ont pas accédé aux « zones sensibles, notamment les salles de commande » du site. « C’est une action médiatique qui ne représente pas de danger pour la sécurité des installations », a insisté le porte-parole de la place Beauvau, Pierre-Henry Brandet. Selon le ministère de l’Intérieur, les militants, « répartis en trois groupes », « ont été immédiatement détectés ». Les premières arrestations ont eu lieu peu après 8h du matin.
Les réactions des autorités sont loin de satisfaire Greenpeace. « La centrale du Tricastin est une de celles qui connaît le plus de risques de sûreté et d’agressions externes naturelles ou humaines » explique l’ONG sur son site. « Si des dizaines de militants peuvent pénétrer en 15 min dans la centrale et que ceci est considéré comme un « non événement » par les responsables d’EDF, alors la situation est grave, a immédiatement réagi l’eurodéputée EELV Michèle Rivasi. C’est sous estimer le risque terroriste auquel est soumis toute centrale nucléaire en France. »
Transition énergétique ?
Troisième centrale la plus âgée du parc français, le Tricastin fait aussi partie des cinq centrales 1] exposées au risque sismique, alors qu’une vingtaine de fissures ont été détectées sur la cuve du réacteur n°1,[ souligne Greenpeace. Pour l’ONG, « même si cela déplaît aux industriels du nucléaire, François Hollande va devoir faire preuve d’autorité en faisant un choix : annoncer la fermeture de Tricastin et d’autres centrales dans la foulée ».
La question du risque nucléaire n’a pas été abordée dans le cadre du débat national sur la transition énergétique qui se termine le 19 juillet. Hollande avait pourtant affiché l’objectif de réduire de 75 à 50 % la part du nucléaire dans la production d’électricité d’ici à 2025. Une promesse qui, selon Greenpeace, passe par la fermeture d’au moins 10 réacteurs d’ici 2017 et 20 réacteurs d’ici 2020.
P.-S.
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Notes
[1] Après avoir analysé la vulnérabilité des 19 centrales françaises, Greenpeace estime que Tricastin figure dans les 5 sites à fermer en priorité avec ceux de Fessenheim, du Blayais, du Bugey et de Gravelines.
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