Musée: au CIRA, tout sur les anars mais point de foutoir

06 Juil 2013

Marseille (AFP)

2-193.jpgLe drapeau que l’on aperçoit en poussant la porte annonce la couleur: « Ni Dieu, ni maître ». Ce vestige de 1900 orne un mur du Centre international de recherches sur l’anarchisme (CIRA) à Marseille, un lieu ouvert au public qui collecte tout document -favorable ou critique- sur le mouvement libertaire.

Niché dans une rue proche de l’église des Réformés dans le centre-ville, l’endroit accueille une petite librairie, suivie d’une bibliothèque sous de vieilles poutres en bois et d’une salle de conférence voutée.

On y trouve des milliers d’ouvrages, de périodiques, de tracts, d’archives personnelles, d’enregistrements sonores et de documents vidéo que les membres bénévoles de l’association s’emploient à classer. Dans les rayonnages, anarchisme ne signifie pas foutoir même si tous les documents -il en arrive régulièrement- ne sont pas encore inventoriés.

Le centre a été fondé en 1965 par une poignée de militants phocéens, dont l’historien René Bianco. Il s’agissait alors d’une annexe d’un premier CIRA fondé à Genève en 1957, avant que celui de Marseille ne prenne son autonomie en se spécialisant dans les cultures latines.

Le lieu a connu plusieurs adresses dans la ville, dont une voisine de l’hôtel où la communarde Louise Michel décéda il y a un siècle, avant que l’association ne rachète récemment un fonds de commerce, devenant propriétaire pour la première fois. « Malgré Proudhon », rigole Gilbert, secrétaire du CIRA, grosse barbe et cigarillo aux lèvres. « On lui a pas dit, à Proudhon », enchaîne son collègue Tony, les mains dans un carton de brochures italiennes des années cinquante.

Brassens, Kropotkine, Léo Mallet

L’endroit attire militants, étudiants, journalistes, ou simples curieux, venus de France et d’ailleurs. « Récemment, on a eu un type qui faisait des recherches sur les pirates… On fait dans tout ce qui est hors-la-loi », s’amuse Tony.

A Marseille, le Centre international de recherches sur l’anarchisme (CIRA) est un lieu ouvert au public qui collecte tout document -favorable ou critique- sur le mouvement libertaire.

« On a aussi des gens qui viennent se renseigner sur un parent anar », raconte Gilbert, exhibant un « état signalétique confidentiel » établi par le ministère de l’Intérieur en 1903, listant 700 anarchistes étrangers non expulsés, principalement des Italiens. Lui-même y a trouvé le nom de son grand-père. « Je m’en doutais un peu… Il avait écrit ses souvenirs mais ma grand-mère a tout brûlé quand il est mort, elle pensait que ce n’était pas bon pour les enfants ».

Le fonds du CIRA est le fruit de nombreux dons et se nourrit également d’exemplaires de presse pour les ouvrages récents. En promenant ses yeux dans la bibliothèque, on passe du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes à une biographie de Brassens, en croisant des procès-verbaux de la Commune de 1871 et des écrits du Russe Kropotkine ou de Léo Malet, le père de Nestor Burma.

Une armoire vitrée renferme des raretés, comme ce couteau ramené du bagne de Cayenne par Marius Jacob, le cambrioleur anarchiste natif de Marseille qui inspira à Maurice Leblanc le personnage d’Arsène Lupin.

L’accès est gratuit aux heures d’ouverture. Pour emprunter un livre, il faut adhérer au CIRA -l’association approche les 300 membres. Une boîte à biscuits sans couvercle indique en revanche qu’ici, \ »les repas et apéros sont à prix libre ».

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