Des journalistes convoqués pour compromission du secret de la défense nationale
Mercredi 24 avril 2019
Nous avons pris connaissance qu’une enquête préliminaire pour « compromission du secret de la défense nationale » a été ouverte par le parquet de Paris. Suite à la publication, lundi 15 avril, de documents “confidentiel défense” relatifs aux armes françaises utilisées par l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis dans la guerre au Yémen, des journalistes sont convoqués par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
Aujourd’hui, alors que le pouvoir exécutif n’a toujours pas réagi aux
informations dévoilées par Disclose, en partenariat avec ARTE info, la
cellule investigation de Radio France, Konbini news, Mediapart et The Intercept,
deux journalistes de Disclose et un journaliste de Radio France vont
être entendus par la police. L’infraction dont sont soupçonnés Geoffrey
Livolsi, Mathias Destal et Benoît Collombat est “un délit puni d’une peine d’emprisonnement”,
précise les convocations reçues mardi 23 et mercredi 24 avril. Les
documents confidentiels révélés par Disclose et ses partenaires
présentent un intérêt public majeur. Celui de porter à la connaissance
des citoyens et de leurs représentants ce que le gouvernement a voulu
dissimuler. A savoir des informations indispensables à la conduite d’un
débat équilibré sur les contrats d’armement qui lient la France à des
pays accusés de crimes de guerre.
Cette procédure contre des journalistes n’a d’autre objectif que de
connaître leurs sources. En effet, cette convocation de la DGSI donne
toute latitude éventuelle pour rechercher l’auteur principal du délit
dont nous serions le receleur : les personnes ayant permis la
divulgation d’informations d’intérêt public.
Soyons clairs, cette enquête de police est une atteinte à la liberté de la presse, qui suppose le secret des sources d’information des journalistes. Une atteinte d’autant plus grave que le pouvoir exécutif profite du “secret défense” pour étendre abusivement la notion de sauvegarde des intérêts de la nation à la question de transactions commerciales avec des pays en guerre.
Malgré l’importance des informations révélées, des journalistes sont
considérés comme pénalement responsables d’avoir fait leur métier :
informer le public sur un sujet relevant de l’intérêt général. A la
question : “les Français ont-ils le droit d’être informés sur l’usage
qui est fait des armes vendues à des pays accusés de crimes de guerre
?”, le gouvernement a donc choisi de répondre par la menace.
Disclose, ARTE Info, Konbini, Mediapart
https://www.arte.tv/fr/articles/armes-francaises-au-yemen-des-journalistes-convoques-par-la-justice
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