Publié le 01/04/2019 à 10:25
Les camps « automobiles » du Champ de Mars et de Villeneuve-la-Rivière seront les derniers à ouvrir en 1939 dans les Pyrénées-Orientales. Des camps stratégiques, dans le cadre des accords entre la France et l’Espagne franquiste.
Au mois de mars 1939, le Champ de Mars à Perpignan et Villeneuve-la-Rivière complètent le dispositif des camps dans les Pyrénées-Orientales. Si l’on retrouve dans ces derniers peu de réfugiés, le particularisme de ces deux sites réside dans leur fonction. Ils servent alors de dépôt et de vastes ateliers de révision et de maintenance du matériel roulant qui s’entasse dans le département depuis l’exode et dont une partie sera rendue à Franco, suite aux accords Bérard-Jordana. Ces accords, signés à Burgos le 25 février 1939, actent la bonne entente diplomatique déjà amorcée avant la chute de la 2e République espagnole mais planifient surtout le rapatriement des avoirs républicains de France en Espagne : l’or, les armes, les œuvres d’art, le bétail, la flotte, les trains et tous les véhicules roulants ou non… Après avoir vu passer l’essentiel du matériel destiné à l’Espagne républicaine durant le conflit, les Pyrénées-Orientales redeviennent la plaque tournante de ces véhicules stockés dans tout le département.
Les camps du Champ de Mars et de Villeneuve jouent donc un rôle central en coordonnant la récupération et la réparation de ce matériel militaire. Grâce à du personnel espagnol, sous les ordres des militaires français, ces ateliers assurent aussi la remise en état des véhicules destinés au service de transport des camps. Le Champ de Mars accueille quelques centaines de réfugiés répartis dans cinq ateliers. Le camp est structuré autour de deux avenues bordées de tentes marabout coniques qui abritent sommairement les internés qui sont majoritairement des ouvriers spécialisés et des mécaniciens recrutés dans les grands camps du littoral. Le camp de Villeneuve-la-Rivière, lui, fonctionne selon le même principe mais regroupe un peu plus de réfugiés (entre 400 et 500) et, par voie de conséquence, plus de matériel roulant. Ces deux « petits » camps, en termes d’effectifs, ont fait récemment l’objet d’une approche historique globale par Jean Dauriach qui aborde plus largement la question de la gestion de ce matériel roulant hétéroclite.
Des machines et des hommes
Les camps du Champ de Mars et de Villeneuve servent ainsi de base aux 227e et 228e Compagnies de Travailleurs des Transports Espagnols qui assurent tous les transports d’internés et de réfugiés dans le département en 1939 et 1940, via notamment le centre d’accueil des Haras qui fonctionne depuis la Retirada.
La défaite marque la fermeture des ateliers du Champ de Mars et de Villeneuve et le transfert de la 227e au camp d’Argelès-sur-Mer et de la 228e au camp de Rivesaltes. La présence de cette dernière compagnie au camp Joffre en mai 1940, explique ainsi que des Espagnols se sont bien retrouvés à Rivesaltes avant son ouverture officielle en tant que camp du ministère de l’Intérieur en janvier 1941. Si les camps du Champ de Mars et de Villeneuve ferment en tant que camps sous Vichy, ils deviennent alors des lieux de travail pour les réfugiés regroupés dans les Groupements de travailleurs étrangers sous l’égide du groupement 3 bis qui détache des travailleurs dans tout le département. À Perpignan, seul le centre des Haras continuera de fonctionner après l’arrivée des Allemands, en novembre 1942, qui marque la fin des compagnies de transports.La semaine prochaine : le camp de Bram. À lire : Jean Dauriach, dans le fracas des camions. Matériel et camps automobiles des républicains espagnols dans les Pyrénées-Orientales (1936-1940), Trabucaire.
Commentaires récents