Bron, banlieue lyonnaise, lycée professionnel Tony Garnier, 5 mai 2015 :
La quasi totalité de l’équipe enseignante se met en grève, à l’appel de la CGT, pour soutenir une de leur collègue précaire victime de harcèlement raciste, sexiste et antisémite de la part de plusieurs élèves, et dénoncer l’absence de réaction de la direction de l’établissement.
Cette information est relayée par un certain de nombre de médias ainsi que par un certain nombre de sites communautaires juifs, mais également par une officine raciste comme la LDJ. Sur certains médias, se multiplient les commentaires avec des sous entendus racistes et islamophobes, insinuant que les auteurs du harcèlement seraient Arabes ou MusulmanEs. Le logiciel idéologique raciste fonctionne plein pot : Lycée professionnel, Bron, banlieue populaire, immédiatement l’association est faite avec la minorité musulmane, selon la rhétorique du « nouvel antisémitisme ».
Sauf que la collègue est française d’origine algérienne. Qu’elle a été victime de propos, caricatures racistes, sexistes et antisémites, de la part d’élèves qui viennent de la campagne alentour, et qui appartiennent à la majorité nationale, et sont plutôt sous l’influence de l’idéologie nationaliste française que des courants fascistes religieux musulmans.
Cette situation est révélatrice : la LDJ, les groupes réactionnaires au sein de la minorité nationale juive, les médias influencés par le racisme structurel et le racisme d’État français sont incapables d’aborder la réalité de l’antisémitisme, comme structurelle dans la société française.
Pour ces courants, sans même s’intéresser à la réalité des faits, les coupables idéals, stéréotypiques, c’est forcément des MusulmanEs habitant les quartiers populaires. Comme c’est commode et exonère la société française de tout questionnement sur l’antisémitisme structurel qui s’y exprime ! Et comme c’est tout simplement raciste et islamophobe !
Bien sur, l’antisémitisme progresse au sein de l’ensemble de la société, et donc également au sein de la minorité nationale musulmane, comme par ailleurs le racisme et l’islamophobie progressent au sein de l’ensemble de la société, et donc au sein de la minorité nationale juive. Bien sur, il n’est pas question de nier cette réalité, et la nécessité de combattre avec détermination ces tendances réactionnaires.
Mais il est important d’identifier les mécanismes racistes qui consistent à présenter les MusulmanEs, les Arabes, les habitantes et habitants des quartiers populaires comme les sujets « naturels » de l’antisémitisme contemporain, comme intrinsèquement antisémites.
La Ligue de « défense »(sic) juive, officine fasciste, a prétendu saluer la mobilisation des enseignants sur son site. Cette officine s’en est pourtant une nouvelle fois pris au mouvement syndical à l’occasion du premier mai. Alors que justement l’histoire de ce Lycée montre que la solidarité que crée le mouvement syndical peut être une arme redoutable contre l’antisémitisme et le racisme, la LDJ préfère s’en prendre au mouvement ouvrier.
Nous n’ignorons pas, nous avons écrit plusieurs fois à ce sujet, qu’il existe au sein même du mouvement syndical et ouvrier de l’antisémitisme. Mais cet antisémitisme qui étend son influence parfois au sein même de notre classe n’est pas dans la nature du mouvement syndical et ouvrier qui repose sur la solidarité de classe et l’internationalisme, et qui par son action même tend à re-visibiliser la bourgeoisie que l’antisémitisme à pour objet de masquer aux yeux des exploitéEs, en désignant les Juifs et les Juives comme classe dominante.
Il faut lutter contre l’antisémitisme partout ou il s’exprime, mais cela ne passe certainement pas par des provocations et agressions anti-syndicales comme en pratique la LDJ. Ni par des dérives racistes et islamophobes qui empêchent toute compréhension de la nature et du rôle de l’antisémitisme aujourd’hui dans le système capitaliste et le système raciste.
Au sein de la minorité nationale juive, dans la majorité nationale, au sein de nombreux mouvements politiques, y compris de mouvements progressistes, un certain nombre de personnes et de groupes prétendant combattre l’antisémitisme diffusent un discours raciste et islamophobe. Il est nécessaire de combattre ces discours, tout comme de combattre l’antisémitisme d’où qu’il vienne. Par la solidarité de classe, et l’antiracisme révolutionnaire !
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