27 mars 2015
Bientôt, nous devrons poster un homme en armes à la porte de notre cuisine.
Nos chats nous pillent et ne nous laissent que des os à ronger
Ce matin, le noir s’est jeté sur ma tartine de confiture, à midi, le roux ne nous a rien laissé du foie de veau persillé et le soir, le grand blanc tacheté et à poils longs a dévoré notre pot au feu, tandis que l’escroc noir et blanc sautait de la table, une sardine entre les dents.
À la fenêtre, grattant au carreau, ils nous font signe qu’ils veulent entrer et dès qu’ils sont à l’intérieur ils réclament sortir. Nous nous demandons s’ils ne s’entendent pas entre eux, si un accord secret ne les lie pas dans le but de nous déstabiliser, si nous ne sommes pas menacés par une conjuration de chats intéressés à prendre le pouvoir. Ils sont caressants, chauds, parfois émouvants, mais ils terrorisent les plus petits qu’eux et je ne connais rien de plus odieux que leur satisfaction lorsqu’un oiseau tombé du nid s’agite encore dans leur gueule et que le déposant à nos pieds, tout désarticulé et expirant, ils attendent de nous que nous les félicitions. Nos chats se plaignent tout le temps, réclament sans cesse, marchent comme des chanoines, miaulent à la manière de chanteuses de variétés, méfiants ils nous regardent du coin de l’œil, rôdant autour de nous, avec l’air de nous en vouloir comme si nous étions en situation irrégulière et le soir, couchés sur nos lits, ils dorment à notre place tandis que nous restons éveillés de peur de les déranger.
Par bonheur ils n’ont pas découvert le plaisir de boire du vin, qu’ils se mettent à finir mes bouteilles et mon sort sera scellé, j’en serai réduit à ne boire que de l’eau, c’est en ce sens qu’ils ne sont que des animaux, et que nous leur sommes supérieurs, ils ne connaissent pas les plaisirs de l’ivresse.
Nous avons de la tendresse pour eux mais nous n’accepterons jamais qu’ils s’installent aux commandes, depuis trop longtemps les hommes ont fait le pari de l’intelligence, rejetant l’instinct et la violence, plaidant pour des solidarités et de l’hospitalité, œuvrant pour l’utile comme pour l’inutile et plaçant le beau, la dignité et le respect de tous au service de tous.
Il n’est pas question de leur céder quoique ce soit.
Plutôt nous mettre au whiskas.
Le tout meilleur d’Henri Lhéritier
http://l.archipel.contre-attaque.over-blog.fr/tag/henri%20lheritier/
Commentaires récents