Notre-Dame-des-Landes : le Taslu, une bibliothèque de la ZAD

mis en ligne le 6 octobre 2016.

Il y a toujours eu des livres à la ZAD, dans les cabanes, les fermes, les maisons, dans un bus et même sur les barricades. Ils sont une part essentielle de toute lutte comme de tout territoire habité, dont ils concourent à étendre et enrichir les imaginaires et l’intelligence. Emplis de cette certitude, nous sommes une dizaine de personnes habitant aux quatre coins de la zone à nous être retrouvées début août avec la velléité de construire une bibliothèque. Nous l’avons baptisée le Taslu.

Lettres et palettes

Construire une bibliothèque, c’est d’abord rassembler un grand nombre d’ouvrages en un même lieu et les rendre consultables. Notre première tâche a donc consisté à aménager un écrin à même de les accueillir. La Transfu est une cabane qui fut jadis bâtie derrière la Rolandière par le comité Île-de-France. Elle est intégralement conçue en palettes, on raconte qu’il en aurait fallu plus de mille pour achever sa réalisation. Clin d’œil de l’histoire, il s’agit à notre connaissance de la seule cabane de la ZAD dont la construction est intégralement narrée dans un livre intitulé « L’Atelier cabane ». Actuellement, une des pièces sert de local médical, et diverses réunions s’y déroulent. Cet hiver, après quelques travaux de rénovation, il est prévu que la bibliothèque investisse le haut de l’étable de la Rolandière au-dessus du point d’information, dans un bâtiment en dur.

La forme d’un fonds

Le 18 août 2016, un premier lot de livres s’est niché dans les étagères fraîchement poncées de la Transfu : poésies de Yannis Ritsos, histoire épique des Comités d’Action Viticole languedociens, théâtre élisabéthain, traité d’archéologie de l’agriculture bretonne ou échanges épistolaires entre indignés américains et révolutionnaires égyptiens… Il s’agit d’une première base qui ne demande qu’à être enrichie et élargie. Nous aimerions qu’en plus d’une dimension généraliste, cette bibliothèque se donne les moyens d’approfondir un certain nombre de thématiques et de constituer pour celles-ci un fonds véritablement conséquent, voire, qui sait, unique. Ces thématiques se dessinent et se dessineront selon les passions de celles et ceux qui s’impliqueront dans le fonctionnement du Taslu. Certaines se dessinent déjà autour de territoires en batailles (Pays Basque, Larzac, Kurdistan, Chiapas, etc.) ou de surgissements révolutionnaires (communes de 1871, mai 68, révolution espagnole, etc.), de veines poétiques ou du monde paysan. Plus nous serons nombreuses et nombreux à y prendre part, plus cette bibliothèque grandira, ressemblera à la ZAD et aux questions qui la traversent. Ce fonds peut être alimenté de deux manières : soit en donnant, soit en prêtant des livres (ils seront alors marqués et restitués à leur propriétaire quand celui-ci les réclamera). Pour les généreux donateurs, il sera possible de déposer des ouvrages lors des permanences, de les envoyer par la poste (Le Taslu c/o Conserverie de la Noë Verte, 44119 Grandchamp-des-Fontaines) ou de nous contacter par mail si vous préférez que nous venions les chercher.

Le lecteur est dans le prêt

Durant les permanences qui se tiendront les mercredi, vendredi et dimanche de 15h à 19h, les ouvrages seront accessibles à toutes et tous. En ce qui concerne les emprunts, pour juguler les risques de non retour, ils seront circonscrits aux personnes habitant à la ZAD ou dans les alentours. Nous tenons cependant à ce que cette bibliothèque, par la qualité et l’abondance de ses ouvrages, puisse être une des nombreuses portes d’entrée sur la zone. Le Taslu sera une pièce accueillante, propice à l’étude, où le curieux pourra musarder d’une quatrième de couverture à l’autre ou encore demeurer accroché au fil d’un récit palpitant durant toute une après-midi pluvieuse.

Une bibliothèque dans le tumulte du présent

Nous souhaitons aussi proposer au Taslu des revues et journaux d’actualité de manière à ce que ceux-ci puissent être lus, discutés et débattus. La vie de la bibliothèque s’organisera également autour d’événements et de soirées, de rencontres avec des auteurs, des maisons d’édition, des collectifs en lutte, etc. dont les travaux nous semblent pertinents à discuter et débattre. Ce sera l’occasion d’acérer notre pensée et nos réflexions, de déployer des imaginaires luxuriants tout autant que de susciter des rencontres et des complicités. Il sera évidemment possible pour qui le souhaite de proposer de tels événements.

Le Taslu, octobre 2016
contact : letaslu@@@riseup.net

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