Rassemblement néo-nazi, ultra-discret ou délocalisé hors des P.-O. ?

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Le 19 mai à 6h00 par I. B.Frédérique Michalak

Une invitation VIP pour quelques cadres triés sur le volet ». Voilà ce qu’avançait, dans notre édition d’hier, une source proche des autorités pour évoquer le rassemblement de néo-nazis européens annoncé près de Perpignan. Habitués à la clandestinité et pétris de paranoïa, ces groupuscules savent rester discrets pourvu qu’ils restent en petit nombre. « S’ils ne veulent pas qu’on les voit, on ne les voit pas, assure cette même source. Il n’y a que le nombre qui peut les ‘trahir’. A Toul par exemple, ils n’étaient pas passés inaperçus ! ». 1 000 à 2 000 néo-nazis et skinheads avaient festoyé en Meurthe-et-Moselle en novembre dernier.

Les autorités sur le terrain

Les autorités ont déployé vendredi et hier encore plusieurs moyens pour localiser les ‘convives’ du week-end. « Le préfet m’a appelé pour que je lui fournisse des informations sur un prétendu site argelésien, déclarait hier le député-maire d’Argelès Pierre Aylagas. J’ai demandé à l’Office de tourisme de contacter tous les campings et les retours ont été négatifs. J’ai aussi vu la police municipale et la gendarmerie qui ne m’ont rien signalé. Quant à nous, on n’a pas loué de salle municipale ». Hier midi, des gendarmes étaient dépêchés à Canet, précisément sur la place de la Méditerranée, où des skinheads ont été vus vendredi soir. Ils n’y étaient visiblement plus.

Avions, les listes de passagers à la loupe

Plus minutieux encore, les listes de passagers des vols nationaux et internationaux ralliant Perpignan vendredi, hier samedi et aujourd’hui ont été épluchées par des services spécialisés. Aucun nom ‘connu’ ou suspect n’y a été trouvé. Les arrivées hier à La Llabanère n’ont en effet révélé aucune présence suspecte.

100 personnes peuvent passer inaperçues

De l’avis des services habitués aux rassemblements, « une centaine de personnes peut facilement passer inaperçue ». Et se réunir discrètement dans un lieu privé, y compris pour assister à des concerts. Trois concerts des groupes RAC (Rock anticommuniste ou rock nazi), les Français de Frakass et BordelBoys et les Espagnols de Mas que palabras (‘Plus que des paroles’) restaient programmés hier soir. « Sauf si les voisins se plaignent du bruit, ces concerts peuvent eux aussi passer inaperçus », indiquait hier la même source. Quant à l’intérêt de jouer devant un public confidentiel, il reste grand pour ces mouvements. Ils utilisent ce genre d’événements pour se médiatiser via les fameuses photos des premiers rangs bras tendus. On voit effectivement rarement l’arrière-salle… Quant aux groupes, ils n’espèrent certainement pas remplir Bercy.

Réunion de cadres

La réunion d’une centaine de cadres demeure donc plausible. Les individus vus face à la plage de Canet vendredi soir ou à Argelès-sur-Mer hier matin ne portaient pas la ‘panoplie’ du parfait néo-nazi. Logique quand on préfère passer inaperçu. Mais certains signes distinctifs, notamment des codes vestimentaires discrets, permettaient de les lier aux mouvements en question. De quoi accréditer l’hypothèse d’un rassemblement catalan, mais limité aux responsables des différents groupuscules néo-nazis.

Ou délocalisation ?

La tenue de ce rassemblement néo-nazi a été relayée par des groupes anti-fascistes dans le but affiché de pousser les organisateurs à annuler ou à délocaliser celui-ci (lire notre édition de vendredi). Une tactique bien souvent payante et qui a peut-être fonctionné pour cette réunion annoncée dans les Pyrénées-Orientales, « près de Perpignan ». Le fait que les médias révèlent le lieu de leurs festivités préoccupent tant les ‘crânes rasés’ qu’ils élaborent généralement un plan B, une solution de repli. Fascistes et anti-fascistes jouent ainsi au chat et à la souris depuis des décennies. Hier matin, un petit groupe échangeait discrètement des informations sur un parking d’Argelès.

Défilé improvisé contre la venue de néo-nazis

Hier matin, quelque 80 personnes se sont rassemblées de manière quasi spontanée, place de Catalogne, afin de manifester contre le rassemblement annoncé de néo-nazis sur le département. Beaucoup de jeunes militants dans les rangs, depuis les communistes, en passant par les socialistes, les sympathisants du Front de gauche ou encore du NPA. Le petit groupe a défilé jusqu’à la place de la Victoire, après avoir fait un sitting devant le palais de justice (photo ci-dessous), scandant des slogans antifascistes : « Alerte, alerte anti-fasciste », « Pas de quartier pour les fachos, pas de fascistes dans les quartiers », « Les fascistes c’est la gangrène, on l’élimine ou on en crève », « Ni bras tendus, ni idées tordues ». « Nous sommes des hommes et des femmes qui n’acceptons pas ce type d’idéologie et de manifestation, commente Farid Mellal membre du PCF brandissant la banderole No pasaran. Nous sommes là pour marquer le coup et dénoncer l’implantation de néo-nazis dans notre département et en Europe. C’est intolérable. Sachons être unis et mobilisés ». « Il est impossible en tant que jeune socialiste et que jeune Français qu’on accepte que ces idées se développent compte tenu de notre passé très lourd, souligne Bérangère Givanovitch des Jeunes socialistes. Nous, les jeunes générations, devons dire plus jamais ça ». Suite à ce rassemblement, tous évoquaient la possibilité de créer un comité de vigilance antifasciste.

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