Bilan d’étape

Article mis en ligne le 17 septembre 2025

par F.G.

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Bien sûr, il y eut du monde partout en France. Bien sûr, la jeunesse était au rendez-vous. Bien sûr, il y eut des grévistes en nombre relativement important. Bien sûr, au soir de cette journée du 10 septembre 2025, il y avait des motifs de se réjouir. Ou de se rassurer. Même si, il faut bien en convenir, sur bien des visages on pouvait lire un sentiment de déception.

Loin de nous l’idée de contester le caractère massif de la mobilisation, et ce malgré les annonces du psychopathe de l’Intérieur qui annonça la veille que 80 000 flics seraient sur le pied de guerre et visiblement prêts à en découdre. Et ils l’étaient, dopés à la haine du rouge, jouissant de leurs méfaits, calculant leurs putains de primes. Une meute, une vraie, celle-là. En face, des cortèges certes combatifs mais peu préparés, comme égarés parfois, sans vraie stratégie. Les points de blocage s’en sont ressentis. Pour l’essentiel, ils ont été vite débloqués, en tout cas inexistants sur la durée.

L’appel à « tout bloquer » nous avait été présenté, par les journaleux mais pas seulement, comme un retour des Gilets jaunes sur la scène offensive, ce qui annonçait un mouvement social prometteur. Mais il faut bien reconnaître que, si des Gilets jaunes étaient bien là, ils n’ont pas fait le plein, ce qui, entre nous, ne devrait étonner personne tant ils en ont pris plein la gueule, en 2018-2019, sans obtenir de réel soutien, à quelques rares exceptions près, des syndicalistes et des gauchistes. Ce sont là des blessures qui laissent des traces.

Au bout du compte, si la journée du 10 fut un succès en nombre, elle n’ouvrit aucun espace à une perpétuation, sous une forme ou sous une autre, des actions de réappropriation d’espaces et de blocage de lieux stratégiques. En clair, elle se termina dans un flou étrange. Comme une manifestation syndicale quand l’heure est venue de rentrer au bercail. On sait, cela dit, qu’ici et là, nombreuses furent les très vivantes assemblées générales qui se réunirent, que des contacts à la base ont été pris pour radicaliser, tant que faire se peut, le mouvement syndical de grève (générale ?) du 18 septembre et les actions qui la ponctueront. On verra bien, car là encore le nombre ne suffira pas, même s’il est majestueux.

Le pouvoir, ou ce qu’il en reste, n’est pas tranquille, ça se sent. Il en faudra plus, cela dit, beaucoup plus, pour qu’il se sente menacé, voire cerné. C’est ce mouvement insaisissable qu’il faut construire ou renforcer. D’où l’importance d’un saut qualitatif dans l’action. On sait que bien des bases syndicales, et au-delà, en ressentent la nécessité. Reste à s’en donner les moyens en faisant preuve d’imagination et d’irrespect. Le vieux mouvement ouvrier en avait à revendre. Il suffit de se reporter à ses belles heures pour en remplir sa besace à idées. Et de les remettre au goût du jour. Dans le même esprit de résistance déterminée.

Freddy GOMEZ

https://acontretemps.org/spip.php?article1125

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