Où s’arrêteront les provocations ? Nous avons à la tête de l’État un demeuré non élu et parfaitement illégitime qui nous fait les poches. Et il faudrait rester calmes.

Vendredi 8 août, François Bayrou a confirmé les mesures les plus violentes de son plan d’austérité annoncé pour la rentrée. Dans un «document d’orientation» envoyé aux syndicats, il explique tranquillou qu’il va mettre la population au travail forcé gratuit. À partir de l’an prochain, deux jours fériés seront donc bien supprimés, et l’argent généré par ces journées de boulot supplémentaires ne seront pas pour le travailleur, mais iront directement à l’État. Bref, il s’agit de bosser gratuitement !
Ces deux journées volées sont sensées offrir à l’État une rentrée de 4,2 milliards d’euros dès 2026. C’est justement le montant que l’État a perdu en supprimant l’Impôt sur la Fortune ! Ce gros cadeau aux riches, qui annonçait la couleur du premier mandat de Macron, avait causé un manque à gagner de 4,5 milliards d’euros. Il faut donc faire travailler tous les français gratuitement deux jours uniquement pour COMPENSER une décision de Macron en faveur des privilégiés !
4 milliards, c’est aussi le centième – oui, le centième – du budget qui avait été bloqué en 2023 par Macron pour l’armée. Et cette somme colossale pour faire la guerre va encore augmenter cette année. L’argent ne manque pas, le gouvernement change juste sa manière de le dépenser. Le président a proposé simultanément cet été, dans ses discours, le «sacrifice ultime» en cas de guerre et la suppression de jours fériés car «il faut que toute la nation travaille plus». Supprimer le 8 mai, date de la chute du nazisme pour financer la guerre est un choix symbolique qui devrait à lui seul provoquer une révolution.
Dans sa lettre aux syndicats, François Bayrou a annoncé que les négociations se termineront «au plus tard le 30 septembre». Il met donc un coup de pression aux bureaucrates. En même temps, pourquoi se priver ? Les directions syndicales n’ont rien fait, à part lancer une pétition en ligne, elles n’appellent pas encore à rejoindre les blocages du 10 septembre, et annoncent qu’elles choisiront une date de mobilisation lors d’une réunion prévue début septembre. Donc trop tard pour empêcher quoi que ce soit.
Deuxième mesure gravissime qui vient d’être confirmée : l’augmentation de la franchise sur les médicaments, qui passera de 1€ à 2€ par boite début 2026, et de 2€ à 4€ pour chaque consultation chez un médecin. Concrètement, pour une boite de Doliprane à moins de 2€, non seulement vous ne serez pas remboursé par la sécu, mais vous paierez de votre poche plus que le coût de la boite. Oui, c’est kafkaïen, on vous explique.
BFM a sorti un projet de décret produit par le gouvernement, et explique que «les plafonds annuels, journaliers et les montants des franchises médicales et participations forfaitaires vont au moins doubler». Ces «franchises» sont les sommes discrètement déduites par la Sécu de vos remboursements de médicaments prescrits ou de vos consultations chez un médecin. Leur existence même est une attaque frontale contre la Sécurité sociale, qui garantissait un accès à la santé inconditionnel pour tous. En 1945, la Résistance a obtenu, après avoir versé son sang, que l’argent ne soit jamais une question quand il s’agit de soins. Macron et ses sbires ont profané leur combat.
Ainsi, avec le plan Bayrou, si les décrets annoncés passent, la Sécu pourra dès le 1er janvier 2026 déduire 2€ de franchise médicale au lieu d’un euro actuellement par boîte de médicaments. Les franchises médicales s’appliquent aussi aux remboursements des trajets en transport sanitaire : elles monteront de 4 à 8 euros par trajet. Une personne ayant un cancer, ou devant être dialysée, et nécessitant un transport régulier à l’hôpital, devra donc sortir des dizaines d’euros de sa poche pour être déplacée.
Que vont rapporter ces «franchise» de Bayrou ? Selon la Direction de la Sécurité sociale (DSS) les économies attendues s’élèveraient à 700 millions d’euros. Autrement dit rien, au regard du budget de l’État. Faire souffrir autant de gens pour un gain aussi faible, c’est du sadisme.
Ce plan s’inscrit dans une destruction totale de notre système de santé, avec des hôpitaux à l’agonie, un manque de lit, des fermetures de cliniques… Il faut le dire et le redire : ce sont des choix qui tuent, et qui sont historiquement graves. C’est une application progressive du libéralisme à l’américaine sur la santé en France, mais en conservant des taxes et des impôts très élevées. C’est du racket néolibéral éhonté : quitte à mettre à sac la sécurité sociale, pourquoi payer encore des prélèvements ? Pourquoi cotiser pour des hôpitaux qui ne fonctionnent pas, des écoles en souffrance et des services publics qui ferment ?
Ces annonces sur les jours fériés et les franchises font partie d’un plan large qui comprend le gel de toutes les pensions, une nouvelle attaque de l’assurance chômage, une attaque de la prise en charge des affections de longue durée et de nouveaux cadeaux aux patrons. «Nous consacrerons 900 millions d’euros de financement supplémentaires à l’investissement dans les entreprises» a annoncé Bayrou. C’est l’austérité pour les travailleurs et travailleuses, mais toujours plus d’aides aux entreprises qui se gavaient déjà.
Et le plus scandaleux, c’est que toute cette austérité repose sur un mensonge XXL. À entendre le Premier ministre, la dette serait causée par les «dépenses sociales». Pourtant, lorsqu’Emmanuel Macron est arrivé au pouvoir en 2017, la France affichait un déficit public de 3,4% du PIB. En 2024, il était de 6%. Depuis 2017, la dette publique s’est accrue de plus de 1000 milliards d’euros, passant d’environ 100% du PIB à 115%. Et pourtant, Macron n’a pas arrêté de prendre des mesures néolibérales et de tailler dans les services publics.
Alors, où est passé l’argent ? Les économistes de l’Observatoire français des conjonctures économique estiment, dans un rapport qui vient de paraître, que la dette «n’est pas attribuable à une augmentation plus marquée des dépenses publiques (…), mais plutôt à une diminution significative des recettes publiques». Autrement dit, des impôts. Et ces baisses de taxes et prélèvements ne concernent ni les classes populaires, ni même les classes intermédiaires : Macron n’a baissé la fiscalité que pour les entreprises et les ménages les plus riches.
La fameuse dette pour laquelle il faudrait sacrifier des services vitaux, c’est de l’argent qui a été donné à ceux qui en ont déjà ! les entreprises ont récupéré 211 milliards d’euros d’aides pour la seule année 2023. Ce montant a été multiplié par 4 entre 1999 et 2023. Il faut se rendre compte de la folie d’un tel chiffre : l’État débourse 300% d’argent public de plus qu’il y a 25 ans pour engraisser le secteur privé sans contrepartie, alors que dans le même temps l’inflation n’atteint même pas 50%. Les cadeaux aux entreprises représentent ainsi 5 fois les «économies» annoncées par Bayrou.
Depuis l’élection de Macron, les 500 plus riches français ont accru leur fortune de 557 milliards. Si vous devez payer votre boite de médicaments, c’est pour qu’au bout de la chaîne, un actionnaire se gave comme un porc. Stop ou encore ? La réponse le 10 septembre.
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