Retour sur les violences policières contre les personnes migrantes
par Collectif
29 octobre 2021
Interviewé par France 3 Hauts-de-France le 9 octobre 2021, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a déclaré : « Ce que je peux dire, c’est que malgré tous les procès d’intention qu’on fait aux forces de l’ordre, je constate que pas un policier et pas un gendarme sur la côte littoral n’a été poursuivi par la justice […] et j’aimerais qu’on les respecte et qu’on les soutienne plutôt qu’on les insulte surtout lorsque manifestement ce sont des mensonges[…] ». Parce que, depuis quelques temps, et pour ce qui concerne Gérald Darmanin singulièrement, les mensonges venant du plus haut sommet de l’Etat semblent devenir monnaie courante, le collectif Les mots sont importants s’associe à la réaction collective, signée par de nombreuses associations, contre cette n-ième défense de l’indéfendable.
Gérald Darmanin répondait à une question concernant le dernier rapport de Human Rights Watch, « Infliger la détresse. Le traitement dégradant des enfants et des adultes migrants dans le nord de la France »qui met en évidence le harcèlement policier dont sont victimes les personnes migrantes dans le nord de la France.
De quel côté est le mensonge ?
• Septembre 2021 : un brigadier-chef CRS est condamné à dix-huit mois de sursis et deux ans d’interdiction d’exercer pour violences volontaires et faux en écriture publique,ainsi qu’à une amende de 6 000 euros de dommages et intérêts pour avoir bousculé violemment et sans raison un bénévole britannique venant en aide aux migrant·e·s, et l’avoir ensuite interpellé pour outrage et violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique, en s’appuyant sur les faux témoignages de deux de ses collègues.
→ « Violence policière à Calais : un CRS condamné, deux relaxés » », Politis le 3 septembre 2021
• Avril 2021 : un adjudant-chef de gendarmerie est condamné à une amende de 1 500 euros pour le vol de portable d’un migrant lors d’une patrouille à Calais.
→ « Calais : un gendarme condamné pour le vol d’un portable de migrant, Info Migrants le 24 mars 2021
• Mai 2020 : un adjudant de gendarmerie est condamné à trois mois de prison avec sursis pour avoir frappé un mineur afghan.
→ « Violences contre des migrants : quand des gendarmes brisent l’omerta », Mediapart le 29 mai 2020.
• Novembre 2017 : un agent de la police aux frontières est condamné à six mois de prison ferme, interdit de détention d’arme pendant cinq ans, et interdit de fonction publique pendant deux ans avec sursis. pour avoir giflé un migrant dont il assurait l’escorte jusqu’à la salle de jugement du centre de rétention administrative de Coquelles.
→ « Calais : un policier qui avait giflé un migrant condamné à six mois ferme », France Info avec AFP le 24 novembre 2017.
• Novembre 2015 : un CRS est condamné à trois mois de prison avec sursis et à une amende de 1 000 euros avec sursis pour avoir frappé un journaliste britannique qui réalisait un reportage TV sur les migrants à Calais.
→ « Calais : un CRS condamné pour avoir violenté un journaliste anglais », La Voix du Nord, 26 novembre 2015.
Ces quelques cas suffisent à démontrer qu’à l’instar des gendarmes et des policiers mis en cause par la justice, le ministre de l’intérieur n’hésite pas à user du mensonge et de l’intimidation pour défendre l’indéfendable. Car dans la plupart de ces affaires, la culpabilité des condamnés n’a été mise en évidence que parce que des preuves incontestables (témoignages de leurs collègues, d’une fonctionnaire du tribunal ou encore enregistrement d’une vidéo) ont fini par balayer leurs dénégations initiales.
Les mensonges du ministre de l’intérieur s’inscrivent dans une inquiétante continuité : en 2009, Éric Besson, alors ministre de l’immigration du gouvernement dirigé par François Fillon, avait soutenu : « j’observe qu’en 65 années (…), perso
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