Manifestations policières : le bruit des bottes sur nos pavés

3 novembre 2016 par Secrétariat aux relations extérieures

Les manifestations policières ne soulèveront aucune sympathie dans les classes populaires. Piquets de grève attaqués, bavures à répétition, contrôle au faciès et impunité arrogante… On a trop souffert du rôle que joue ce corps de fonctionnaires dans le maintien de l’ordre social.

Depuis trois semaines, des manifestations policières ont lieu dans différentes villes du pays. Parfois sans déclaration en préfecture, elles se déroulent sans aucune répression, alors que certains manifestants sont cagoulés et armés, défilant à Paris dans le quartier des ministères et de l’Élysée.

Débordant leurs syndicats, les policiers disent être solidaires de leurs collègues blessés par des cocktails molotov à Viry-Châtillon le 8 octobre.

Leur dernière mobilisation importante s’est déroulée le jour de la mort de Rémi Fraisse, militant écologiste assassiné par la Police sur la ZAD de Sivens le 26 octobre 2014.

Rapidement, les médias ont mis en valeur leur porte-parole autoproclamé : un vigile de Carrefour ayant échoué plusieurs fois au concours de gardien de la paix et ancien candidat du Front national [1]. L’influence de l’extrême droite ne s’arrête pas là, au vu des slogans autoritaires scandés et de La Marseillaise entonnée le 24 octobre devant la statue de Jeanne d’Arc, comme le fait le FN lors de son 1er mai. De plus, des groupuscules d’extrême droite se sont greffés à ces manifestations.

Les revendications portées ne sont pas en reste : plus de moyens sécuritaires pour pouvoir réprimer les manifestations et les protestations dans les banlieues.

Le gouvernement, qui a renforcé son discours et ses pratiques sécuritaires depuis les attentats de 2015, ne s’est évidemment pas opposé à eux. Il leur a accordé :

une enveloppe de 250 millions d’euros ;
un élargissement de la définition de « légitime défense » ;
de doubler la peine encourue pour « outrage », en la portant de six mois à un an d’emprisonnement.

Or, « outrage et rébellion », c’est depuis longtemps un petit jeu trop connu dans l’institution policière. Les policiers auteurs de violences portent souvent plainte contre leurs victimes pour « outrage et rébellion », à la fois pour se couvrir et pour arrondir leurs fins de mois.

Avec la campagne présidentielle qui débute, beaucoup de promesses électorales iront certainement dans ce sens, et pas uniquement à droite : Jean-Luc Mélenchon en est aujourd’hui la preuve, lui qui légitime le travail de ce « corps de fonctionnaires incarnant uniquement le maintien de l’ordre public, celui qui est décidé par les lois » [2], en faisant le parallèle avec les conditions de travail du personnel hospitalier.
Service public ou service de l’État ?

Pourtant, la police n’assure pas un service public ordinaire : plutôt que de protéger l’intérêt de la majorité de la population, elle protège surtout celui des gouvernants. Pour régler les cas de droit commun, une organisation de sécurité de quartier élue et révocable par les habitant.es pourrait tout à fait remplacer la milice séparée de la population et aux ordres de l’État qu’elle est actuellement.

Nous refusons de reconnaître la police comme garante de notre sécurité car elle n’hésite pas à charger les piquets de grève de salarié.es qui défendent leurs emplois.

Nous refusons de voir en elle un moyen de protéger nos vies, quand, en toute impunité, elle assassine les habitant.es des banlieues, refuse de prendre les plaintes de victimes d’agressions sexuelles ou remet en cause leurs ressentis, mutile les syndicalistes et les écologistes, sert de milice au patronat dans ses projets inutiles comme l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

Nous refusons de soutenir la police car elle est aussi l’outil des gouvernants pour asseoir leur domination sur les exploité.es, que ce soit au travail, dans la rue et dans leurs quartiers.

Face à cette dérive sécuritaire, il est urgent que le mouvement social garde le pavé suite à la mobilisation du printemps dernier contre la loi Travail, que ce soit en soutien aux réfugié.es, aux salarié.es de Goodyear, aux manifestant.es poursuivi.es en justice dans le cadre des derniers mouvements sociaux, ou encore contre le retour des manifestations LGBTI-phobe de la Manif pour tous.

Alternative libertaire, le 2 novembre 2016

 image et vidéo : cc Taranis news

[1] « Le “porte-parole” improvisé ne serait pas policier », Le Parisien, 21 octobre 2016

[2] « A propos des manifestations de policiers », vidéo du 21 octobre 2016.

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