[04/10/2016]
Les pays riches savent renflouer les banques et mener des guerres mais ne sont pas capables de trouver un lieu sûr pour les réfugiés, qui représentent 0.3% de la population mondiale. Nous proposons des solutions pour en finir avec la crise des réfugiés.
L’exil des femmes, d’homme et d’enfants concerne toutes les régions du monde, avec son lot de souffrances et de dangers à affronter.
Renvoyés dans des zones de conflit et vers des violations des droits humains
• Les réfugiés sont de plus en plus nombreux à fuir l’intensification du conflit en Afghanistan pour trouver refuge au Pakistan et en Iran. Les réfugiés afghans au Pakistan sont de plus en plus harcelés par les autorités, qui ont déjà contraint plus de 10 000 d’entre eux à retourner dans leur pays en guerre.
• Au Kenya, les réfugiés du camp de Dadaab subissent des pressions visant à les inciter à retourner en Somalie. Le gouvernement veut réduire de 150 000 personnes la population du camp de réfugiés d’ici à la fin de l’année 2016. Plus de 20 000 réfugiés somaliens de Dadaab sont déjà repartis en Somalie.
• Plus de 75 000 réfugiés fuyant la Syrie sont actuellement piégés à la frontière avec la Jordanie dans une étroite bande désertique appelée la berme.
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Détenus dans des conditions effroyables
• En Asie du Sud-Est, les réfugiés et demandeurs d’asile rohingyas du Myanmar vivent dans la peur constante d’être arrêtés, détenus, persécutés et, parfois, renvoyés de force. Dans les centres de détention de Malaisie, les Rohingyas et d’autres réfugiés et demandeurs d’asile vivent dans des conditions extrêmement difficiles, caractérisées notamment par une forte surpopulation, et sont confrontés à la maladie, aux atteintes physiques et sexuelles, voire à la mort par manque de soins médicaux appropriés.
• Certains pays de l’Union européenne (UE), ainsi que l’Australie, utilisent la détention comme outil politique les atteintes systématiques aux droits humains afin de dissuader les gens de venir. En juillet 2016, nous avons découvert que les 1 200 hommes, femmes et enfants vivant dans le centre de détention installé par l’Australie à Nauru subissaient de graves atteintes aux droits humains, des traitements inhumains et des actes de négligence.
• L’UE cherche à conclure des accords douteux pour empêcher les réfugiés d’atteindre le continent européen, notamment avec la Libye et le Soudan. Les réfugiés sont victimes de nombreuses violences dans les centres de détention pour migrants, où ils sont incarcérés illégalement, sans pouvoir consulter un avocat, après avoir été interceptés par des gardes-côtes libyens ou arrêtés par des groupes armés ou des agents des forces de sécurité. Les méthodes utilisées par les forces de sécurité soudanaises pour contrôler l’immigration ont donné lieu à des atteintes aux droits humains au Darfour.
Contraints d’entreprendre de dangereux périples
• Entre janvier 2014 et juin 2015, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a enregistré 1 100 décès en mer en Asie du Sud-Est, principalement de réfugiés rohingyas. Le nombre réel de morts est probablement beaucoup plus élevé.
• En 2015, près de 4 000 personnes se seraient noyées en mer Méditerranée. Pour les neuf premiers mois de l’année 2016, on compte déjà plus de 3 500 morts.
• En 2016, des réfugiées d’Afrique subsaharienne qui étaient passées par la Libye nous ont témoigné que le viol était tellement monnaie courante lors des voyages avec les passeurs qu’elles avaient pris des pilules contraceptives avant de partir pour ne pas risquer de tomber enceintes si elles étaient violées. Des réfugiés et des migrants ont indiqué avoir été retenus captifs par les passeurs, qui réclamaient une rançon à leur famille. Ils ont été détenus dans des conditions d’hygiène déplorables, privés de nourriture et d’eau, et exposés à des coups.
• Les réfugiés et les demandeurs d’asile qui fuient l’escalade de la violence dans le triangle du nord de l’Amérique centrale sont confrontés à des enlèvements, des extorsions, des agressions sexuelles et des homicides lorsqu’ils traversent le Mexique pour gagner la frontière avec les États-Unis.
Pourquoi cette crise ?
D’un côté, il y a les pays voisins de zones de conflit contraints d’accueillir la grande majorité des réfugiés qui n’ont ni la volonté ni la capacité d’accueillir autant de personnes. De l’autre côté, il y a les autres pays riches qui ont plus de capacité d’accueil et de protection mais qui font tout pour assurer que les réfugiés restent loin de leur cotes.
Prenons l’exemple de la crise syrienne. La France a accepté de recevoir moins de 12 000 Syriens depuis 2011, tandis que la Jordanie – qui compte presque 10 fois moins d’habitants et dont le PIB représente 1,5 % de celui du Royaume-Uni – en accueille plus de 655 000. Ce partage inégal des responsabilités pour protéger les réfugiés ne fait qu’exacerber la crise mondiale et les nombreux problèmes rencontrés par les réfugiés.
Vers un mécanisme qui assure le réel partage de responsabilités
Pour les réfugiés vulnérables
1 million des réfugiés ont été identifiés comme vulnérable par le HCR et doivent donc être réinstallé dans un autre pays. Aujourd’hui, seulement une trentaine de pays proposent un programme de réinstallation de réfugiés, et le nombre de places offertes chaque année est bien inférieur aux besoins établis par les Nations unies. 100 000 places ont été proposées en 2015. La communauté internationale doit mettre en place un mécanisme pour offrir suffisamment de places pour que tous les réfugiés vulnérables puissent atteindre un véritable lieu d’accueil.
Pour accueillir les réfugiés en cas de crise
Avec la multiplication de conflits et de violations des droits humains, le monde connait aujourd’hui des situations où des personnes doivent fuir en masse. La communauté internationale doit mettre en place un mécanisme de transfert pour ces situations critiques, afin que les pays voisins ne soient plus seuls à accueillir les réfugiés. Ces mécanismes devraient être basés sur des critères objectifs tels que la richesse, la population et le taux chômage permettraient de déterminer clairement quels pays n’assument pas la part qu’ils devraient.
Il est possible, si les États collaborent et partagent les responsabilités, de faire en sorte que ces personnes qui ont dû fuir leur foyer et leur pays pour des raisons indépendantes de leur volonté puissent reconstruire leur vie ailleurs en toute sécurité. Si nous ne faisons rien, ces gens vont mourir, de noyade, de maladies qui auraient pu être évitées dans des camps ou des centres de détention aux conditions misérables, ou parce qu’ils auront été renvoyés de force dans les zones de conflit qu’ils fuyaient.
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pol_40_4905_2016_ext_fra.pdf
Crise mondiale des réfugiés : de l’esquive au partage des responsabilités
Index AI : POL 40/4905/2016
Date de publication : 4 octobre 2016
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