Toulouse, l’insécurité en action

Publié le 4 juin 2015 |

keufstolosa.jpgDans la nuit du 3 juin 2015, la police municipale est intervenue massivement pour vider la place de la Daurade. Un homme a été violemment arrêté pour le seul fait d’être pauvre et à la rue.

Mercredi 3 juin 2015, sur la place de la Daurade, avec le retour des beaux jours et la douceur de la nuit, de très nombreux jeunes se sont installés sur les différents coins d’herbes et bancs. Quiconque connaît un peu Toulouse sait que c’est un lieu de rendez-vous habituel.

Vers 22h30, un débarquement massif de policiers municipaux parcoure les quais de la Garonne et la place afin de faire appliquer l’arrêté municipal qui interdit la consommation d’alcool sur la voie publique. Ils sont au moins 16, armés et équipés de gilets pare-balle, avec un chien. Autant dire que l’ambiance se refroidit. Plusieurs personnes s’en vont. En quelques minutes, la place est presque vidée.

Celui qui semble être le chef des muncipaux demande à plusieurs reprises à un homme de partir de la place. Celui-ci semble vivre à la rue. Il est torse nu et pieds nus. Il a un caddie rempli d’affaires entassées, auquel sont attachés plusieurs chiens. Apparemment, les pseudo-flics insistent pour qu’il quitte la place par les quais, mais il souhaite partir par le haut de la place.

Il est entouré d’une bonne partie des flics municipaux. Les policiers s’énervent, ce qui a pour effet d’énerver aussi les chiens. Soudain 3 ou 4 municipaux plaquent violemment l’homme à terre et lui écrasent la tête avec le genou tandis que d’autres de leurs collègues tentent de se saisir des chiens. Les animaux réagissent évidemment à ce qu’ils percoivent comme une aggression de leur maître. Les municipaux paniquent et font n’importe quoi, frappant notamment les chiens avec des matraques, ce qui a pour effet de les énerver encore plus.

Plusieurs dizaines de personnes, qui se sont groupées autour de la scène, protestent contre la violence de l’interpellation et insistent sur le fait que l’homme n’a strictement rien fait de mal. L’une d’entre elle est poussée et literallement projetée. De même, un autre passant, qui ne fait que demander ce que l’homme a fait, est poussé violemment par un policier municipal à plusieurs reprises (sans qu’il lui soit répondu sur ce les raisons de l’interpellation).

Plus tard seulement, des policier nationaux font leur apparition. Un passant demandent aux policiers municipaux si un officier de police judiciaire est présent. Un policier national vient le voir. A la question du délit qui est reproché à la personne arrêtée, il répond vaguement qu’elle salit la voit publique (!). Pour rappel la loi autorise les flics municipaux, « comme tous les citoyens », à appréhender l’auteur d’un crime ou d’un délit pour le remettre à un officier de police judiciaire [1]. Mais personne (flic muncipal, national, ou passant) n’est en mesure de dire quel délit aurait justifié cette arrestation.

Une policière municipale avance alors d’autres « arguments » : « vous croyez que les chiens ils sont heureux, il ne les nourrit même pas ! », « ça fait des semaines qu’il est là ! ». Bien plus tard, une autre policière municipale indiquera avoir été mordue et que l’homme aurait « lâché ses chiens sur elle ». Si elle a peut-être été mordue (ce n’était pas visible), la dernière affirmation est ridicule selon l’ensemble des témoins de la scène : ce sont les policiers municipaux qui ont provoqué l’excitation des chiens en aggressant leur maître et en tentant de les saisir. L’expression « lâcher les chiens » correspond à des chiens maîtrisés et dressés par leur maître pour l’attaque, ce qui n’est absolument pas le cas dans la situation.

Les policiers nationaux (qui ne sont apparus qu’après l’arrestation) n’étaient absolument pas au courant de ce qui s’était passé ou de la raison de l’arrestation (« il était peut-être recherché ? »).

Jeudi matin, une personne a joint la mairie pour protester de ce dont elle a été témoin. Une personne employée de la mairie s’est inquiétée de savoir si la police nationale était présente pour l’arrestation, sans quoi les flics municipaux n’avaient pas le droit de mener cette interpellation (et l’ensemble des témoins consultés n’ont vu les flics nationaux que plus tard). Une personne du cabinet de l’adjoint chargé à la sécurité, Olivier Arsac, vers qui l’appel a été transferé, a répété docilement les éléments trouvés dans une dépêche rédigée « de source policière » dont voici le contenu (modifié depuis) :

4 policiers blessés à Toulouse par des morsures de chiens

Deux fonctionnaires de la police nationale et deux policiers municipaux ont été mordus par les chiens d’un SDF au moment où ils intervenaient pour l’évacuer de la place de la Daurade.

4 policiers, deux nationaux et deux municipaux, ont été blessés mercredi soir à Toulouse par des morsures de chiens, a-t-on appris de source policière. Les policiers intervenaient conjointement place de la Daurade. Ils tentaient d’évacuer un SDF qui avait été contrôlé à cinq reprises au même endroit ces deux derniers mois.

L’homme aurait alors « lâché les chiens » selon les policiers. Les fonctionnaires de police ont alors été mordus par les chiens. Ils sont légèrement blessés.

NB : la dépêche a ensuite été modifiée pour intégrer la dénonciation de la scène par des témoins.

Il est faux de dire qu’il s’agissait d’une arrestation menée conjointement par la police municipale et nationale. Il est donc plus que douteux que des policiers nationaux aient pu être mordus par des chiens (sauf après l’arrestation ?). L’affirmation par les policiers que l’homme aurait « lâché les chiens » sur eux est un mensonge. Ce sont les policiers municipaux qui ont provoqué l’énervement des animaux, leur maître était alors écrasé au sol, un genou (municipal) sur le visage.

L’ensemble de la scène a été filmée par plusieurs personnes. Leurs mensonges ne devraient pas résister à ces vidéos.

Rappelons que cette arrestation est probablement illégale. L’homme n’avait strictement rien fait de répréhensible. Les flics municipaux n’ont voulu le faire dégager que parce qu’il est pauvre et à la rue et que c’est une politique globale de Moudenc et Arsac de faire la guerre aux pauvres pour qu’ils disparaissent.

Tout allait bien à la Daurade jusqu’à l’intervention aggressive des flics municipaux. A Toulouse, l’insécurité, c’est Moudenc qui la crée.

Cet appel à témoignage est en train d’être diffusé :

APPEL A TEMOINS

Les personnes qui ont assisté à l’opération coup de poing de la police municipale de Toulouse le mercredi 3 juin à 23 h au quai de la Daurade sont invitées à déposer leurs témoignages, photos et vidéos à cette adresse : toulousevillemorte@gmail.com

Ce soir, l’intégralité des effectifs de la police municipale a été mobilisé pour une opération coup de poing anti-SDF sur le quai de la Daurade.
Prétextant l’application d’un arrêté anti consommation d’alcool sur l’espace public, 20 policiers municipaux ont fait évacuer la Place de la Daurade pour procéder à l’interpellation d’un jeune homme (« Jérôme ») et la mise en fourrière de ses chiens.
Devant les touristes et les passants interloqués, ils ont dans un premier temps demandé à cette personne de quitter le quai de la Daurade. L’homme a obtempéré et s’est dirigé vers la Garonnette avant de rebrousser chemin, manifestement pour prendre un autre itinéraire, mais il a été subitement pris d’assaut et plaqué violemment au sol par plusieurs agents municipaux qui l’ont interpellé. Plusieurs personnes présentes ont manifesté leur révolte devant le traitement qui lui a été réservé.

Tous les témoins présents ont confirmé qu’il n’était pas en état d’ébriété et ne consommait pas d’alcool. Il n’y a pas de délit avéré et cette opération préméditée est manifestement illégale.

Elle a visiblement été diligentée par la Mairie de Toulouse et n’avait pour seul objectif que d’interpeller cette personne.

A aucun moment les policiers n’ont verbalisé les nombreuses personnes installées sur les berges et consommant de l’alcool.

Un dépôt de plainte est envisagé.

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