En France, le travail tue énormément

Pourquoi la France est championne d’Europe de la mort au travail

mardi 9 décembre 2025

Le capitalisme tue à la pelle indirectement (guerres, catastrophes climato-écologiques, misère, pollutions…), mais aussi beaucoup plus directement via le travail.

En France plus qu’ailleurs en Europe, pour l’Etat et les capitalistes, les travailleurs ne sont que de la chair à patrons, transformables aussi en chair à canons si besoin. Pour les oligarques de l’Etat-capitalisme, les humains des classes inférieures sont « des riens », des êtres substituables, comme le disait crûment le tyran Macron.
Finissons-en avec la glorification du travail en régime capitaliste, passons à autre chose. Réclamer des miettes et des aménagements ne suffira jamais.
Le capitalisme tue l’autonomie et la subsistance pour les remplacer par le travail qui tue les humains, la nature et les autres êtres vivants.
Mais un jour, même les « sans dents » peuvent mordre profondément, et ne plus lâcher.
Préparons-nous à mordre, mordons ensemble !En France, le travail tue énormément

Pourquoi la France est championne d’Europe de la mort au travail


L’année dernière, 1 297 décès ont été directement liés au travail, reconnus comme tels via des maladies professionnelles ou des accidents du travail. Et ce alors que de nombreux cancers ou troubles cardio-vasculaires ne sont pas reconnus comme issus du travail, alors qu’il est avéré que certaines caractéristiques d’un emploi comme le travail de nuit ou l’exposition à des substances chimiques augmentent considérablement les risques face à ces pathologies.

ce chiffre est en hausse par rapport à l’année précédente

1297 personnes au moins, certainement beaucoup plus, sont donc mortes à cause de leur travail, et ce chiffre est en hausse par rapport à l’année précédente. Il augmente constamment depuis 20 ans. La France est le pays le plus mortel au travail d’Europe : c’était vrai en 2022, en 2023, et ça l’est toujours en 2024 : selon Eurostat, la moyenne européenne s’établit à 1,63 accident mortel pour 100 000 travailleurs. Ce taux d’incidence est de… 3,6 en France. Nous vivons dans le pays le plus dangereux de l’Union Européenne, devant la Bulgarie. On meurt deux fois plus au travail en France qu’en Allemagne. Prompts à dénoncer nos retards vis-à-vis de nos voisins, nos grands médias n’ont pas commenté ces statistiques affolantes. La mort au travail et plus largement la souffrance au travail sont un véritable tabou médiatique : les accidents mortels surviennent en moyenne deux fois par jour. En moyenne, chaque jour, 90 personnes subissent un accident grave qui leur laisse des séquelles à vie. Qui en parle ? Pas grand-monde. Qui se demande comment nous en sommes arrivés là ? Quasiment personne. Et pour cause, se demander pourquoi on meurt et on souffre autant au travail en France, c’est mettre en accusation les trois derniers gouvernements, sarkozyste, socialiste et macroniste, qui ont détricoté le droit à la santé au travail. C’est mettre en évidence la responsabilité du patronat dans ce triste record. Bref, c’est mettre en lumière le fait que la lutte des classes ne se joue pas seulement dans les manifestations de rue et leur répression, mais bien aussi dans la façon dont nos corps sont traités au travail, par la bourgeoisie et ses représentants.
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La comptabilisation des accidents du travail graves ou mortels en France, quand elle est mentionnée, est très largement sous-estimée. Et pour cause : les chiffres de la mort au travail et des accidents proviennent essentiellement de deux organismes : la branche « accident du travail – maladie professionnelle » de la Sécurité sociale, qui couvre les salariés du secteur privé, et la Mutualité sociale agricole, la sécu des agriculteurs. Pour les fonctionnaires et les indépendants, les données sont lacunaires voire inexistantes. Un auto-entrepreneur qui se blesse ou qui se tue en allant livrer à vélo ? Aucun chiffre officiel ne le mentionnera.
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On estime le nombre de nouveaux cas de cancers d’origine professionnelle entre 52 000 et 82 000 par an, mais moins de 2 000 cas sont reconnus comme tels par l’Assurance maladie.
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Pourquoi une telle banalisation des problèmes de santé au travail ? Parce que nous avons considérablement régressé en matière de prévention.
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depuis 2017, le pouvoir et les moyens des représentants du personnel ont été considérablement amoindris : c’est le journal patronal Les Échos qui le dit. La réforme du Code du travail qui a fusionné les instances et supprimé de fait les CHSCT a “contribué à l’affaiblissement de la représentation des salariés” et leur donne moins de moyens pour se défendre.

A force d’entendre à longueur d’antenne que le droit du travail est « très protecteur en France », on ne s’imagine pas que le droit n’existe que s’il est appliqué. Or, de nombreuses entreprises ne respectent pas le Code du travail. Et de très nombreux travailleurs n’ont de toute façon plus beaucoup de droits.
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Seuls les salariés d’entreprises de plus de 50 salariés disposent de la possibilité de faire intervenir un expert extérieur et indépendant en cas de risque grave constaté ou de modification importante des conditions de travail (réorganisation, déménagement, etc.).
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dans les petites boîtes “on s’arrange” avec la sécurité. C’est aussi pour ça que le secteur du BTP est le plus accidentogène : par les risques intrinsèques des métiers, oui, mais aussi parce que les petites entreprises sous-traitantes y sont surreprésentées : comme nous le racontait Anthony dans ce témoignage, les normes de sécurité ne sont pas respectées, les contrôles inexistants et la rude concurrence entre les entreprises créent une course au moindre coût.
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L’inspection du travail est en théorie l’autorité administrative capable de contraindre l’employeur à prendre des mesures de protection de la santé des salariés. Mais cette administration est débordée car soumise à une réduction croissante de ses effectifs : on compte en France moins d’un inspecteur du travail pour… 10 000 salariés.
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La souffrance au travail est individualisée alors que les directions d’entreprise en sont les premiers vecteurs. Nous prenons nos Lexomil, nos Xanax, nous démissionnons de nos jobs et nous téléchargeons des applis contre l’insomnie. On assiste à une vraie vague de dépolitisation de la santé au travail, qui est encouragée par tous les acteurs de la santé en France : des médecins généralistes qui prescrivent des anxiolytiques à gogo aux mutuelles qui proposent des stages « anti-stress », en passant par les gourous du développement personnel qui incitent à « travailler sur soi » plutôt que sur son environnement, notamment de travail.
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« Ces formations (anti-stress), et l’utilisation cynique qu’en font les directions, visent à ce que l’effondrement planifié des services publics de santé semble de plus en plus acceptable, invisibilisé par les efforts individuels de réorganisation, de poursuite des missions du service public malgré tout. Il est particulièrement ignoble que ce programme de destruction repose autant sur l’investissement et le professionnalisme de travailleurs sociaux qui feront toujours tout pour atténuer la violence des situations rencontrées. Il est doublement ignoble qu’on envahisse le plus intime de chacun par des injonctions à se réformer soi-même, à s’adapter à des réformes inacceptables. »

C’est ainsi que le burn out ou épuisement professionnel est, en France, entièrement confié à la responsabilité individuelle. Il n’est pas reconnu comme maladie professionnelle
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Face à la multiplication des burn out, les directions rivalisent de procédés pour se dédouaner de toute responsabilité

Face à la multiplication des burn out, les directions rivalisent de procédés pour se dédouaner de toute responsabilité. « C’est quelqu’un qui avait des problèmes par ailleurs ». Tiens, ça alors ? Des problèmes par ailleurs ? Comme si un travail qui vous broie, une mise au placard forcée ou une surcharge de travail permanente n’allait pas contaminer le reste de votre vie sociale, intime, familiale ? Les directions d’entreprises procèdent systématiquement à l’inversion de causalité : si vous allez mal au travail, c’est certainement parce que vous allez mal dans votre couple
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le langage de la psychologisation de la souffrance au travail interdit de poser les choses politiquement : la violence sociale est banalisée, rendue acceptable au regard des objectifs financiers
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notre patronat est choyé comme jamais par les gouvernements successifs. Il a de moins en moins peur de nous faire du mal. Les syndicats ayant été progressivement évincés des entreprises par la droite, les socialistes puis les macronistes, ils font de moins en moins peur.
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Nous sommes largement dirigés par des gens qui n’ont jamais utilisé leur dos, leurs mains ou leurs jambes pour travailler et qui viennent pourtant nous dire que travailler plus et plus longtemps, c’est super, et que la souffrance, c’est un mythe.
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on devrait présumer que la dépression est d’origine professionnelle, plutôt que de faire l’inverse. On devrait présumer qu’un cancer est d’origine professionnelle, avant d’étudier toutes les autres causes possibles. Pour cela, il faut que la société dans son ensemble se mêle de ce qu’il se passe au travail : actuellement, les entreprises sont des forteresses dans lesquelles il est de plus en plus difficile de rentrer. Les médias ne s’y intéressent pas : la figure du petit patron est sacralisée, ce sont eux qui parlent au nom de leur salariés (comme les restaurateurs, que l’on voit partout à la TV, à la place des cuisiniers et des serveurs). Les accidents du travail sont à peine couverts par la presse régionale, et souvent très mal
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 article en entier : https://frustrationmagazine.fr/mort-au-travail-france

 Ce n’est pas seulement la bourgeoisie, les gouvernements, le patronat qui font que le travail tue, c’est bien le fonctionnement capitaliste, ses fondements structurels, son travail et sa quête infinie de Valeur, qui tuent.
Suivant les périodes et les pays, le capitalisme peut être plus ou moins meurtrier, mais il n’est jamais inoffensif, surtout si on regarde à l’échelle planétaire les divers impacts des actitivtés nationales.

P.-S.

Voir ausi :

QUAND LE TRAVAIL DÉTRUIT ET TUE
par [BLAST, Le souffle de l’info->https://www.youtube.com/@blastinfo]https://www.youtube.com/embed/2ElNfE6HeJg

https://ricochets.cc/Le-travail-tue-surtout-en-France-8904.html

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