Révoltes : une course de vitesse entre les néofascismes et les révoltes auto-organisées

Dépasser le capitalisme et l’Etat au lieu de viser en vain leur meilleure « gestion »

vendredi 5 décembre 2025, par Stratégie & co.

L’article plus bas analyse bien l’impasse actuelle des nombreuses puissantes révoltes de part le monde, qui se retrouvent face à leur vide de perspectives et de ruptures réelles avec l’ordre étatico-capitaliste, laissant la place au rapide retour de la normalité mortifère même quand elles ont fait fuir avec fracas gouvernements et système policier.

Les néofascistes se tiennent prêts à utiliser, dépasser et renverser la « démocratie » libérale qui n’offre aucun avenir, ils ont un plan de « rupture » (dans une forme de continuité bien sûr), un plan qui mène à rien de bon mais qui a la force de l’irrationnel et de l’argent de milliardaires, un plan foireux, raciste et nuisible qui séduit, surtout à droite, car il fait rêver sur un retour ou un maintien du pouvoir (fusse-t-il symbolique) pour des classes moyennes en voie de déclassement.

Les néofascistes ont un plan, nuisible, et la gauche de gouvernement rabâche

A gauche, la plupart du temps (notamment du côté des partis et des syndicats), il n’y a pas de plan de rupture, on rabâche, on essaie de se raccrocher aux anciennes formules qui marchent encore moins à présent qu’auparavant, on parle de « partage des richesses », de « taxer les riches », de « nouvelle constitution », de « planification étatique » De ce fait, cette gauche incantatoire, déjà laminée par la guerre médiatique culturelle que lui mène les droites et leurs relais, fait pâle figure, elle ne séduit que par accident ou par défaut, et si elle venait au pouvoir par un coup de chance ou un sursaut, elle aurait tôt fait de se ramasser (rattrapée par la force des lobbies et des exigences du système étatico-capitaliste qu’elle ne remet pas en cause).
LFI est qualifiée de gauche de rupture ou radicale à tort, en fait ce parti ne vise qu’à un contrôle étatique plus serré du capitalisme (un peu comme en Chine), pas du tout à son dépassement, sans parler de la continuation de l’étatisme.
Vu que cette gauche semble incapable de muter, la « solution » sera sans doute de la déborder pour de bon.

Les néofascismes n’amélioreront pas la viabilité du capitalisme ou le sort des classes populaires/moyennes, mais ils pourraient faire illusion un temps auprès de leurs électeurs, un temps suffisant pour que les néofascistes utilisent à leur profit les insitutions autoritaires et non-démocratiques en place pour installer durablement leur pouvoir par la force.

Une sorte de course de vitesse est engagée entre des forces néofascistes de plus en plus « décomplexées » et des forces révoltées. Les néofascistes, bénéficiant des appareils d’Etat et de leurs flics acquis, et de milliardaires à leur service, finiront par l’emporter si en face les rebelles ne visent pas une rupture idéologique et pratique avec l’ordre étatico-capitaliste autoritaire et s’ils ne développent pas, entre les séquences émeutières, un large processus révolutionnaire horizontal mais organisé au quoditien à même de rendre fécondes et plus fortes encore les insurrections à venir, pour qu’enfin elles aient de vraies chances de déboucher sur des révolutions viables.

 en complément :

  • Après les gilets jaunes – Résistances et révolutions au temps du capitalisme autoritaire post-libéral – Remettre sur les rails au quotidien les objectifs, théories et pratiques de processus révolutionnaire
  • Construire l’autonomie sur les territoires et la planète – Faire pays dans le pays (…) Pour cela nous proposons :
    • d’agir, parce que c’est seulement dans l’action que la solidarité va se construire,
    • de nous allier, de nous soutenir mutuellement, de nous protéger les un.e.s les autres,
    • d’échanger autour de nos expériences de vie, de lutte, de nos processus,
    • d’agir simultanément sur nos cibles car elles sont souvent présentes partout, les multinationales et toutes les autres, …
    • d’identifier les combats à soutenir et de communiquer entre nous, par tous les moyens, informatique, visuels, …
    • de construire notre confiance politique mutuelle par la rencontre de nos personnes, de nos modes de vie, de nos cultures,
    • de continuer à fabriquer et à développer les données et informations communes, par l’informatique, par la science, par tous les canaux disponibles,
    • de créer des caisses de financement ou de renforcer celles qui existent pour construire les événements, s’aider et se protéger les un⋅es et les autres, se rejoindre, se rencontrer…
    • de construire ou de solidifier des zones territoriales d’audaces et de solidarités sociales et environnementales,
    • de développer nos agendas d’action construits collectivement où chacun peut mentionner et appeler à ses luttes.
    • En créant des pays et des outils, nous pensons répondre à ces engagements.

Révoltes sans révolution

Depuis l’Amérique du nord, Adrian Wohlleben revient sur la vivacité et les échecs des vagues de révoltes des dernières années à travers le monde. En se tenant à égale distance d’un défaitisme qui voit une domination fasciste presque déjà accomplie autant que d’un romantisme révolutionnaire qui refuse de regarder le réel pour ce qu’il devient, il propose de reprendre la question révolutionnaire stratégiquement. De là se dessine une période ambigüe et méta-stable, l’ordre libéral est épuisé et les potentiels subversifs se tassent dans leurs propres limites, reste la possibilité comme la nécessité d’un saut, non pas dans le vide mais à partir des expérimentations pratiques et auto-organisées.
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l’ordre libéral est épuisé et les potentiels subversifs se tassent dans leurs propres limites

Nous vivons un interrègne. Depuis presque deux décennies, l’ordre néolibéral mondial du capitalisme financier — installé dans les années 1980 et diffusé partout dans les années 1990 — est miné par des crises persistantes de profitabilité. Incapables d’assurer la croissance par les seuls moyens du marché, les partis politiques sont confrontés à un choix : soit être battus aux prochaines élections par des opposants promettant eux aussi une croissance qu’ils ne pourront pas davantage garantir ; soit garantir les profits par des stratégies extra-économiques fondées sur la guerre, le pillage, la conquête et la dépossession. Depuis la crise financière de 2008, le cycle d’accumulation ne peut donc plus fonctionner selon ses propres règles internes, car ses « impasses et blocages (…) exigent l’intervention d’un cycle stratégique fondé sur les rapports de force et la relation ami-ennemi non-économique »
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C’est dans ce contexte qu’il faut situer la vague de soulèvements mondiaux initiée par les mouvements des places et le Printemps arabe (2010-2012), mais aussi la réaction néo-autoritaire qu’ils ont engendrée — de Trump et Bolsonaro à Duterte, Orbán et Salvini. Les révoltes sont menées majoritairement par des jeunes et des travailleurs pauvres, révoltés par l’extractivisme néolibéral et la captation d’opportunités par des élites dites « corrompues », poussant beaucoup de jeunes à envisager comme seule voie d’avenir le travail à l’étranger, les fiers à bras néo-populistes d’aujourd’hui tirent leur support d’une petite bourgeoise de moins en moins mobile et anxieuse de la crise de la croissance et des retours de moins en moins grands sur leurs privilèges sociaux longuement acquis.
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d’en haut, les déficits commerciaux sont « résolus » par l’intimidation, la guerre ou le pillage ; d’en bas, les tensions sociales, même modestes, débouchent directement sur des révoltes

À mesure que la crise de croissance s’aggrave, le cycle stratégique nécessaire pour soutenir le marché se sépare progressivement de lui : d’en haut, les déficits commerciaux sont « résolus » par l’intimidation, la guerre ou le pillage ; d’en bas, les tensions sociales, même modestes, débouchent directement sur des révoltes. Ces deux dynamiques apparaissent comme indissociables. Chaque mois, l’extrême-droite gagne du terrain électoralement ; chaque semaine, une nouvelle vague d’émeutes met le feu à des commissariats, bloque des routes, occupe des places, pille des palais et affronte les chefs d’État.
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les États libéraux contemporains « ont su perfectionner des politiques fascistes et permettre leur déploiement même à l’intérieur d’un cadre démocratique, au point d’avoir su bâtir une industrie fondée sur le crime et l’insécurité comme justifications à l’établissement de ces politiques ». Toute reconnaissance authentique de ce fait exigerait que les critiques adressées aux tendances fascisantes de l’administration Trump soient accompagnées d’une critique approfondie de la démocratie elle-même ; or la gauche progressiste persiste dans sa croyance erronée en l’opposition totale entre démocratie et fascisme. En même temps, cependant, le fait que les fascismes latents s’appuient sur des cadres juridiques démocratiques préexistants ne doit pas nous faire croire qu’un retour à la démocratie libérale soit encore possible aujourd’hui.
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C’est ce saut — dont on sent déjà les premières secousses partout — qu’il nous faut penser, organiser et porter stratégiquement vers une rupture irréversible avec la domination de l’économie.
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la grande majorité d’entre elles, stupéfaites par la facilité de leurs victoires contre les forces de l’ordre, finissent par ne réclamer guère plus qu’un retour négocié au statu quo. Ce schéma était déjà clairement visible dans le soulèvement de 2022 au Sri Lanka :
« Les luttes sont souvent vaincues non pas par l’État mais par le choc de leur propre victoire. Une fois qu’ils ont pris de l’ampleur, les mouvements ont tendance à atteindre leurs objectifs bien plus vite que ce à quoi ils auraient pu s’attendre. La chute du régime Rajapaksa s’est produite si rapidement que personne n’a sérieusement envisagé la suite. La fenêtre ouverte par le mouvement s’est vite refermée et l’air suffocant de la normalité a repris toute la place dans la pièce. »

Ce cadrage, qui ne remet pas en cause le capitalisme lui-même mais seulement sa (mauvaise) gestion actuelle, débouche inévitablement sur un simple brassage de cartes

L’une des limites essentielles des révoltes contemporaines tient au cadre même de la lutte, qui tend à interpréter les pénuries de subsistance comme le simple symptôme de la corruption, de l’austérité et du clientélisme. Ce cadrage, qui ne remet pas en cause le capitalisme lui-même mais seulement sa (mauvaise) gestion actuelle, débouche inévitablement sur un simple brassage de cartes :

Après la chute du régime, les gens sont confrontés au fait que la logique structurelle de la société capitaliste reste en place

[L]es critiques de la corruption donnent une fausse image des capacités d’action effectives dont l’État dispose dans les crises économiques et sociales, car elles supposent que l’État pourrait trouver un moyen de sortir de la crise actuelle, qu’il pourrait choisir d’éviter de mettre en œuvre l’austérité, si seulement il le voulait…Après la chute du régime, les gens sont confrontés au fait que la logique structurelle de la société capitaliste reste en place. Les gouvernements issus de la révolution se retrouvent souvent à mettre en œuvre des mesures d’austérité similaires à celles qui avaient initialement déclenché les protestations. »

D’un côté, on pourrait s’attendre à ce que ces échecs contribuent à l’émergence d’une critique plus systémique du capitalisme, à un développement de la « conscience de classe », à mesure que « l’unité essentielle des intérêts de la classe dominante » devient évidente pour quiconque y prête attention. Cependant, comme l’observe Prasad :
« …il serait peut-être plus juste de penser au développement d’une conscience du capital. Pour que le soulèvement aille plus loin, il aurait fallu qu’il affronte l’incertitude de savoir comment le pays allait se nourrir et vivre pendant que sa relation avec le marché mondial était interrompue. Après tout, ce n’est que par et dans les relations de la société capitaliste que les prolétaires sont capables de reproduire leur force de travail. »

En d’autres termes, si une révolte ne parvient pas à affronter le problème d’une rupture révolutionnaire au moment où l’ordre est suspendu, la leçon intériorisée risque d’être celle de la loi de fer de l’économie : les participant·e·s deviennent conscients du capital comme contrainte immédiate sur la vie, mais incapables d’en imaginer le dépassement.
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les révoltes éclatent désormais comme des contagions virales, des mèmes-à-force, invitant des expérimentations plus ouvertes et réduisant les risques de récupération. Toutefois, incapables de reconnaître la puissance de leur propre innovation, les Gilets jaunes sont retombés dans l’imaginaire de la Révolution française et son signifiant flottant, « le peuple », conduisant beaucoup à confondre leur innovation avec un populisme de droite renaissant. À l’immanence inappropriable du mème, ils ont réinscrit la transcendance symbolique du mythe.

Deuxièmement, alors que de nombreuses révoltes se laissent aimanter par les symboles du pouvoir bourgeois — tribunaux, parlements, commissariats — les Gilets jaunes ont établi leurs bases d’organisation, de stratégie et de vie collective au plus près de leur quotidien
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Cette proximité avec la vie quotidienne est la clé du potentiel révolutionnaire du mouvement
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En réalité : « Le véritable horizon stratégique des blocages de l’arrière-pays n’est pas de suspendre complètement les flux de l’économie, mais de produire des bases territoriales habitées qui la restituent à la carte de la vie quotidienne, à un niveau où elle peut être saisie et décidée »
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Après l’invasion des villes américaines — Washington, Chicago, Portland — par les forces fédérales, l’aimantation symbolique exercée par certains lieux de pouvoir, tels que le centre de détention de l’ICE à Broadview (Illinois), a laissé place à un ethos diffus d’auto-organisation de quartier, franchissant même des barrières de classe et de race autrefois improbables. Le centre de gravité s’est déplacé loin du broyeur à viande des guerres de siège autour des forteresses ennemies, pour revenir vers les espaces de la vie quotidienne — évolution à saluer.
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une nouvelle sensibilité politique est en train de naître. L’expérience individuelle, atomisée, de la ville cède la place à une attention collective, exprimée par un traçage continu de l’ennemi autant que par une sensibilité aux rythmes, flux et relations qualitatives qui structurent les lieux habités. Comme le note le même guide pratique, ces hubs « réussiront ou échoueront selon que vous êtes attentif ou non aux besoins de la zone environnante ». Par cet apprentissage des signes, la lutte anti-ICE contribue à faire naître un monde en commun.
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Quels potentiels inaperçus cette nouvelle vague de contestation porte-t-elle encore en elle ? Qu’accomplirait un réseau diffus de conseils de quartier, animé par une intelligence logistique collective et une capacité hautement mobile de disruption et d’intervention, s’il gagnait encore en ampleur ? Pour prévenir efficacement les arrestations et protéger les voisins, des formes plus ambitieuses de blocages logistiques pourraient devenir nécessaires. Qu’exigerait la mise en place d’actions coordonnées à l’échelle de villes entières, ou l’établissement de blocages filtrants assurant un contrôle communautaire de certaines zones ou quartiers ? Quelles autres ambitions de pouvoir populaire ces techniques pourraient-elles servir, si — ou lorsque — l’ICE se retire de ces villes ?
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À mesure que les forces en présence rivalisent pour déterminer la direction que prendra le saut au-delà de la démocratie libérale, les médiations continueront de se dissoudre. En tant que vecteur principal du « soft power », le rôle de la gauche consistant à contenir l’énergie rebelle par la promesse de reconnaissance étatique et de réformes pourrait cesser de fonctionner. Alors que la droite poursuit son attaque frontale contre les bases de la culture de gauche — licenciant des professeurs, criminalisant des militant·e·s et des étudiant·e·s, et supprimant les financements destinés aux ONG LGBTQ et aux droits des migrant·e·s — une occasion apparaît : celle de réinventer de fond en comble le souterrain politique. Sur ce point, l’exemple du Soudan peut s’avérer instructif. Comme l’écrit Prasad :

« Après un soulèvement en 2013, une prolifération de comités de résistance a émergé, se donnant pour tâche de préparer la prochaine vague de luttes. Concrètement, cela signifiait : maintenir des centres sociaux de quartier ; construire une infrastructure et faire des réserves de matériel jugé nécessaire ; développer des réseaux de camarades et de sympathisants à l’échelle de la ville et du pays ; et tester la capacité de ces réseaux par des campagnes coordonnées. Lorsque la révolution est effectivement arrivée, fin 2018, ces groupes ont pu agir comme des vecteurs d’intensification. Les comités de résistance ont également pu soutenir la révolution dans sa phase suivante, après que le président Al-Bashir a été contraint de démissionner. »

Les tâches exactes qu’un souterrain post-gauche doit entreprendre aujourd’hui restent à clarifier. Si la réaction publique à l’affaire Luigi Mangione a prouvé quelque chose, c’est que ce souterrain n’a nul besoin de tirer ses coordonnées politiques du conflit culturel classique gauche/droite. Il est possible qu’un mouvement large, combatif et audacieux — capable d’explorer les interstices de l’histoire récente, d’en ressusciter judicieusement les intuitions, et d’en poursuivre sans relâche les conclusions — puisse résonner bien au-delà des silos culturels de l’ultragauche, et trouver une large audience dans une période de profonde incertitude.
(…)

Nous avons peur de ne pas aller assez loin, de mener des expropriations à une échelle trop petite pour qu’elles durent

Il y a plus d’un siècle, Kropotkine proposait le correctif suivant :
« ‘Pourtant,’ nous avertissent souvent nos amis, ‘attention à ne pas aller trop loin ! L’humanité ne peut être changée en un jour, ne soyez donc pas trop pressés avec vos projets d’expropriation et d’anarchie, sous peine de n’obtenir aucun résultat durable.’ Or, ce que nous craignons concernant l’expropriation est exactement l’inverse. Nous avons peur de ne pas aller assez loin, de mener des expropriations à une échelle trop petite pour qu’elles durent. Nous ne voudrions pas que l’impulsion révolutionnaire s’arrête à mi-chemin, s’épuisant dans des demi-mesures qui ne satisferaient personne et qui, tout en plongeant la société dans une immense confusion et en interrompant ses activités coutumières, n’auraient aucune puissance vitale — ne feraient que répandre un mécontentement général et prépareraient inévitablement le terrain pour le triomphe de la réaction. »
(…)
Si — et quand — la marée tourne de nouveau en leur faveur, si les commissariats se remettent à brûler et que les politiciens se terrent dans des bunkers ou s’enfuient en hélicoptère, les insurgés ne doivent pas être pris au dépourvu. Ils ne doivent pas permettre que la commune soit remplacée par un parlement virtuel de serveurs Discord ; ils doivent utiliser cette occasion pour avancer des expérimentations communes, incarnées, en présence, impliquant le plus grand nombre possible de participant·e·s.
(…)
 article entier : https://lundi.am/Revoltes-sans-revolution

 Voir aussi : Contre-feu – A propos de la cata du 10 septembre – Retour sur le mouvement « Bloquons Tout ! » qui n’en fut pas un.

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