Association des Refusantes et Refusants à l’Armée et à la Guerre (ARRAG)

paru dans lundimatin#499, le 2 décembre 2025
Quand un chef d’état-major des armées annonce bonhomme à la télé qu’il va falloir commencer à se faire à l’idée « de perdre ses enfants » sur on ne sait quel champs de bataille, c’est qu’un petit quelque chose est en train de se tramer. Quand le président de la République lui emboite le pas en annonçant le retour d’un service militaire volontaire, ça sent encore plus le roussi. Faut-il pour autant voir dans ces annonces le grand retour des affrontements inter-étatiques au cœur de nos foyers bien chauffés et pacifiés ou déceler de sombres opérations de com’ de fin de mandat pour vendre une posture internationale et un peu de peur bon marché qui tient sage ? La bonne nouvelle, c’est qu’on finira bien par le savoir, la mauvaise, c’est que ce serait mieux qu’on le sache au plus tôt. À l’occasion de la venue d’Emmanuel Macron à Grenoble l’ARRAG a diffusé le tract que nous publions ci-dessous et qui appelle préventivement à la désertion.
Contexte : la guerre, aujourd’hui là-bas, demain ici ?
Le premier objectif que j’ai donné aux armées, c’est de se tenir prêtes à un choc dans trois, quatre ans qui serait une forme de test […] mais peut-être [quelque chose de] plus violent.
Fabien Mandon, chef d’état-major des armées françaises (22 octobre 2025)
Ce n’est un doute pour personne : la guerre est devenue un enjeu majeur des pays les plus puissants du monde. États-Unis, Russie, Angleterre, Chine, France, Allemagne, Israël, tous les pays du sommet capitaliste se réarment (budget US de la Défense : 997 milliards ; loi de programmation militaire française : 416 milliards sur 6 ans). Et tout ça sans compter la menace d’une guerre atomique entre la Russie et les États-Unis (reprise des essais nucléaires, nouveaux missiles balistiques, renouvellement des armes atomiques, menaces et déclarations choc, etc.) Ces pays bellicistes font déjà la guerre un peu partout dans le monde et projettent de la faire encore plus : les États-Unis assurent la défense d’Israël, la Chine s’arme massivement pour prendre Taïwan, dans la région du Cachemire, l’Inde et le Pakistan affûtent leurs armes, etc.
Et en France ? La guerre c’était hier et ce n’est pas pour demain nous dira-t-on… Vraiment ?
En mars 2024, le gouvernement exige des industriels la constitution de stocks pour produire des munitions et des missiles.
Le 12 novembre 2024, un partenariat étatico-industriel de cinq ans est signé renforçant la « réserve industrielle de défense ».
Le 18 juillet 2025, le ministère de la santé invite les hôpitaux français à se préparer à l’accueil de dizaines de milliers de blessés, en cas de possible « engagement majeur » de la France dans le conflit russo-ukrainien.
Le 9 septembre 2025, le ministre des armées devient premier ministre. Macron estime que la guerre de demain « commencera dans l’espace » et alloue 4,2 milliards d’euros supplémentaires au spatial militaire (entendre : les satellites qui servent à la surveillance, à la communication, au pilotage des drones, etc.).
L’état-major français n’hésitera pas une seconde à entrer en guerre « quoi qu’il en coûte », l’armée française devant être « prête à un choc dans trois, quatre ans ». Quant à la population, elle doit dès à présent « accepter de perdre [ses] enfants » et de « souffrir économiquement ». On fait difficilement plus clair.

Bis repetita ?
Malgré tout l’effort des pacifistes sincères, le sang coule.
Déjà presque toute l’Europe est dans la guerre. Le monde entier va sombrer dans le sang des hommes. Tous le savent, tous le sentent. […] Réclamons la paix, exigeons la paix !
Extrait du tract « PAIX immédiate ! » (13 septembre 1939) )
Oui mais tout cela est bien normal : la Russie nous menace et, comme le veut l’adage, « il faut bien se défendre ». Un regard vers le passé nous rappelle pourtant cette mécanique éculée et pourtant si terriblement efficace de l’invention de l’ennemi, de la production de la peur, de la montée aux armes, de l’alignement crédule derrière le drapeau… jusqu’au point de non-retour de l’entrée en guerre, des amas de boue et de sang.
En mai 1911, la France impérialiste met le feu aux poudres en occupant le Maroc convoité également par l’Allemagne qui répond par l’envoi d’un navire de guerre dans la baie d’Agadir : on est au bord de la guerre. La CGT, la fédération révolutionnaire communiste et le PS maintiennent leur appel à saboter l’insultante mobilisation à venir (par la grève générale et le sabotage des outils de production). L’adhésion ouvrière est forte. La guerre n’advient pas. S’ensuivit une vive répression des pacifistes, criminalisés jusqu’à l’expression de leurs pensées (incitation à la désobéissance militaire, objection de conscience, délit de presse), qui terrorisera les plus courageux, les ralliant aux forceps au patriotisme. Dénoncer la fable de l’ennemi monté de toutes pièces et tenter d’enrayer la bien lucrative économie de guerre, c’est s’exposer à un aller simple pour Biribi. De fait, libéré de ces trouble-fête, l’inutile bain de sang des tranchées peut commencer.
En 1939, c’est une France pour part fascisée qui se laisse occuper par un « ennemi » humilié par le traité de Versailles et replié depuis dans un nationalisme abject. Parce que qui fait la guerre prépare la guerre. Il n’y a point de paix dans un traité d’anéantissement moral d’un peuple ruiné au bénéfice des fauteurs de guerre (industrie de l’armement en tête). Parce qu’« on n’élabore pas une société de rêves sur des monceaux de cadavres ; on ne crée pas du beau et du durable avec des peuples malades, diminués physiquement et moralement » (Louis Lecoin). Bien plus qu’en 1914, l’ennemi est désigné, l’opposition pacifiste quant à elle est trop timide et trop fortement réprimée (Lecoin passera trois ans en prison pour avoir appelé à la « paix immédiate », à peine dix jours après l’entrée en guerre) pour empêcher l’emballement de la machine à tuer. Qui ose depuis dire que quelqu’un a « gagné » cette boucherie des temps modernes, que le monde s’en est trouvé apaisé ?
Forts de cette histoire, où en sommes-nous aujourd’hui ? Poutine répète depuis tant d’années qu’il ne supportera pas l’impérialisme occidental qui empiète sur la zone tampon de l’Europe de l’est. La volonté d’une Ukraine, qui n’est – rappelons-le – pas non plus un parangon de vertu démocratique, d’entrer dans l’OTAN est le rapprochement de trop. Cette situation fabrique « l’ennemi russe », celui-là même qui déclenche une guerre folle contre son ennemi occidental, et qui du même élan permet à la France de déployer son armada propagandiste et littéralement « terroriste » (Poutine va nous attaquer, hissez le drapeau citoyens !), de relancer sa production de bombes atomiques et de faire exploser les budgets pour la police et l’armée…
Est-on en train de se faire avoir ? Assurément. La terreur, le mensonge institutionnalisé, la propagande (scolaire notamment) et la répression des mouvements pacifistes font toujours recette : on fonce tête baissée. La caricature est à ce point grotesque qu’elle en serait risible si ses conséquences n’étaient pas aussi tragiques…
La guerre, cette barbarie qui nous concerne tous
Quand je parlais contre la guerre, j’avais rapidement raison. Les horreurs toutes fraîches me revenaient aux lèvres. Je faisais sentir l’odeur des morts. Je faisais voir les ventres crevés.
Je remplissais la chambre où je parlais de fantômes boueux aux yeux mangés par les oiseaux.
Je faisais surgir des amis pourris, les miens et ceux des hommes qui m’écoutaient.
Les blessés gémissaient contre nos genoux.
Quand je disais : « jamais plus », ils me répondaient tous : « non, non, jamais plus. »
Jean Giono, Je ne peux pas oublier (1934) )
Il est triste de devoir se plier à cette tâche ridicule, mais on ne peut pas ne pas rappeler ce qu’est la guerre. Parce que la guerre, cet acte de violence radicale par lequel des États ou des groupes armés veulent imposer leur projet à d’autres États ou d’autres populations désignées comme « ennemies », comme entités déshumanisées à détruire, nous concerne tous. Elle nous concerne tous car elle prend l’entièreté de la population dans ses filets. Sa dynamique irrépressible empêche d’y échapper une fois lancés les premiers coups de clairon. Que ce soit sur le front ou à l’arrière en soutien comme « force morale » et « reproductrice », l’armée nous enlève tout libre-arbitre, toute dignité, toute forme d’humanité, faisant de l’humain un pion interchangeable, une chair désincarnée de douleur et de souffrance, de la nourriture pour la grande broyeuse, et des points de croissance pour l’industrie de la mort.
Il n’existe aucune guerre juste, parce qu’aucun commandement moral ou spirituel n’est assez inconséquent pour lier les égards dus aux humains (la justice) à la nécessité de les massacrer (la guerre). Seuls les puissants et les stratèges, du haut de leurs tours d’ivoire, veillant à la bonne production des usines à obus ou au bon dynamisme de l’abattoir qu’est le front, y trouvent quelque exaltation morbide, fétichée en dollars. « La guerre c’est un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui toujours se connaissent mais qui ne se massacrent pas » (Paul Valéry).
De fait, la guerre est le prix à payer de cet inconfortable confort moderne : même en temps dit de paix, consommer pétrole, électricité ou internet en abondance, c’est exploiter, piller, dominer. En temps dit de guerre, les masques tombent : le pillage se mue en massacre, l’exploitation en enrôlement généralisé, le bureau et l’usine en champs de bataille. Quel que soit le « camp », invention qui lui est consubstantielle, la guerre c’est de l’argent, de la puissance, de la domination et de l’extermination.
Par quel tour de passe-passe tuer une personne que l’on ne connaît pas et qui ne nous a rien fait personnellement pourrait être un acte juste ? Qu’ai-je à défendre dans ce combat impersonnel ? La caserne et la guerre changent des humains dignes de confiance et porteurs d’élans de vie en des monstres hébétés, des assassins, des pilleurs, des violeurs, des tortionnaires. Elles ne créent ni gagnants ni perdants, mais des piles de cadavres, des blessés à la pelle et des traumatisés à vie.

Et ensuite ? La guerre fait flotter dans l’air comme un parfum de vengeance qui est le ferment des barbaries futures, que politiciens et stratèges, assis confortablement dans leurs bunkers, seront prêts à réactiver pour leur compte, parfois très personnel (ainsi du soutien militaire à l’opposition libyenne par Sarkozy pour faire assassiner le bien gênant Kadhafi).
Pendant les préparatifs de guerre, la peur domine. La peur paralyse l’esprit critique, l’empathie et la mesure. Après la guerre, la vengeance et le traumatisme prennent le relais. Le cycle de la détresse des peuples, la peur qui engendre la haine, la haine qui déclenche l’enrôlement, l’enrôlement qui induit les massacres, les massacres qui provoquent les traumatismes, la rancœur et la vengeance, ad nauseam… ne connaîtra de repos que sous la pression incessante pour la paix intégrale et inconditionnelle.
La guerre, continuité du capitalisme
Le prolétaire-soldat, c’est l’homme du peuple dressé à la défense des riches et des puissants, équipé et armé contre ses frères.
Georges Yvetot, Nouveau manuel du soldat (1905) )
Malheureusement, quand vient la guerre, vient l’autoritarisme. Il est souvent bien trop tard pour la refuser et garder son intégrité morale et physique : conscription ré-adoptée, libertés publiques bafouées sous prétexte de défense nationale (en Ukraine et en Russie les libertés syndicales ont été réduites), esprit « campiste » (il faut se positionner pour le camp de son pays sous peine d’être perçu comme traître, félon ou, pire, agent de l’ennemi). Les réfractaires et refusants sont bien souvent mis en prison ou s’exilent.
Ladite démocratie française n’y échappe en rien : le sulfureux Article 16 de la Constitution de la Ve République, dans son flou artistique, autorise l’État à prendre les « mesures exigées par les circonstances » (telle la mise en place d’états d’exceptions : état d’urgence, de siège, de guerre…) lorsqu’il décrète que l’intégrité du territoire est menacée. Et comme « tout mandat impératif est nul » (Article 27), le gouvernement fait ce qu’il veut : la guerre et la mise au ban des pacifistes peuvent reprendre sur un claquement de doigts.
Nous avons tellement de défis à surmonter pour les prochaines décennies que nous n’avons pas besoin de guerres qui viendraient briser, malmener, annihiler nos combats pour la justice sociale et l’écologie. Toutes nos envies et nos actions individuelles ou collectives seraient stoppées, comme pendant le confinement, sous le fallacieux prétexte que le « territoire » serait en danger ou que des « ennemis » voudraient nous dominer. Le seul ennemi que nous voyons, c’est le système en place et ses instances, ses rouages et ses machines qui nous tuent et nous dominent déjà.
La guerre, selon certains, viendrait dans les périodes où le capitalisme aurait du mal à se renouveler. Par un « effet cliquet », la guerre permettrait de planquer l’ardoise du changement climatique, du massacre de la nature et de la violence de nos institutions par la promotion de la Minute de la haine citoyenne via un ennemi à abattre.
Haine, tueries et commerce d’armes deviennent les nouvelles normes, légitimées par la peur de perdre (sa vie, sa maison, sa famille, son pays) au détriment de la solidarité, du lien, de la considération pour autrui, pour les animaux, les forêts et des plantes. Une fois entrés en guerre, revenir en arrière devient impossible car des actes barbares auront été accomplis qui demanderont réparation, temps et pardon. Après les mitraillettes et les bombes, l’État et le capital pourront continuer sur les ruines encore fumantes à reconstruire et faire du business de bulldozers et de ciment. La guerre n’est que la suite de la prétendue paix capitaliste, cette gestion du citoyen pour les intérêts ou les errements d’un système hypnotisé par le pouvoir et le dollar, et qui n’a cure des individus et de leur libertés.

La Guerre mondiale, ultime fléau de l’humanité ?
Je ne sais pas comment on fera la Troisième Guerre mondiale,
mais je sais comment on fera la quatrième : avec des bâtons et des pierres.
Albert Einstein (1949) )
Quand bien même nous soutiendrions la nécessité de se défendre avec une armée et des missiles contre la « menace russe », une guerre entre la France et la Russie serait une catastrophe car elle signifierait très vraisemblablement l’avènement d’une Troisième Guerre mondiale. Pourquoi ? Parce que si un pays de l’OTAN se « fait attaquer » ou, plutôt, décide que telle attaque mérite riposte (au prochain drone russe pénétrant l’espace européen ?), cela engagera tous les autres pays de l’Alliance, ce qui mobilisera en retour Moscou et sa coalition de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC). Si cela ressemble à un mauvais film, le scénario est bel et bien envisageable et envisagé : deux blocs s’affrontant directement avec en prime la menace de tirs nucléaires bilatéraux, une situation inédite sur la planète !
À l’heure où il ne reste plus aucun traité sur le nucléaire militaire en vigueur, où l’ONU ne nous est d’aucun secours (cf. en Palestine), où de chaque côté se relance la fabrication de missiles nucléaires « hypervéloces », où les doctrines nucléaires étasuniennes et russes ne sont pas défensives mais offensives, où le plus grand porte-avion nucléaire du monde, sur ordre de Trump, menace le Venezuela… être pour la « défense » d’un membre de l’OTAN, c’est accepter le risque de la perte définitive.
Quid de tous les peuples du monde qui n’y sont pour rien et n’ont rien à voir avec tout cela ? Quid de toutes les formes de vie qui seraient effacées d’un trait ? Quid de nous tous, sous le feu d’un potentiel Armageddon ? La potentialité est bien trop forte pour que l’on puisse balayer ces interrogations d’un revers de main. Pensez-y quand vous parlerez de guerre. Nous ne sommes plus au temps des tranchées, mais au temps des tranchées et des drones kamikazes et des bombes atomiques et des armes semi-autonomes, et cela fait toute la différence.
Se défendre, oui, contre la guerre
Si l’on ne veut pas renoncer à agir, il faut comprendre qu’on ne peut lutter contre un appareil d’État que de l’intérieur.
Et en cas de guerre notamment il faut choisir entre entraver le fonctionnement de la machine militaire dont on constitue soi-même un rouage, ou bien aider cette machine à broyer aveuglément les vies humaines.
Simone Weil, Réflexions sur la Guerre (1933)
Si le dilemme entre défendre la nation, tout en n’alimentant pas au passage la course aux armements – et donc la guerre – semble insoluble, c’est que le problème est pris à l’envers. À l’échelle de son plus proche environnement, sa maisonnée, force est de constater que la loi étasunienne « stand your ground » (défends ton territoire), qui permet de défendre sa propriété privée par la force des armes et qui conduit à l’armement massif de la population, n’aboutit à rien d’autre qu’à de non moins massives tueries. On oublie ici un peu vite la réciproque : en condamnant les odieux jeux de pouvoir qui alimentent les tensions ; en sabotant la production infecte de ces outils qui ne servent qu’à une chose : tuer ; en soutenant les révoltes pacifistes, les refuzniks et le désarmement à la fois ici et en face, on déjoue la gangrène belliciste.
Que la France, qui sans cesse usurpe son bien mal acquis statut de pays des Droits de l’Homme, démontre fièrement le chemin de son propre désarmement, et d’autres, allez savoir, suivront peut-être. Elle ne ferait d’ailleurs qu’emboîter le pas à d’autres pays à l’avant-garde de la démilitarisation de leurs territoires, tels le Costa Rica ou le Panama. Mais dans le cas de la France, il s’agirait d’un acte d’autant plus fort qu’il viendrait d’un des pays centraux dans le commerce des armes et la domination militaire. Il convient que la population l’exige, qu’elle dénonce la pression policière d’ores et déjà effective contre les actions pour la paix [1]
[1] Ainsi de l’arrestation préventive pendant plusieurs…
, qu’elle appuie avec force son refus du réarmement et de l’endoctrinement guerrier.

S’il est permis de rêver, il n’est tout du moins pas permis de désespérer.
N’oublions pas l’intensité de la lutte qui a permis en 1963 d’arracher le statut d’objecteur de conscience, autorisant ainsi des millions de jeunes hommes à refuser le catéchisme guerrier du « tu tueras ton prochain ». S’ils sont tombés en désuétude depuis la professionnalisation de l’armée et la fin du service militaire obligatoire en 1997, le droit à l’objection de conscience, le refus d’obéissance, les « non, non, jamais plus » de l’après-guerre, les poussées pacifistes de l’aprèsAlgérie sont plus que jamais d’actualité et doivent être exhumés, dépoussiérés, relus et revivifiés. Et parce que « vivre, c’est lutter » comme aime à le rappeler la communauté zapatiste, il nous faut plus que jamais réaffirmer que la paix est une construction permanente, un trait d’union tracé entre les peuples qui ne sauraient être désignés les ennemis d’aucuns autres. La paix est un devoir de responsabilité et de rigueur contre ceux qui nous poussent à « l’effort » haineux, qu’ils soient nos proches, nos employeurs ou nos gouvernants.
Et parce que la guerre nous enrôle individuellement, combattons-la collectivement : ne lui faisons pas le plaisir de nous fragiliser par l’isolement.
Refusons d’être entraînés à tuer, refusons de tuer, refusons d’obéir aux ordres, refusons de renoncer à notre discernement et à notre volonté propre, refusons de tenir une arme, refusons de concevoir comme de piloter un drone tueur, refusons de passer des mois loin de chez nous, loin de nos proches, refusons de nous faire tuer pour rien.Comme tant d’hommes et de femmes avant nous, refusants, objectrices de conscience, déserteurs, saboteuses de mobilisations, il nous faut nous organiser maintenant.
L’Association des Refusantes et Refusants à l’Armée et à la Guerre invite à se réunir sous un même nom et un même idéal, celui de l’objection de conscience, celui de l’affirmation salvatrice du grand NON.
Chaque membre fait siennes les dix propositions de la charte, parce que nous ne lutterons pas contre la guerre qu’avec des mots.

Organisons-nous, échangeons, retrouvons-nous.
À BAS L’ARMÉE, À BAS LA GUERRE, QUE VIVE LA PAIX !
S’il m’était prouvé, absurde hypothèse, qu’en faisant la guerre, mon idéal avait des chances de prendre corps, je dirais quand même NON à la guerre. Car on n’élabore pas une société de rêves sur des monceaux de cadavres.
Louis Lecoin)
Association des Refusantes et Refusants à l’Armée et à la Guerre (ARRAG) Pour plus d’informations, pour nous rejoindre, écrivez-nous : arrag@riseup.net Grenoble, 24 novembre 2025.
[1] Ainsi de l’arrestation préventive pendant
plusieurs heures de 28 personnes en marge de la cérémonie du 11 Novembre
à Lyon pour « suspicion de désordre à l’ordre public.
https://lundi.am/J-IRAI-PAS-Pourquoi-nous-nous-opposons-a-la-guerre-et-a-ses-preparatifs

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