24/04/2025
Sa belle-fille est candidate RN
Par Antoine Joly
Au sein de la Ligue ligérienne, Stanislas Laugier fricote avec des néofascistes violents et racistes. Un fiston encombrant pour son père, Louis Laugier, directeur général de la police nationale depuis octobre 2024, nommé par Bruno Retailleau.
Nantes, 12 mars 2025 – Branle-bas de combat dans les services de la préfecture. Un arrêté vient de tomber et interdit la conférence de Jean-Eudes Gannat. L’ancien leader du groupe angevin national-catholique dissous l’Alvarium est invité par la Ligue ligérienne dans la cité des Ducs de Bretagne. Une association qui se présente comme « patriote et catholique » mais dont une « partie des membres » est connue pour appartenir « à une mouvance identitaire incitant au rejet voire à la haine d’une partie de la population », selon la préfecture de la Loire-Atlantique. Le groupe s’inscrit surtout pleinement dans la mouvance française des groupes nationalistes-révolutionnaires ou néofascistes. Si la préfecture semble s’être inquiétée de potentielles saillies xénophobes de la conférence, la police locale a peut-être dû se demander comment se passerait le maintien de l’ordre en cas de bravade de l’arrêté. Car dans le lot de la trentaine de militants de la Ligue ligérienne, leur secrétaire général n’est autre que Stanislas Laugier, fils de Louis Laugier, selon les informations de StreetPress. Ce haut-fonctionnaire, « très conservateur » dixit Libération, a été bombardé directeur général de la police nationale (DGPN) le 31 octobre dernier par Bruno Retailleau dont il aurait « toute la confiance ».
Au sein de la Ligue ligérienne, Stanislas Laugier fricote avec des néofascistes violents et racistes. Un fiston encombrant pour son père, Louis Laugier, directeur général de la police nationale depuis octobre 2024, nommé par Bruno Retailleau. / Crédits : DR
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Un groupe bien implanté chez les néofascistes français
Cofondateur du groupe né en 2020, aux côtés de deux anciens membres de SOS Chrétiens d’Orient, Stanislas Laugier a aussi fourni un local à la Ligue dès sa fondation. Sur les statuts que nous nous sommes procurés, l’adresse où est immatriculée l’association en 2020 correspondait à une de ses entreprises. Le fils du DGPN dirige la Ligue dans l’ensemble de ses activités, calquées peu ou prou sur toutes celles du Bastion social, collectif néofasciste dissous en 2019. Outre des maraudes pour les personnes sans domicile blanches, l’organisation de cours de boxe ou des conférences, la Ligue ligérienne opère surtout avec une palanquée d’autres mouvements néofascistes. Le groupe avait ainsi son stand au « forum de la justice sociale » organisé le 8 mars dernier par Lyon populaire, une scission du Bastion social menée par le militant néonazi antisémite Eliot Bertin. Ils étaient aux côtés d’Aquila Popularis de Nice, Unité sud de Perpignan, Novelum de Carcassonne, Clermont non-conforme… Et étaient également non loin des Angevins du Mouvement chouan menés par Jean-Eudes Gannat. La Ligue ligérienne se prévaut d’ailleurs d’être désormais l’antenne nantaise officielle de ce faux-nez de l’Alvarium à Angers, dissous en 2021 par le gouvernement. Tous étaient venus vendre quelques goodies et assister aux conférences sur la lutte des classes sauce rouge-brune. Le 24 mars dernier, la Ligue de Stanislas Laugier était aussi présente au gala de boxe de l’Oriflamme de Rennes, un groupe néofasciste violent, aux côtés des mouvements similaires Luminis Paris ou la Bastide bordelaise.
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Cofondateur de la Ligue ligérienne en 2020, aux côtés de deux anciens membres de SOS Chrétiens d’Orient, Stanislas Laugier en est le secrétaire général et a aussi fourni un local au groupe dès sa fondation. / Crédits : Documents StreetPress
Le 24 mars dernier, la Ligue de Stanislas Laugier était aussi présente au gala de boxe de l’Oriflamme de Rennes, un groupe néofasciste violent, aux côtés des mouvements similaires Luminis Paris ou de la Bastide bordelaise. / Crédits : DR
Le groupe nantais mené par le fils du DGPN se fait d’ailleurs un malin plaisir de braver les décisions de l’État. Bien qu’elle soit interdite, la conférence de Jean-Eudes Gannat mi-mars a bien eu lieu. En 2023, alors que leur manifestation après le meurtre de Thomas Perroto à Crépol (26) est également prohibée, ils vont dans les rues déployer une banderole « L’immigration tue » afin d’alimenter leurs réseaux sociaux. Quelques jours avant, la Ligue ligérienne avait posté un message sur ses réseaux sociaux pour afficher son total soutien aux « jeunes manifestants » ayant « battu le pavé » à Romans-sur-Isère. Ceux-là même qui avaient fait une tentative de descente raciste violente.
La Ligue a eu son stand au « forum de la justice sociale » organisé le 8 mars dernier par le groupe néofasciste Lyon populaire, mené par le militant néonazi antisémite et violent Eliot Bertin. / Crédits : DR
Des liens avec le RN nantais ?
Stanislas Laugier n’est jamais loin des événements publics de la Ligue. D’après le recoupement par StreetPress de différentes photos glanées sur les réseaux sociaux, sa participation à des événements notables de l’association est évidente. Le 14 janvier dernier, une semaine après la mort de Jean-Marie le Pen, il est présent aux côtés de ses comparses à un collage en hommage au fondateur du Front national. En 2024, il participe à un autre en faveur de la manifestation néofasciste du 9 mai à Paris, à laquelle la Ligue appelait à participer aux côtés des autres groupes nationalistes-révolutionnaires. En 2022, cet ancien scout d’Europe tenait le stand à l’université d’été d’Academia Christiana, institut de formation visé par une procédure de dissolution du ministère de l’Intérieur – décidément. La Ligue a rendu la pareille en 2024 en accueillant dans leurs locaux le fondateur d’Academia Christiana, Victor Aubert, pour une conférence sur le « fondement d’une communauté face au déracinement ». Une formule tout en nuances pour parler de sécession raciale. Plus récemment, Stanislas Laugier était aussi présent à l’hommage de la Ligue ligérienne au général des guerres de Vendée Charette. Traditionnellement organisé par l’Action française, le rassemblement est cette année une occasion pour le groupe du fiston Laugier de s’affirmer comme le vrai groupe réunissant toutes les familles d’extrême droite du pays nantais.
En 2024, Stanislas Laugier (à gauche) participe à un collage qui appelle à participer à la manifestation néofasciste du 9 mai à Paris, où des centaines de militants d’extrême droite défile chaque année. L’année suivante, il est présent (deuxième en partant de la droite) à un hommage de la Ligue à Jean-Marie Le Pen. / Crédits : DR
Mais Stanislas Laugier n’est pas seulement le fils du DGPN Louis Laugier. Il est également le mari d’Ombeline Gidoin de Monnerville, numéro trois de la liste RN aux élections municipales de Nantes en 2020. L’infirmière, qui like un grand nombre des publications de la Ligue ligérienne de son époux, s’était présentée sans sa particule sur la liste du parti lepéniste. À l’époque, les deux têtes de liste nantaises Éléonore Revel et Wilfried Van Liempd avaient déjà été épinglées pour avoir copiné de très près avec le groupe néonazi Arsouille Naoned, auteurs d’attaques de rue en série. Quant à Benoist Rouaud, quatrième colistier derrière la femme de Stanislas Laugier, ce proche des Arsouille Naoned like aussi de nombreuses publications de la Ligue ligérienne, sous le discret pseudonyme de Parsifal Quarante-quatre.
Stanislas Laugier n’est pas que le fils du DGPN Louis Laugier, il est également le mari d’Ombeline Gidoin de Monnerville, numéro trois de la liste RN aux élections municipales de Nantes en 2020 et candidate aux départementales 2021. Elle est au fait des activités de son mari, puisqu’elle like de nombreuses publications de la Ligue ligérienne. / Crédits : DR
Après un sérieux revers aux municipales de 2020, Ombeline Gidoin a tant bien que mal retenté sa chance aux départementales de 2021, à la Chapelle-sur-Erdre (44) cette fois. Elle en a profité pour tancer dans les colonnes de Ouest-France la subvention départementale accordée à SOS Méditerranée, une marotte des identitaires, et a appelé à armer la police municipale.
Illustration de Une de Caroline Varon.
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