Anne Lauvergeon sur France-Inter : l’indécence d’une coupable radioactive… et la faillite de la radio de service public

Stéphane Lhomme

Directeur de l’Observatoire du nucléaire

Jeudi 24 avril 2025

L’Observatoire du nucléaire saisit l’Arcom pour dénoncer le traitement malhonnête de la question du nucléaire par France-Inter, en violation de ses obligations.

Mercredi 23 avril 2025, France-Inter a littéralement offert son antenne à Mme Lauvergeon pour qu’elle puisse, pendant une dizaine de minutes, non seulement faire de la publicité gratuitement pour son livre, mais aussi promouvoir sans contradiction l’énergie nucléaire et enfin se comporter en indécente donneuse de leçon.

Commençons par quelques remarques à propos de France inter qui est censée se comporter de façon exemplaire en tant que radio de service public. Or, le 16 janvier 2023 (*) et le 16 février 2024 (**), deux émissions de l’emblématique « Téléphone sonne » ont été organisées avec exclusivement des invités favorables à l’atome. La partialité la plus honteuse n’est clairement plus l’apanage de RMC et d’Europe1.

Revenons-en à Mme Lauvergeon, invitée d’honneur de France-Inter. Pour mémoire, entre autres « exploits » pendant son mandat (2001-2011) à la tête d’Areva, cette dame a bradé en 2003 à la Finlande un réacteur EPR à 3 milliards alors que sa construction a coûté aux français aux environs de 20 milliards. France inter n’en ayant pas parlé, il faut rappeler que, préfigurant le désastre du chantier EPR d’EDF à Flamanville, la construction du même réacteur par Areva en Finlande a multiplié les retards et malfaçons, et est péniblement entré en service en 2003 avec 14 ans de retard.

Par ailleurs, Mme Lauvergeon se permet de donner des leçons à la Terre entière alors que, la rédaction de France-Inter ne semble pas non plus en être informée, elle a mené Areva à la faillite, son successeur Luc Oursel n’ayant pu redresser la situation dramatique dans laquelle il avait trouvé l’entreprise en 2011.

Faut-il aussi rappeler que, même si selon la formule usuelle elle est « présumée innocente », la dame est depuis de longues années mise en examen et poursuivie en justice pour des faits de corruption, en particulier dans l’affaire Uramin : avec l’argent des citoyens français, la PDG avait fait acheter par Areva, au prix fort, des mines d’uranium… sans uranium !

Hélas, curieusement, le dossier de l’affaire semble avoir été enfoui dans les sous-sols des palais de justice (et de la rédaction de France-Inter). Il se dit que Mme Lauvergeon possède des dossiers compromettants sur de nombreuses personnalités, ce qui expliquerait que les procédures en justice la concernant n’aboutissent jamais.

En revanche, rien n’explique que France-Inter laisse son antenne à cette personne – avec des « questions » lénifiantes revenant objectivement à lui dérouler le tapis rouge – et ne se préoccupe ni de rappeler ses lourds échecs ni d’enquêter sur les curieuses manoeuvres de Mme Lauvergeon à la tête d’Areva, mais aussi sur celles de son bras droit de l’époque, un certain Édouard Philippe, dont on peut se demander s’il ne bénéficiait pas d’un emploi fictif (contrairement à son généreux salaire) vu que personne ne sait ce qu’il a pu bien faire dans le sillage de sa patronne.

Terminons par une donnée sur le fond du dossier : la part du nucléaire dans la production mondiale d’électricité est passée de 17,1% en 2001 à 9,1% à ce jour, un véritable effondrement qui est totalement inconnu des citoyens de France du fait de la désinformation qui sévit sur ce sujet sur les médias privés… et sur France inter.

D’ailleurs, l’Observatoire du nucléaire saisit ce jour l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) afin qu’elle applique à France-Inter les mêmes sanctions que celles prises contre certains médias de l’empire Bolloré. En effet, depuis juillet 2024, suite d’une décision du Conseil d’Etat, le régulateur doit veiller, sur « les sujets prêtant à controverse », au « respect de l’obligation d’assurer l’expression des différents points de vue ». Une mission évidente… hélas oubliée de la principale radio de service public dès qu’il s’agit de nucléaire.

Stéphane Lhomme

Directeur de l’Observatoire du nucléaire

(*) https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-telephone-sonne/le-telephone-sonne-du-lundi-16-janvier-2023-2048296

(**) https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-18-20-le-telephone-sonne/le-18-20-le-telephone-sonne-du-vendredi-16-fevrier-2024-3940367

https://www.observatoire-du-nucleaire.org/spip.php?article416

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