24 juin 2024 – Par Contre Attaque
L’extrême droite a annoncé que si elle arrive au pouvoir, elle privatisera les médias publics pour les livrer intégralement aux milliardaires fascistes comme Bolloré. Le processus est déjà bien entamé : France 2 n’est plus peuplé que d’éditorialistes macronistes, France Info ne cesse de se droitiser, et sur France Inter la purge est en cours.
Charline Vanhoenacker l’a annoncé ce dimanche 23 juin avec amertume : son émission est terminée. «Cette fois, c’est vraiment la dernière», a indiqué la présentatrice du Grand Dimanche Soir. «Vous ne trouvez pas que c’est exceptionnel d’assister à un enterrement un dimanche soir ? J’adore l’humour noir. Profitez-en avant qu’il soit expulsé en charter». «On s’y attendait tous bien sûr. Depuis deux mois, on perd un chroniqueur par semaine». Quelques jours après le licenciement de Guillaume Meurice, la direction liquide l’émission.
France Inter élimine l’un de ses programmes les plus populaires. À la base, l’émission satirique était quotidienne et s’intitulait «Si tu écoute j’annule tout», plus tard renommée «Par Jupiter». Elle existait depuis 2014 et se moquait régulièrement des dirigeants à une heure de grande écoute. Elle avait atteint, en 2022, la meilleure audience de la station avec 1,3 million d’auditeurs en moyenne. Et devinez ce qu’a fait la direction ? Elle a tué l’émission. Réduite à un format rabougri, seulement le dimanche soir depuis l’année dernière. Puis amputée de ses meilleurs humoristes, notamment Guillaume Meurice, la star du programme. Et enfin, supprimée dans son entier ce dimanche.
Sibyle Veil, énarque et copine de promotion de Macron est à la tête de Radio France. C’est elle qui organise la purge. Qu’on ne parle plus jamais d’audimat : les directions des médias préfèrent des émissions réactionnaires avec peu d’audience que des émissions de gauche à succès.
Revenons à la dernière et sinistre émission de Charline Vanhoenacker : pour son adieu, elle a proposé plusieurs interventions engagées contre l’extrême droite et pour la liberté d’expression. «Radio France nous a envoyé une grenade dégoupillée dans les jambes, et la dissolution a été très très longue», a-t-elle expliqué, en référence aux licenciement et démissions en série. Elle a poursuivi : «Après avoir assisté au démantèlement de cette émission, on s’apprête à assister au démantèlement du pays».
«Certains disent que l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir ne va rien changer. Et c’est vrai, j’ai tendance à dramatiser. Si vous n’êtes pas homosexuel, pas féministe, pas noir, pas musulman, pas pauvre, pas trans, pas écolo, pas juif, pas fonctionnaire, pas humoriste, pas famille monoparentale, pas syndicaliste, pas chômeur, alors c’est vrai que ça ne devrait rien changer».
La présentatrice a prévenu : «Ce qui nous arrive là, c’est peut-être ce qui vous attend aussi demain dans vos entreprises, dans vos associations, dans vos familles. Dès le 7 juillet, vous risquez dans cette situation à l’heure du choix : rester ou claquer la porte. Résister de l’intérieur ou résister à l’extérieur. Et là, chacun fera comme il peut».
On n’entendra plus ce célèbre salut de Charline : «Bonsoir la France Inter !» qui résonnait depuis 10 ans sur la radio publique. Bientôt, elle sera peut-être remplacée par les grognements des plateaux d’Hanouna et les invitations quotidiennes de racistes.
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