Nassira harcelée, Mila protégée

Extrême droite, Médias dominants


Nassira ne s’appelle pas Mila et n’est pas d’extrême droite. Cette journaliste, qui est désormais menacée jusque chez sa propre mère, n’aura donc pas le droit à une vague de soutien de toute la classe politique, ni à des passages répétés à la télévision, ni à un hashtag, ni à une invitation au Parlement.


Nassira El Moaddem harcelée, Mila protégée

Contrairement à Mila, qui a reçu un soutien complet de tout le spectre médiatico-politique, une protection policière, l’arrestation immédiate des personnes qui la harcelaient, alors qu’elle diffuse des propos d’un racisme ultra-violent et milite pour l’extrême droite.

Revenons au harcèlement que subit Nassira El Moaddem, lancé par l’Empire du milliardaire Bolloré. Le 1er mai sur la chaîne Cnews, le député du RN Julien Odoul réclamait que la journaliste «quitte la France». C’était sur le plateau de Jean-Marc Morandini condamné pour harcèlement sexuel et corruption sexuelle de mineurs.

Cette journaliste qui a travaillé pour Radio France, le Bondy Blog et actuellement pour Arrêt Sur Image, et qui traite notamment de la problématique du racisme, est depuis la cible d’une campagne délibérée et concertée. Sur Cnews, Europe 1 ou dans le JDD, un tweet datant de plusieurs mois de la journaliste a été exhumé : réagissant à une interdiction de la Fédération de football aux joueurs amateurs de porter des collants ou des protections, elle avait parlé de «pays de racistes dégénérés» pour dénoncer l’obsession islamophobe en vigueur en France. Il faut dire que nous avons la seule Fédération sportive au monde qui interdit des vêtement portés par des amateurs, qui ne sont pas interdits par la loi, et qui ne gênent en rien l’activité sportive.

En boucle, l’émission de Cyril Hanouna a traîné dans la boue la journaliste, les plateaux de Cnews ont commenté ce tweet pendant des heures, en exposant le visage de la journaliste à l’écran, en réclamant son licenciement, en répandant des mensonges… Par exemple que son employeur serait financé par l’argent public, alors qu’Arrêt Sur Image est un média indépendant financé par ses abonné-es.

Résultat : un torrent d’insultes racistes et de menaces de viol et de mort envoyées à la journaliste, les influenceurs Reconquête ont aussi ouvert une cagnotte abjecte «pour payer le billet d’avion».

Comme le souligne Nassira El Moaddem : «la vérité n’est pas leur problème. Leur objectif, faire un strike : harceler une Arabe et s’en prendre au service public de l’information». Un harcèlement en meute.

Rappelez-vous quand Mélenchon avait simplement critiqué l’éditorialiste Ruth El Krief, connue pour ses engagements très à droite et dénoncée pour ses mensonges en faveur d’Israël : toute la profession avait fait bloc pour El Krief, présentée comme une victime de la gauche et «persécutée». Et pour Nassira El Moaddem ? Rien.

Le 3 mai, la journaliste écrivait sur Twitter : «J’en appelle aux autres confrères et consœurs. Ne laissez pas les gens comme moi seuls au front. J’ai le cuir solide mais je ne suis pas un paillasson. Parlez, écrivez, défiez en interne ou publiquement si vous le pouvez. Faites quelque chose !» Sans véritable réaction de la profession. À présent, des courriers menaçants arrivent au domicile personnel de sa mère… Insupportable.

Récapitulons : lorsque Mila dit qu’elle veut mettre des «doigts dans le cul» au Dieu des musulmans et revendique son islamophobie, elle est protégée du harcèlement et son affaire connue de la France entière. Quand Nassira El Moaddem dénonce le racisme, elle est menacée et abandonnée, et reste dans l’ombre.


Ce deux poids deux mesures a une explication simple : le racisme décomplexé qui imprègne désormais les médias et les cercles de pouvoir, et l’offensive très violente contre tous les journalistes qui ne s’alignent pas sur les idées néolibérales ou d’extrême droite.

https://contre-attaque.net/2024/05/20/nassira-harcelee-mila-protegee/

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