– L’EPR de Flamanville va donc être un désastre économique pour
la France en plus d’être une catastrophe industrielle pour EDF
– L’électricité produite par l’EPR sera beaucoup plus chère que celle
désormais produite massivement en Europe par les renouvelables
Conçu au début des années 90, l’EPR est un véritable dinosaure…
Alors que le chargement en combustible du réacteur nucléaire EPR de Flamanville a commencé le 8 mai 2024, l’Observatoire du nucléaire tient à faire savoir que, si EDF parvient dans les mois qui viennent à faire fonctionner correctement ce réacteur, malgré ses diverses tares et malfaçons dont sa cuve défectueuse, l’électricité ainsi générée sera ruineuse.
EDF maintient ce sujet dans une totale opacité afin de laisser croire que l’EPR serait compétitif, ce qui est totalement impossible pour un réacteur dont le prix est passé d’environ 3 milliards à l’origine à plus de 20 milliards : l’estimation de 19 milliards par la Cour des comptes date de 2020 et est donc inévitablement à revoir à la hausse. Il est cependant possible d’avoir une comparaison entre les coûts de production de l’électricité de l’EPR et celle du reste du parc nucléaire d’EDF.
En effet, le rapport de juillet 2023 de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) sur le coût de production du parc nucléaire situe la part de l’EPR à 2,5 euros/MWh pour la période 2026-2030 (1) pour un coût d’ensemble du parc nucléaire de 60,7 euros/MWh sur la même période, à savoir en moyenne une part de 1,04 euros/Mwh pour chacun des 56 réacteurs actuels. L’électricité produite par l’EPR sera donc 2,5 fois plus chère que celle du reste du parc nucléaire d’EDF, laquelle est pourtant déjà déjà fort onéreuse comme peuvent le constater les citoyens de France qui voient leurs factures d’électricité s’envoler et leurs impôts servir à renflouer les entreprises de l’atome.
Pourtant, grâce aux productions de plus en plus massives et de moins en moins chères des énergies renouvelables, les prix de gros de l’électricité baissent très fortement en Europe (2), mais cela ne profite pas aux habitants de la France, piégés dans l’impasse nucléaire et soumis aux augmentations régulièrement annoncées par le ministre de l’économie Bruno Le Maire.
De plus, en venant s’ajouter aux productions électriques désormais largement excédentaires en Europe, la production de l’EPR va mécaniquement contribuer à faire encore plus baisser les prix de gros… et rendre le nucléaire (ancien et EPR) encore moins rentable, contraignant EDF à vendre à pertes ou à arrêter des centrales, ce qui arrive d’ores et déjà, et de plus en plus souvent, et lui coûte terriblement cher dans les deux cas. La mise enservice de l’EPR de Flamanville va donc aggraver la situation de quasi faillite dans laquelle se trouve déjà EDF.
Alors que les énergies renouvelables viennent de dépasser le seuil de 30% de l’électricité produite sur Terre (3), et vont continuer leur montée exponentielle, le nucléaire poursuit son effondrement, passé de 17,1% en 2001 (4) à 9,2% en 2022 (5). De fait, si la France s’obstine à vouloir construire de nouveaux réacteurs (dits EPR2), dont les coûts s’envolent déjà (6) alors qu’ils n’existent même pas sur le papier, ce sera une inévitable nouvelle catastrophe économique.
A supposer qu’EDF parvienne à construire le premier EPR2, il ne fonctionnera officiellement pas avant 2035 et probablement pas avant 2040 en réalité : il sera encore plus submergé par les renouvelables, dont la progression est exponentielle, et ne pourra probablement même pas être mis en service. Il est encore temps pour la France de sortir de l’impasse nucléaire en stoppant le programme EPR et de prendre le seul train d’avenir, celui des énergies renouvelables…
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