Les paysans anti-FNSEA continuent les blocages

Reportage — Agriculture

Les paysans anti-<span class="caps">FNSEA</span> continuent les blocages

Des paysans bloquent depuis le 29 janvier la centrale d’achat de E.Leclerc du Grand-Ouest. Tandis que la FNSEA appelait à lever ses blocages après les annonces du gouvernement, eux ne comptaient pas en rester là.

Saint-Étienne-de-Montluc (Loire-Atlantique), reportage

« Tout cela va à l’encontre de ce que l’on revendique. » Les dernières annonces du gouvernement ne passent pas auprès de Jean-François Guitton, secrétaire général de la Confédération paysanne de Loire-Atlantique. Le 1er février, lui et une cinquantaine de personnes étaient rassemblés dans le calme devant la centrale SCA Ouest de Saint-Étienne-de-Montluc. Un grand buffet, des grillades et une dizaine de tracteurs les accompagnaient. Tous sont des paysans de la Confédération paysanne, du Centre d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural (Civam), du Groupement des agriculteurs bio (GAB), ou des membres de syndicats ouvriers et des non-syndiqués. À l’issue d’un vote en assemblée générale, décision a été prise de poursuivre le blocage pendant encore au moins une journée.

Depuis la soirée du 29 janvier, aucun camion ne peut entrer dans cette plateforme qui alimente quarante-neuf magasins E.Leclerc du Grand-Ouest. « Notre objectif est d’assécher certains rayons des grandes surfaces, pour mettre en évidence le fait que, sans paysans, il n’y a pas de ressources », explique Jean-François Guitton. Selon lui, les acteurs de la grande distribution « restent insensibles tant qu’on ne les touche pas au portefeuille ».

Le blocage durera encore 24 heures au moins, ont annoncé les agriculteurs. © Héloïse Leussier / Reporterre

Les initiateurs du blocage demandent notamment l’application de la loi Egalim — que les prix des produits payés aux paysans et paysannes soient indexés sur leur coût de production —, et que 20 % de l’alimentation dans la restauration collective soit bio.

« Rester pour voir jusqu’où cela peut aller »

À Nantes, dans l’après-midi du 1er février, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) a appelé à lever le blocage qu’elle avait initié sur le pont de Cheviré. Ici, au contraire, l’annonce de la mise en pause du plan de réduction des pesticides Écophyto — visant à réduire le recours aux pesticides — a ravivé le mécontentement.

« C’est le moment de montrer qu’on est là ! affirme Cyril Bouligand, paysan. L’idée de départ de cette mobilisation était de faire entendre une autre voix que celle de la FNSEA [qui n’a cessé de réclamer un allégement des normes environnementales]. Nous ne portons pas les mêmes revendications. Nous ne pouvions pas rester sans rien faire. Ces dernières années, nous avons réussi à obtenir des avancées sur l’environnement. Nous risquons de les perdre en quelques jours. »

Cyril Bouligand : « Nous risquons de perdre ces avancées en quelques jours. » © Héloïse Leussier / Reporterre

« Dans les annonces du gouvernement, il n’y a rien de structurel sur le bio, à part une aide de 50 millions d’euros, histoire de dire qu’on ne nous a pas oubliés », se désole Jean-François Guitton. Éleveur de vaches laitières en bio, il constate que « le prix du lait bio a baissé de 20 % depuis trois ans », tandis que les charges ont fortement augmenté. Son organisation voudrait que les paysans soient rémunérés pour leurs services rendus à la société : qualité de l’eau, moins de pesticides, haies, prairies, etc.

Les manifestants réclament aussi l’abandon des accords commerciaux de libre-échange. « Les supermarchés font de la pub sur leurs produits français, mais trompent le consommateur. Quand on regarde dans les rayons, il y a beaucoup de viande importée. Par exemple, au moment de Pâques, les agneaux de Nouvelle-Zélande inondent les rayons », regrette Angélique Lambert, paysanne, éleveuse de vaches et brebis depuis douze ans. Habituée des luttes écologiques et sociales, elle est membre des Soulèvements de la Terre, qui soutiennent le blocage.

Des membres de la CGT, du CNT, de Solidaires et certains députés La France insoumise (LFI) sont aussi venus apporter leur soutien. Dans la matinée du 1er février, certains paysans sont allés défiler en tracteur en soutien à la manifestation des enseignants à Nantes, mobilisés pour de meilleures conditions de travail et salariales. Des membres du personnel éducatif ont ensuite rejoint le blocage de la centrale E.Leclerc. « Quelque chose bouge. On sent que les gens n’ont plus rien à perdre. Pour une fois que nous ne sommes pas gazés par la police, c’est tentant de rester pour voir jusqu’où cela peut aller », dit Véronique.

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