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COMMUNIQUE : Paris, le 19 mai, 18h00
C’est une alerte succincte arrivée à Blast sur l’Intranet de la rédaction : une photo en hauteur, en premier plan ce qui ressemble à un pantalon, dans un espace fermé aux allures de sanisette. Avec ces seuls mots : « gav… a la sortir du metro… help ! ». Un message inquiétant signé Gaspard Glanz.
Ce mercredi 19 mai, Blast avait décidé de mobiliser ses équipes pour couvrir la manifestation des policiers. Comme d’autres membres de la rédaction, Gaspard, comme à son habitude, est parti sur le terrain avec son matériel. Après avoir reçu son message à 14h28, nous avons cherché à le joindre : pas de retour sur le réseau interne. Et son portable sonnait pour rien, donnant directement sur sa messagerie…
Dans la foulée, nous avons appelé la préfecture de police de Paris pour alerter sur cet incident, demander des explications et surtout la remise en liberté immédiate de notre journaliste.
La fonctionnaire du service de com a noté ces éléments et demandé à ce que lui soit envoyé dans la foulée un mail les reprécisant. Ce qui a été fait dans le quart d’heure qui a suivi.
Simple comme un contrôle
Autour de 16 heures, nous avons pu enfin joindre Gaspard sur son portable. Il avait été interpellé à la sortie du métro des Invalides par les hommes de la Compagnie de sécurité et d’intervention (CSI). Un banal contrôle d’identité qui lui a valu d’être embarqué dans un camion de la police nationale sans autre forme d’explications, pour être transféré dans les locaux du commissariat de Maubert Mutualité, et donc empêché de faire son travail mais aussi privé de son téléphone et de son matériel (qui lui ont été confisqués).
Gaspard n’est ressorti qu’un peu avant 17 heures, au terme d’une arrestation arbitraire de plus de 3 heures, aucune charge n’étant retenue. Alors que sa déposition était terminée et sa remise en liberté actée vers 16 heures, il a fallu attendre presque une heure pour récupérer son permis de conduire, et enfin retrouver sa liberté. Une certitude : la manifestation qu’il devait couvrir s’était définitivement dispersée…
Suite à cet incident, Blast demande que des explications aussi précises que circonstanciées soient apportées sur ce qui justifie cette atteinte manifeste au droit d’informer, cet enfermement et la confiscation des moyens de communication d’un journaliste envoyé couvrir l’actualité par sa rédaction. Nous avons demandé que le ministre de l’Intérieur, présent dans la manifestation, et le Premier ministre soient alertés.
Avoir la carte
Pour ceux qui voudraient prendre prétexte du fait que Gaspard ne soit pas porteur d’une carte de presse en bonne et due forme, nous rappelons par anticipation que la carte ne fait pas le journaliste : être journaliste est un état, nul besoin de carte ou de décret. Cette qualité ne se décrète pas, par contre elle se contrôle. Le système d’obtention de la carte, s’il fixe une règle qui permet de réguler une profession qui se cherche toujours et perd repères et valeurs, est dépassé. Rappelons qu’est considéré comme journaliste celui dont les revenus dépendent à plus de 50% d’une entreprise de presse. Cette qualité procède cependant surtout du lien existant entre un journaliste, une rédaction et un média. En l’espèce, que ce soit pour Blast ou Taranis (la société qu’il a créée), Gaspard Glanz a démontré qu’il était journaliste jusqu’au bout des ongles – et depuis plus de 10 ans. Bien plus que d’autres qui sont surtout des porteurs d’eau, de valises et de micros, délivrant des informations tellement orientées qu’on est très loin des valeurs humanistes et d’indépendance qui doivent en premier lieu définir notre métier – et notre statut.
Au moment où nous publions ce communiqué de protestation, nous précisions que n’avons toujours pas de retour des autorités, sur ce qui tient à l’évidence de l’arbitraire le plus absolu.
L’équipe de Blast
Crédits photo/illustration en haut de page :
Gaspard Glanz
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