Georges Brossard
Octobre 1946-1er mars 2020.
Marqué à jamais par cet air du temps anarchisant qui flottait sur Belleville, le quartier
où il naquit, Georges Brossard découvrit l’anarchisme alors qu’il était jeune étudiant
au lycée Voltaire.
Inscrit à l’université de Nanterre dès son inauguration en septembre 1964, il fut, avec
Jean-Pierre Duteuil, l’un des deux “Nanterrois” qui en octobre de cette année
répondirent à l’appel de la LEA (Liaison des Étudiants Anarchistes, née l’année
précédente de ma rencontre avec Richard Ladmiral du groupe Noir et Rouge). Dès
cet instant, Georges Brossard déploya une intense activité dans le milieu des jeunes
anarchistes parisiens, participation au CLJA (Comité de Liaison des Jeunes
Anarchiste), contribution à l’organisation de la première rencontre européenne des
jeunes anarchistes en Avril 1966, actions en solidarité avec la FIJL, alors interdite en
France etc.
Mais ce fut surtout la LEA-Nanterre qu’il contribua à consolider et à développer. Bon
nombre des textes les plus théoriques de ce collectif portaient son empreinte, et son
influence ne fut pas étrangère au fait que la Tendance syndicale révolutionnaire
fédéraliste, animée par la LEA, puisse conquérir les bureaux de l’UNEF en philo,
socio, et psycho en janvier 1967.
Très actif en Mai/Juin 1968, le reflux des événements ne le poussa pas à créer une
communauté rurale, mais il se mit en retrait de l’activité militante visible, et avec ses
camarades les plus proches il explora pendant les années suivantes les moyens de
rendre plus efficace la lutte révolutionnaire. Cela ne l’empêcha pas d’être le principal
rédacteur de la longue préface à l’ouvrage “L’État massacre” publié en 1971 par
Champ Libre, et de publier sous le titre “Chers camarades” avec la signature “K”, un
article très remarqué dans le numéro 44 de Noir et Rouge consacré notamment à “la
théorie des chapelles” (Avril/Mai 1969).
Le temps passant, Georges s’éloigna du militantisme anarchiste sans jamais rompre
ses attaches avec l’anarchisme, et il s’attela à défricher avec un talent peu commun
une parcelle du champ philosophique qu’il jugeait nécessaire d’éclaircir pour
satisfaire à son impérieuse “volonté de comprendre”. Une volonté de comprendre
qu’il plaçait, depuis le temps de ses études de philosophie à Nanterre, sous l’égide du
“Verum factum” de Giambattista Vico, la pensée se nourrissant non de la
contemplation mais du “faire”.
Tomás Ibañez
2 Mars 2020
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