Communiqué de presse du Syndicat de la magistrature en réaction à l’annonce de l’interdiction de la manifestation du 23 juin, puis des restrictions concédées sur son parcours
Communiqués de presse, publié le 22 juin 2016, mis à jour le 22 juin 2016
L’Intérieur se raccroche aux branches, la chute n’en est pas moins vertigineuse. Après avoir annoncé officiellement qu’il interdisait la manifestation contre la loi « travail » prévue demain, le préfet de police de Paris, grand prince, a finalement autorisé un tour de l’Arsenal.
Après la menace, l’exécutif est bien passé à l’acte : la liberté de manifester est atteinte dans son existence même, quand les autorités prétendent d’abord l’enfermer dans des fan-zones sous haut contrôle policier, l’interdire ensuite et finissent par concéder un parcours atrophié.
Déjà, depuis le début de l’état d’urgence, le droit de manifester a été abîmé : des interdictions générales pendant la COP 21, conduisant les organisateurs à trouver des expédients, aux interdictions administratives individuelles distribuées en masse pour épuiser la contestation. Le voilà une nouvelle fois écorné par un gouvernement socialiste qui renie l’histoire des luttes.
Les motivations stéréotypées de la préfecture, pour interdire d’abord, pour circonscrire ensuite, font frémir. C’est au premier chef pour protéger les biens – des distributeurs de billets, des panneaux publicitaires et des vitrines donc – de dégradations qu’elle avait annoncé une interdiction tristement historique. Les violences sur les forces de l’ordre venaient ensuite, toute analyse des effets de la stratégie de la tension menée depuis le début du mouvement étant opportunément écartée. Enfin, tandis que l’Euro de football, la fête de la musique hier et le Tour de France demain, mettent tout autant en jeu le risque terroriste et la mobilisation des forces de police, la préfecture de police de Paris nous resservait – et poursuit, mais sur un mode mineur – le même refrain anesthésiant.
Le Syndicat de la magistrature dénonce la légèreté ahurissante avec laquelle le gouvernement manie cette liberté fondamentale et appelle à rejoindre les mobilisations prévues à Paris et en régions. Le droit de manifester mérite un boulevard, il doit vivre !
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