Publié le 20 mai 2016
blocages | grèves
Communiqué du Mouvement Inter Luttes Indépendant (Mili) sur la situation actuelle du mouvement social et principalement sur la stratégie répressive du gouvernement, qui utilise l’état d’urgence pour criminaliser les révoltés.
Depuis trois jours, des dizaines de milliers de personnes se mobilisent pour bloquer l’économie, s’en prendre aux symboles du capitalisme et affronter la police, qui violente la jeunesse et pas que, depuis des semaines.
En France, dans plusieurs zones, des syndicalistes, des militants, des jeunes, des personnes participants à Nuit Debout ou à différents comités d’actions, sont passés à l’offensive.
Les axes routiers, les raffineries, les dépôts de bus, les gares et tout un tas d’autres structures sont perturbés ou bloqués par des grèves et des blocages. Les manifestations se multiplient, pendant que les centres villes sont quadrillés par des centaines de flics, des camions à eau, des grilles anti-émeute et les armements habituels, mais toujours aussi dangereux.
Malgré tout, le nombre de personnes dans la rue ne faiblit pas et la détermination n’est que croissante. Encore aujourd’hui, on a pu voir en tête de manifestation, des cortèges rassemblant des gens différents et ayant des pratiques de lutte violentes, ainsi que non-violentes, ainsi qu’une énorme solidarité.
Le gouvernement a voulu jouer la division en appelant les services d’ordre à la rescousse et en leur demandant de s’attaquer à ce qu’il caractérise par les « casseurs », les « autonomes » ou d’autres appellations qui ne retranscrivent pas la réalité.
Des affrontements ont pu avoir lieu, mais aujourd’hui, il n’y en a pas eu et c’est dû au fait que de nombreux syndicalistes se sont greffés à ces fameux cortèges de tête et y ont vu des jeunes, mais aussi des moins jeunes, déterminés et exprimant une rage extrême contre la loi travail et son monde – le capitalisme.
Les lettres d’interdiction de manifester continuent à pleuvoir et nous tenons a rappeler qu’elles ne sont basées que sur des suppositions, c’est-à-dire des notes blanches recueillies par des personnes travaillant dans les renseignements généraux. Pour expliciter un peu la manœuvre, ces personnes s’incrustent dans les cortèges et observent pour déterminer qui fait quoi, qui est dans quel collectif, ainsi y supposer des connexions, puis cibler ceux qui seraient organisés. Mais que signifie s’organiser ? Prendre en compte que le système ne tombera pas tout seul ? S’organiser peut autant être se défendre de la police que d’organiser une bouffe en solidarité avec les habitants les plus démunis d’un quartier. S’organiser fait peur au gouvernement, car ça signifie que des gens prennent acte que l’on ne peut prétendre changer les choses sans lier théorie et pratique.
C’est encore sur ces fameuses notes blanches que reposent les interpellations de nos camarades de l’Action Antifasciste Paris-Banlieue. Mais qu’ont-ils fait ? Exercer leur droit de s’opposer à une manifestation d’un syndicat d’extrême-droite qui légitime des assassinats de flics, des mutilations et d’autres violences policières ? On leur reproche d’avoir contre-carré les plans répressif de Cazeneuve en faisant des recours contre ces interdictions et d’avoir gagné. De l’avoir humilié. D’avoir saisi ce qu’ils ont obtenu, c’est-à-dire le droit de manifester et d’avoir été au mauvais endroit au mauvais moment, donc des interpellations basées uniquement sur des suspicions. Leur prétendu état de droit n’est plus qu’un état sous urgence, un état d’urgence prétendant combattre une menace terroriste, alors qu’il s’en prend à la jeunesse révoltée et aux militants actifs.
Aujourd’hui encore, un camarade de la confédération nationale des travailleurs (CNT) a été interpellé en début de manifestation, à nation, car il détenait une gazeuse pour protéger son cortège en cas d’attaque fasciste ou policière. Que lui reproche-t-on ? D’être un peu trop « radical » ? Alors que de nombreux membres des services d’ordre disposent de gazeuses et ne les utilisent jamais, enfin du moins pas la CNT.
La liste n’est pas finie. Ce matin, à Rennes, une action ayant pour objectif d’ouvrir gratuitement le métro aux habitants s’est soldée par une bonne dizaine d’interpellations en les accusant d’avoir voulu « saboter » l’accès.
Pour finir, le local de Solidaires 35 a été perquisitionné, au cours de la soirée. Trois syndicalistes ont été interpellés, puis accusés d’association de malfaiteurs en vue de terrorisme.
La Novlangue médiatique et policière tourne en boucle, mais ne nous y trompons pas et ne soyons pas dupes.
Nos ennemis ne sont pas ceux et celles qui s’organisent ou qui mènent des actions, aussi critiquables soient-elles.
Nous ne sommes pas des juges pour déterminer de la pertinence d’une action.
Nous ne sommes que des gens révoltés, appartenant à la plèbe et la force qui a permis de tenir jusqu’ici a été notre solidarité, ainsi que notre créativité.
Ne sombrons pas dans la dissociation, dénonçons les excès de l’état d’urgence, les dérives autoritaires du gouvernement, ne nous ne contentons pas de critiquer la loi travail, mais l’ensemble qui nous y a conduit. Une des premières actions que nous pouvons mener dans les jours à venir et d’empêcher le cassage des blocages, comme le désire Valls ou encore de communiquer largement sur ce qu’il se passe pour en tirer une analyse réfléchie, qui permettra d’amplifier la mobilisation et de continuer la révolte.
A bientôt dans la rue, le métro, lors des blocages ou ailleurs, car nous sommes nombreux et nous sommes de partout !
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