Note de lecture par Octavio Alberola
Vient de paraître en français, traduit du catalan et édité par la maison d’édition L’échappée, le livre Pirates de la liberté, du journaliste Xavier Montanyà .
Ce livre, sur le détournement, en haute mer, d’un navire transatlantique portugais par des révolutionnaires d’Espagne et du Portugal, nous ramène au temps où les peuples de ces deux pays, encore soumis à la volonté des dictateurs fascistes Franco et Salazar, luttaient pour récupérer leur liberté et dignité.
Le détournement du Santa María, avec un millier de passagers à bord, s’est produit dans la mer des Antilles le 22 janvier 1961, à 01h45 du matin. Ce détournement dura 12 jours, pendant lesquels les médias du monde entier firent la une sur les poursuites du paquebot par des navires de guerre et des avions de la VIe flotte des États Unis et sur les négociations diplomatiques pour trouver un dénouement pacifique. Le retentissement de cette action a été tel que la revue Paris Match consacra trois pages à un reportage photographique fait à l’intérieur du transatlantique par un reporter et cascadeur français, qui sauta en parachute en haute mer et monta à bord, quelques jours avant l’arrivée du Santa Maria à Recife. Une des photos du reportage montrait le bateau arborant une immense banderole de vingt mètres de long, portant l’inscription Santa Libertade.
Pirates de la liberté est l‘histoire de l’un des premiers rassemblements, d’opposants aux dictatures ibériques, crées au début des années soixante du siècle dernier, dans la suite du triomphe des Barbudos de Fidel Castro à Cuba et des mouvements de libération nationale en Afrique et en d’autres régions du monde. Ce rassemblement, le Directoire révolutionnaire ibérique de libération, regroupait des militants espagnols et portugais exilés, qui, déçus par l’immobilisme des partis et des organisations d’expatriés, prônaient la lutte armée contre les fascismes ibériques.
À la fois récit historique et analyse politique, ce livre, qui se lit comme un roman, nous plonge dans le contexte politique et social du Portugal, de l’Espagne et du monde de cette époque. Il nous permet ainsi de mieux comprendre les vrais enjeux politiques et économiques de la honteuse collaboration des démocraties occidentales avec ces deux régimes fascistes, ainsi que les raisons de l’échec des mouvements de résistance qui tentèrent alors de mettre fin à ces derniers vestiges de la vague national fasciste qui, dans les années trente et quarante, avait déferlé sur l’Europe.
Octavio Alberola
Commentaires récents