A CQFD, on n’a jamais communié avec les grand-messes électorales. Certains ont pu parfois glisser un bulletin tactique, mais on sait bien que la marche du monde ne se joue pas dans les urnes. Et ce ne sont pas les récentes élections régionales grotesquement accouplées à l’état d’urgence qui nous feront changer d’avis.
Scrutin après scrutin, aux immanquables promesses de changement s’associe l’impossibilité déclarée de tout changement. Avec le vote contre le FN comme seul programme, on atteint, cette fois-ci, les derniers spasmes de l’impuissance politicarde. Pendant ce temps, la « victoire idéologique » – comme le tweete Florian Philippot – de Le Pen est totale à l’heure où l’hémicycle s’apprête à réformer la constitution façon Pétain.
Alors, où se trouve le pouvoir réel ? Hors de tout contrôle démocratique : chez les technocrates et les lobbies de Bruxelles, les grands argentiers de Frankfurt ou les généraux du Pentagone – et lorsque le peuple vote mal, on l’humilie en lui signifiant que son suffrage vaut peanuts. Grecs et Français en savent quelque chose.
Où est notre pouvoir, celui des gens ? Il s’ancre dans des territoires concrets, des quartiers, des activités et des parages que nous aimons investir et défendre, où notre présence au monde a encore un poids, partagé, conscient de lui-même. Il est aussi dans le refus du modèle de réussite individuelle et de croissance cannibale.
En Espagne, même si les élections législatives du 20 décembre ne changeront rien au quotidien de la population, elles ont eu le mérite de mettre sur la table les questions de justice sociale.
En France, l’agenda et le discours du parti de la peur ont vampirisé la société, manipulant ses émotions à la baguette des sondages d’opinion. Tout est dit pour éloigner les possibles d’une transformation sociale. Tout est fait pour imposer la compétition de tous contre tous.
Les surprises électorales venues d’Espagne ne sont pas le fruit d’une meilleure offre sur l’échiquier politique, mais d’un mouvement social né il y a cinq ans sur les places et dans les assemblées populaires de quartier. Preuve que c’est en ouvrant des espaces propices à la communication directe que l’air redeviendra respirable.
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