Le 10 janvier 2016, de nombreux universitaires de Turquie ont lancé la pétition “Nous ne serons pas complices de ce crime”, attirant l’attention sur la guerre que mène le gouvernement turc au Kurdistan et demandant la fin de ce conflit dans lequel le nombre de victimes civiles augmentent de jour en jour.
La réaction d’Erdoğan-le-tout-puissant ne s’est pas faite attendre. Et, comme à son habitude, elle s’est traduite par des insultes (“brouillons d’intellectuels” par exemple). Malheureusement, la réaction n’est pas que verbale: arrestations, gardes à vue, intimidations, messages de haine adressés directement aux universitaires. Plusieurs d’entre eux-elles ont découvert des croix rouges peintes sur la porte de leur bureau et des affiches titrant “Nous ne voulons pas de ceux qui soutiennent le PKK dans nos universités”. Les milieux ultra-nationalistes n’attendent, pour leur part, que de “faire couler des rivières de sang”. Ambiance…
La pétition a été mise en ligne sur le site barisicinakademisyenler.net . Quelques jours plus tard, le site n’était plus accessible.
Une note d’espoir quand même: nombre d’étudiant-e-s ont manifesté leur soutien à leurs professeurs. Des artistes, cinéastes, journalistes, juristes… se sont également joint-e-s à leur appel pour la paix. Des pétitions et textes de soutien ont été relayés par des universitaires à l’étranger.
Texte de la pétition:
“Nous ne serons pas complices de ce crime !
Nous, enseignants-chercheurs de Turquie, nous ne serons pas complices de ce crime !
L’État turc, en imposant depuis plusieurs semaines le couvre-feu à Sur, Silvan, Nusaybin, Cizre, Silopi et dans de nombreuses villes des provinces kurdes, condamne leurs habitants à la famine. Il bombarde avec des armes lourdes utilisées en temps de guerre. Il viole les droits fondamentaux, pourtant garantis par la Constitution et les conventions internationales dont il est signataire : le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité, l’interdiction de la torture et des mauvais traitements.
Ce massacre délibéré et planifié est une violation grave du droit international, des lois turques et des obligations qui incombent à la Turquie en vertu des traités internationaux dont elle est signataire.
Nous exigeons que cessent les massacres et l’exil forcé qui frappent les Kurdes et les peuples de ces régions, la levée des couvre-feux, que soient identifiés et sanctionnés ceux qui se sont rendus coupables de violations des droits de l’homme, et la réparation des pertes matérielles et morales subies par les citoyens dans les régions sous couvre-feu. A cette fin, nous exigeons que des observateurs indépendants, internationaux et nationaux, puissent se rendre dans ces régions pour des missions d’observation et d’enquête.
Nous exigeons que le gouvernement mette tout en oeuvre pour l’ouverture de négociations et établisse une feuille de route vers une paix durable qui prenne en compte les demandes du mouvement politique kurde. Nous exigeons qu’à ces négociations participent des observateurs indépendants issus de la société civile, et nous sommes volontaires pour en être. Nous nous opposons à toute mesure visant à réduire l’opposition au silence.
En tant qu’universitaires et chercheurs, en Turquie ou à l’étranger, nous ne cautionnerons pas ce massacre par notre silence. Nous exigeons que l’Etat mette immédiatement fin aux violences envers ses citoyens. Tant que nos demandes ne seront pas satisfaites, nous ne cesserons d’intervenir auprès de l’opinion publique internationale, de l’Assemblée nationale et des partis politiques.”
Turkey Antipress
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