Publié le 31 décembre 2015 | Maj le 1er janvier
11e arrondissement | état d’urgence
L’idée d’un grand rassemblement festif contre l’Etat d’urgence est née de l’envie de poursuivre un élan commun, visible et offensif et de lier deux temporalités : à court terme, créer les conditions d’un mouvement large contre l’Etat d’urgence, notamment dans l’éventualité d’une expulsion de la ZAD ; et sur le long terme, continuer à construire nos luttes, densifier nos relations, faire des ponts avec d’autres populations touchées par l’Etat d’urgence.
Le 28 novembre dernier, les convois des territoires en lutte se retrouvaient devant le château de Versailles pour un banquet, malgré l’interdiction préfectorale et la création d’une “Zone de Sécurité Prioritaire” sur le plateau de Saclay. Sur place, plusieurs centaines de personnes reliées par la volonté commune de dénoncer la mascarade de la COP21. La réussite de cette journée aura prouvé qu’il n’y a pas d’interdiction qui tienne lorsqu’on est nombreux-ses et organisé-e-s.
L’état d’urgence a vite été détourné des objectifs annoncés pour servir à museler toute voix discordante, empêcher toute contestation sociale.
L’opération a consisté à instrumentaliser l’émotion causée par les attaques du 13 novembre, en nous sommant de choisir notre camp. Au choix : “l’unité nationale”, les bombardements en Syrie et la guerre à un terrorisme dont les contours restent bien flous, ou le risque de finir dans les petites fiches de l’antiterrorisme pour celles et ceux qui ne se reconnaissent pas dans cette union sacrée. Désormais, et pour un temps indéterminé, toute activité politique qui n’est pas encadrée directement par l’Etat se trouve exposée à une féroce répression. Nous en avons fait l’amère expérience ces dernières semaines :
58 personnes ont été convoquées par la police pour avoir manifesté le 22 novembre en soutien aux migrants ; l’université Paris 7 a été fermée pour empêcher que des étudiants y apportent une parole critique sur la COP 21 ; une trentaine de militants ont été assignés à résidence pour leur volonté présumée de participer à la contestation de la COP21 et des lieux d’organisation ont été perquisitionnés. La marche pour le climat du 29 novembre a été interdite et 317 personnes placées en garde à vue pour avoir bravé l’interdiction. Le 4 décembre à Nantes, une manifestation contre l’état d’urgence est attaquée par la police qui blesse plusieurs personnes dont une grièvement. Sans compter, les centaines de personnes assignées à résidence – toujours sur la base des “notes blanches” du ministère de l’intérieur – sur le simple soupcon de « radicalisme ».
Cet état “d’exception », en passe d’être constitutionnalisé est d’une ampleur historique. Près de 3000 perquisitions administratives souvent brutales et rarement fructueuses ont déjà eu lieu et on saute sur l’occasion pour demander plus de flashball, de caméras, de vigiles. Maintenant l’arbitraire administratif et policier ne se cantonne plus aux quartiers populaires mais s’assume sur l’ensemble du territoire français. C’est à peine s’ils s’embarrassent d’y mettre les formes du droit républicain. Aussi, ce n’est pas à une lutte contre le terrorisme que nous assistons, mais plutôt à une opération politique d’une ampleur inquiétante. La police ne protège pas tant la population des terroristes, qu’elle frappe l’opposition politique et plus généralement tout ce qui dévie de l’ordre national.
Si l’on prend acte de cette condition qui nous est faite, il faut au minimum exiger la levée de l’état d’urgence, au vu des dégâts – et non des “abus” – qu’il a déjà provoqué, et de ceux qu’il permettra à l’avenir.
Au moment où le gouvernement veut relancer le projet d’aéroport à Notre-Dame-Des-Landes et où le mouvement anti-aéroport risque de payer les conséquences très concrètes de l’état d’urgence, il est crucial de nous retrouver et de nous renforcer. Pour contraster avec cette atmosphère anxiogène, il est important de se réunir, discuter, échanger, se réapproprier les espaces afin d’opposer à leurs intimidations, notre détermination à construire ensemble.
En ce sens le banquet du 28 novembre à Versailles, la résistance collective sur la place de la République le lendemain ou encore les cantines de soutien aux luttes de territoires sur les places de Stalingrad et République montrent le chemin à suivre.
C’est pourquoi nous appelons à un grand rassemblement festif contre l’état d’urgence le 16 janvier 2016 place Ménilmontant (parvis du métro) à partir de 13 heures autour d’un banquet, de banderoles et de prises de paroles.
Investir une place paraît être le geste juste pour faire entendre une voix dissonante au milieu de l’unanimisme asphyxiant de « l’unité nationale », adresser un message déterminé en prévision d’une tentative d’expulsion de la ZAD, et nous réapproprier la ville. Le message envoyé à ceux qui tentent de nous gouverner : « vos intimidations ne font que renforcer notre détermination à nous soustraire de vos bons soins ».
Nous appelons à ce que des initiatives similaires se multiplient et grandissent dans les semaines et mois à venir.
Dors et déjà, nous souhaitons faire écho à l’appel de la coordination anti-aéroport pour une grande journée de mobilisation contre le projet d’aéroport ou encore l’appel du comité ZAD Rennes pour une manifestation/carnaval le 6 février.
Quelques réunions ont déjà eu lieu, l’appel ci-dessus en est sorti.
(prochaine réunion le samedi 2 janvier à 18h au CICP).
P.-S.
RDV le samedi 2 janvier à 18h au CICP (21 ter Rue Voltaire, métro Rue des Boulets ligne 9).
Toutes les discussions de fond et propositions pour remplir cette journée y sont les bienvenues !
Mail-list : banquetcontreletatdurgence@lists.riseup.net
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