14 avril 2013 par Correspondant
Le 14 avril 1931 est la date d’apparition de la II république espagnole, à la suite d’élections perdues par la droite monarchiste et sous la poussée de la crise mondiale de 1929. À n’en pas douter, elle entraina de grands espoirs.
Malheureusement ses artisans, comme le socialiste Francisco Largo Caballero et le dirigeant de la gauche sérieuse et franc-maçonne (selon les codes politiques classiques) Manuel Azaña, le catalaniste de gauche Francesc Companys, furent les premiers à trahir leurs promesses de changements sociaux et sociétaux.
Ils réprimèrent, comme la droite dictatoriale et royaliste quelques années auparavant, et choisirent une répression féroce contre le mouvement ouvrier anarchosyndicaliste.
C’est aussi cette II République qui fut incapable de voir et de prévoir le putsch militaire, malgré les phrases creuses : « La République sera crainte par ceux qui ne la respectent pas, et je vous annonce que, désormais, il n’y aura de répit pour personne. Je ne peux continuer impassiblement devant les attaques qui se trament dans des tanières obscures. Je ne peux non plus tolérer que l’on dicte des sentences d’acquittement en faveur des ennemis du régime ». (Discours de présentation à l’assemblée du nouveau président du Conseil, Casares Quiroga, le 19 avril 1936, cité par José Peirats, La CNT en la revolución española, tome I, chapitre VII.)
Et les trois mêmes leaders républicains, ayant des postes clés, à partir du 19 juillet 1936 pour lutter contre le fascisme catholique, firent tout leur possible pour mettre des bâtons dans les roues des tactiques antifascistes élaborées à la base par les travailleurs sur les plans militaires et économiques.
Pire, eux et leurs collègues dirigeants républicains (représentants de la bourgeoisie capitaliste de gauche) se jetèrent comme des niais, des gamins écervelés dans les filets de l’Union soviétique.
Il est bon de célébrer de frêles aspects de la II république, comme le vote des femmes dès 1933, des efforts sur le plan scolaire et culturel.
Il est bon de comprendre son crétinisme et sa duplicité.
Et parallèlement au retour du passé franquiste élaboré par le PP et des catholiques de droite, on a des réactions :
Un village de la province de Burgos [Gayangos] rend hommage aux 24 fusillés de 1936 les mains attachés dans le dos (El País, 30.03.13) » Le cas de Gaspar est évoqué. Les phalangistes l’avaient cherché deux nuits de suite chez lui pour l’obliger à creuser les fosses où ils jetaient leurs victimes après les avoir tuées. La troisième nuit, Gaspar Pereda n’est pas revenu. Il avait creusé sa propre fosse. C’était le 20 novembre 1936. Il avait 55 ans, une femme et six enfants. »
Figueres, la Gernika de Catalogne. « La ville catalane a été bombardée en 18 occasions entre 1938 et 1939. On estime que l’aviation franquiste [allemande et italienne] a assassiné plus de 300 personnes et détruit 26 % des édifices de la localité, siège de la dernière séance de l’assemblée des parlementaires républicains ». (Público, 05.04.13). […] Lluïsa Pedrosa, habitante de Figueres, 84 ans, avait 9 ans en 1936 quand les bombardements ont commencé. La première attaque aérienne du groupe autoproclamé comme national en Catalogne est resté gravée par le feu dans sa mémoire C’était le 3 octobre 1936. Lluïsa, avec le reste de sa famille, s’était déplacée jusqu’à la localité côtière de Rosas para jouir, pour la première fois de sa vie, de la mer. Ce jour là que finit son enfance. […]
“Il a fallu que presque 80 ans passent pour que nous puissions raconter l’enfer que nous avons vécu. La peur des représailles a toujours été présente. Ma génération a vécu avec une fermeture éclair sur la bouche”, conclut Lluïsa.
P.-S.
Source : CGT-e info 66 , 13 avril 2013.
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