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I
Il nous faut une mobilisation de rue, une révolte sociale, pour arracher une démocratie sociale, autogestionnaire, au service des besoins de toute la population. Il est temps qu’un mouvement des indignés voit le jour au printemps !
Les casseroles de gauche succèdent donc aux casseroles de droite. L’affaire Cahuzac met à nouveau en lumière tous les dysfonctionnements du système : la crise politique, qui accompagne partout en Europe la crise économique sans fin, s’invite aussi en France. Les temps de chaos économique sont aussi ceux des bouleversements politiques. Ces derniers percutent les partis, de droite comme de gauche, qui se carbonisent toujours très vite à l’exercice du pouvoir, du fait de l’impopularité des mesures d’austérité qu’ils imposent. Le rythme s’accélère et ne laisse plus aux partis institutionnels d’opposition le temps nécessaire pour se refaire une santé avant de revenir aux affaires, dans le cycle bien huilé de l’alternance électorale.
République des affaires, république financière
L’affaire Cahuzac n’en est donc qu’à ses débuts, et François Hollande s’est ridiculisé en annonçant qu’il ne s’agissait que de la faillite d’un homme et surtout pas d’un système. Chaque jour draine son lot de nouveaux scandales, sans pour autant nous faire oublier les anciens. Du coup, lorsque la droite parle de moralisation en politique, on pourrait rire… si le passif n’était pas si lourd. On attend avec gourmandise le moment où Eric Woerth demandera des comptes et de la transparence au gouvernement socialiste ! Quant à Hollande qui prétendait voir en la finance son adversaire durant la campagne présidentielle, il s’est trouvé un trésorier de campagne qui a lui aussi investi dans les « comptes offshore ». Comme quoi, si la finance n’a pas de visage aux yeux de Hollande, elle a au moins su avoir une oreille auprès de lui !
La réalité des relations étroites entre la classe politique et le monde de la finance rattrape donc la vie politique. La Ve République et « la République exemplaire » sont bel et bien incompatibles. Dans ce système, la Ve République confisque le pouvoir de tous au profit de quelques-uns et même d’un seul (le président qui détient des pouvoirs exorbitants, politiques, diplomatiques, militaires, nucléaires…). Dans ce système, le capital fait la loi, en bonne entente avec les politiciens qui appliquent docilement ses recommandations. Et pour leur retraite, il envoie ses bons serviteurs siéger au sein des conseils d’administration des entreprises du CAC 40. Dans ce système, un ministre socialiste et des anciens du GUD (groupuscule d’extrême droite) dont certains proches de Marine Le Pen, savent à la fois sceller leur amitié autour de l’argent roi et réclamer aux classes laborieuses de se serrer la ceinture, histoire de lutter contre les déficits publics.
Rupture pour une véritable démocratie sociale
Cette Ve République est complètement disqualifiée. Une rupture politique radicale, cette nécessaire révolution démocratique et sociale, ne se résume pas à un changement de numéro ni à l’attente d’un quelconque sauveur suprême…
En 2000, dans la rue, les Argentins clamaient : « qu’ils s’en aillent tous ! ». Ils ont raison. Mais, que les politiciens dégagent ne règle pas tout. Il ne s’agit pas de remplacer les unEs par les autres, en remaniant un gouvernement, ou en espérant un nouveau président de la République. Il s’agit de refonder un système démocratique, qui institue, constitue de nouvelles règles, de nouvelles lois, qui permettent la démocratie du bas vers le haut, à l’inverse des pratiques actuelles. Tant que la représentation politique restera dans les mains de quelques-unEs, celle-ci restera un métier dans lequel les beaux parleurs se bousculeront toujours pour faire carrière.
Il est temps de déprofessionnaliser la politique : interdiction du cumul des mandats ; interdiction de faire plus de deux ou trois mandats au cours sa vie pour reprendre son travail et laisser la place à d’autres ; fixation du revenu des éluEs à la hauteur du salaire moyen de la population, il n’y a pas de raison que des mandatés gagnent plus que ceux et celles qu’ils représentent ; révocabilité des élus : une proportion d’électeurs doit pouvoir convoquer un nouveau suffrage s’ils pensent que le mandat a été trahi ; désignation d’exécutifs représentant réellement les assemblées élues, etc. Il faut instituer la transparence intégrale sur les comptes publics et imposer quelques mesures phares : annuler la dette afin que les pouvoirs publics ne soient plus otages de la dictature des marchés financiers, lever les secrets bancaires, commerciaux ou industriels, supprimer les paradis fiscaux afin que l’argent volé (1 000 milliards d’euros en Europe !) soit enfin réinvesti au service de tous.
Olivier Besancenot et Roseline Vachetta
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