Capitalisme, Gouvernement, Inégalités

«Jamais, depuis un demi-siècle, les Français n’ont été aussi nombreux au travail. Alors que chez la plupart de ses voisins européens, la hausse du taux d’emploi s’accompagne d’un recul de la pauvreté, dans l’Hexagone, emploi et pauvreté progressent de concert». Voilà ce qu’expliquait l’économiste du journal Le Monde Philippe Escande en 2024.
Ces chiffres font voler en éclat le récit dominant qu’on entend tous les jours à la télé : les gens «ne travaillent pas assez», s’ils sont pauvres ce sont des «fainéants», il suffit de travailler plus pour gagner plus, et autres éléments de langage mensongers. En réalité, entre 2014 et 2024, le taux d’emploi en France a grimpé pendant que le taux de pauvreté – les ménages qui vivent avec un revenu inférieur à 60% du revenu médian – a augmenté.
Ces chiffres ont été traduits dans ce graphique qui circule ces derniers jours. On constate effectivement une exception française. Dans les autres pays européens aussi, les gens travaillent plus qu’il y a 10 ans. C’est vrai, comme en France. Mais dans les autres pays, la pauvreté recule. En France, elle augmente. Cela veut dire que les gens sont moins bien payés, ont des emplois plus précaires, des temps partiels contraints… Qu’ils ne s’en sortent plus, même en travaillant.
Que s’est-il passé en 2014 en France ? Emmanuel Macron a été nommé Ministre de l’économie par François Hollande, puis il a été élu président, et il impose depuis un programme néolibéral et autoritaire au rouleau compresseur. La politique de Macron consiste à faire travailler les Français plus longtemps en les appauvrissant. C’est la définition d’un hold up.
Certains néolibéraux du fond de la classe pourraient répondre qu’il s’agit d’un «sacrifice» nécessaire pour aider l’économie française, réduire la dette, et autre fadaise entendues mille fois. Pourtant, depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, la dette publique française est passée de 2.262 à 3.305 milliards d’euros en 2025, soit une hausse de 1.043 milliards. Aucun pays européen n’a creusé sa dette aussi fortement sur la même période.
Selon l’Observatoire français des conjonctures économiques – OFCE – ce déficit colossal s’explique d’abord par la baisse de la fiscalité sur les entreprises et les ménages les plus aisés. Pour parler simplement, Macron a créé de la dette en aidant les riches.
Un rapport du Sénat, publié en juillet dernier, rappelait que chaque année 210 milliards d’euros d’argent public sont versés aux entreprises sans aucune contrepartie ni contrôle. Sur 10 ans, ce sont donc plus de 2.000 milliards qui ont donc été offerts au patronat pour «créer des emplois», sans aucun retour sur investissement, sans vérifications, sans nouveaux emplois. Certaines entreprises aidées par l’État, comme Auchan ou Arcelor, ont même supprimé des emplois tout en réalisant des maxi-profits.
Entre 2017 et 2025, la fortune des 500 personnes les plus riches de France est passée de 571 milliards d’euros à 1228 milliards. Ce magot a donc plus que doublé sur la même période. Plus scandaleux encore, la fortune des plus riches correspond presque exactement à l’augmentation de la dette sous Macron.
L’exception française unique en Europe c’est donc le pillage généralisé des richesses produites par les travailleurs et travailleuses, et les coupes dans les services publics, pour engraisser une poignée de possédants.

Commentaires récents