Le collectif d’extrême droite Némésis veut s’incruster à la manifestation féministe du 8 mars

 Soutenez StreetPress

04/03/2025

Seront-elles entourées de policiers ?

Par Daphné Deschamps

Après avoir été encadrées par les forces de l’ordre lors de la marche NousToutes de novembre 2024, les militantes d’extrême droite de Némésis veulent défiler à nouveau dans le cortège à Paris le 8 mars. Les organisations féministes s’y opposent.

« Nous refusons l’instrumentalisation des luttes pour les droits des femmes à des fins racistes par Némésis et par l’extrême droite en général », martèle Anne Leclerc, du Collectif national pour les droits des femmes qui co-organise les manifestations féministes du 8 mars. Alors que « faire bloc » contre la « percée de l’extrême droite » dans le monde qui menace les droits des femmes est un des mots d’ordre de la marche de cette année, le collectif fémonationaliste Némésis, connu pour s’incruster dans des manifestations féministes pour faire des coups médiatiques, a fait part de son intention pour la première fois d’avoir un cortège « ouvert » dans la manifestation unitaire. Une annonce qui secoue le mouvement féministe, déjà agacé par le cortège organisé par les fémonationalistes en novembre 2024 lors de la marche du collectif NousToutes. Encadrées par les forces de l’ordre, les militantes de Némésis avait pu défiler tout l’après-midi, sur la quasi-totalité du parcours de la manifestation.

« On a mis très longtemps à être informées de leur présence en novembre, et donc à réagir », soupire Anne Leclerc. Cette fois-ci, pas question de laisser Némésis défiler. Les organisatrices de la manifestation de Grève féministe ont pris des mesures pour que la situation ne se reproduise pas. « Tout n’est pas encore défini, notamment parce qu’on attend encore un retour de la préfecture de police sur le parcours définitif », explique Myriam Lebkiri, secrétaire confédérale de la CGT, qui promet :

« Mais on ne démarrera pas si elles sont là. Nous voulons une manifestation festive, inclusive et revendicative, elles veulent juste un coup médiatique. »

Même son de cloche du côté de NousToutes, qui se dit prêt à arrêter son cortège à tout moment : « On ne va pas accepter de défiler avec des groupes racistes et réactionnaires qui instrumentalisent les luttes » explique le collectif. « Les infiltrations de ce type sont un reflet de la montée du fascisme en France. » « Ce qui nous inquiète, c’est la normalisation de Némésis », abonde Myriam Lebkiri. « Il y a eu un point de bascule lorsque Bruno Retailleau a déclaré publiquement partager leur combat, elles veulent clairement continuer dans cette voie-là. » L’eurodéputée Reconquête Sarah Knafo a annoncé son intention de défiler aux côtés du collectif fémonationaliste.

Un encadrement par la préfecture ?

En novembre dernier, Némésis avait défilé encadré par les forces de l’ordre comme un autre collectif dont la présence est peu acceptée au sein du mouvement féministe : Nous Vivrons, collectif pro-israélien qui lutte contre l’antisémitisme, né au lendemain des attaques du Hamas le 7 octobre 2023. L’affaire avait provoqué un paquet de tensions dans le cortège. « La préfecture avait été informée à l’avance de la venue des deux groupes, et ne nous a pas prévenues, facilitant leur présence », retrace Marie du collectif NousToutes. Des mesures d’encadrement similaires sont-elles prévues samedi ? Selon nos informations, la préfecture ne s’est pas engagée à garantir la sécurité et encadrer les présences de Némésis ou de Nous Vivrons. La préfecture n’a pas souhaité s’exprimer officiellement sur le sujet, évoquant « des informations sensibles ».

De son côté, Sarah Aizeman, porte-parole de Nous Vivrons, s’attend « à ce que la préfecture [les] contacte ». Elle affirme refuser d’avance de défiler à proximité de Némésis comme en novembre : « Je refuse absolument que la préfecture nous refasse le même coup. » Elle indique que « Némésis n’a rien à voir avec ». Nous Vivrons et assure condamner « leur idéologie, leurs méthodes, leur suprémacisme, leurs liens avec des groupuscules antisémites… » Nous Vivrons aurait prévu une banderole « Némésis hors de nos luttes » pour l’arrière de leur cortège « au cas où ».

Les militantes de Nous Vivrons ne sont pas pour autant les bienvenues dans la prochaine manifestation du 8 mars. Certains collectifs féministes, dont NousToutes, se disent également prêts à refuser de démarrer si elles sont là. « Leur présence à la manifestation de l’année dernière s’était mal passée. Elles n’avaient pas respecté les règles que nous avions fixées avec elles, et leur service d’ordre s’en était pris à des manifestantes. Elles ne partagent pas nos valeurs, et on leur avait envoyé un courrier détaillant cela quelques temps après », se souvient Anne Leclerc du Collectif national pour les droits des femmes. « Pour autant, nous ne les mettons pas non plus sur le même plan que Némésis, dont la présence nous serait absolument inacceptable. »

Contactées, les fémonationalistes de Némésis n’ont pas souhaité répondre à StreetPress. Quant à l’eurodéputée de Reconquête Sarah Knafo, elle n’a pas répondu aux sollicitations de StreetPress.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.