La police française est déjà bien assez dangereuse au quotidien, mais quand un flic est bourré toutes les limites sont dépassées

La scène très violente, filmée par des caméras de surveillance, aurait été qualifiée de terroriste et tous les médias auraient parlé d’ensauvagement si le responsable n’était pas policier. Les faits se sont déroulés jeudi 13 février au soir à Wasquehal, au nord de Lille : des élèves de l’école de police locale font une soirée avec un formateur, et s’imbibent d’alcool.
Peu avant minuit, la troupe veut aller dans un bar discothèque, mais un des élèves se fait refouler à l’entrée. Visiblement trop bourré pour danser, l’apprenti flic parvient tout de même à conduire. Au volant de sa voiture, pour se venger, celui-ci fait un strike en percutant plusieurs personnes qui se trouvaient devant l’entrée du bar.
Cinq personnes blessées, dont une grièvement, sans qu’on n’en sache plus. Il faut dire que l’affaire a fait peu de bruit, ne suscitant que des brèves dans la presse dominante : un « fait divers ». Mais imaginez que le conducteur ait été un jeune musulman de banlieue : on parlerait immédiatement de terrorisme islamiste, des détails sordides seraient étalés dans la presse de caniveau, des fiches de police circuleraient en boucle sur CNews et BFM et son nom apparaîtrait en première page des journaux. Ici rien, ou si peu.
Ce n’est pourtant pas la première histoire de policier qui pète un plomb, sûr de son impunité, en particulier sous l’emprise de l’alcool. Cet été, deux hommes manifestement ivres avaient été filmés en train de tirer en l’air, depuis un balcon en plein Paris. Il s’agissait de deux policiers avec une curieuse manière de faire la fête. Déjà, les médias avaient été très discrets sur ces actes scandaleux.
En février 2019, un agent de la BAC de Nantes avait sorti son arme à feu et tiré sur deux passants alors qu’ils passaient devant chez lui. Le policier, alcoolisé et sous cannabis, était sorti de son domicile, arme à la main et avait ouvert le feu sur un homme au niveau de l’abdomen. Jugé en 2023, l’agent de la BAC explique qu’il était «fatigué» après une manifestation de Gilets Jaunes et qu’il voulait «décompresser».
À Nantes toujours, une histoire a particulièrement marqué la ville : «l’affaire de la roulette russe». En octobre 2004, des policiers qui participent à la surveillance d’un match du FC Nantes consomment cinq litres de punch planteur dans leur camion. Belle façon de fêter la victoire, six d’entre eux poursuivent la soirée au commissariat central, Waldeck-Rousseau. C’est là que deux policiers se livrent à une partie de roulette russe. Frédéric Ruault ôte quatre des cinq balles de son arme de service avant de la tourner sur lui et de tirer, sans effet. Le brigadier-chef Jean-Luc Guillermic prend l’arme à son tour, et tire sur son collègue. Cette fois, le coup est parti, tuant le policier sur le coup.
Rappelons toutefois que la police n’a pas besoin d’alcool pour être dangereuse. Le 19 juin 2024 au petit matin, un policier hors service débarquait chez sa grand-mère à Bobigny, parce qu’elle avait «entendu un bruit» dans une dépendance à côté de sa maison. Dedans, il y avait un SDF qui y avait trouvé refuge. Plutôt que d’attendre l’intervention de ses collègues en service, l’agent avait dégainé et exécuté cet homme originaire d’Algérie. 7 tirs, dont deux balles dans le dos et une dans la tête. Puis le tireur a pris des photos du cadavre. Me Yassine Bouzrou, l’avocat de la famille du défunt «privilégiait l’hypothèse d’un crime raciste, notamment compte tenu des termes qu’il a employés pour qualifier la victime durant ses auditions devant les enquêteurs».
En avril 2020 à Noisy-le-Grand, en banlieue parisienne, un policier tirait avec son arme de service sur son voisin qui «faisait du bruit». L’homme, gravement blessé à son domicile a frôlé la mort. Mais ce n’est pas tout : le policier s’était «mis en scène sur Snapchat», l’application de partage de vidéos et de photos. Oui, ce policier a mis en ligne des images de son crime, sur un compte à son nom, en temps réel ! D’abord en arborant son arme dans son pantalon avant d’aller tirer sur son voisin, puis devant un sol maculé de sang, avec ce sous-titre : «J’ai tiré». Le sentiment d’impunité est à son comble.
Pour finir, les écoles de police, où se forme le jeune agent qui a foncé sur une terrasse, sont des usines à nuisibles. En novembre 2023, le journal Le Parisien révélait une vidéo tournée au sein de l’école de police de Oissel, en Normandie. On y voyait un jeune homme subir une séance de torture : un formateur lui plaquait un T-Shirt trempé sur le visage, et le forçait à chanter la Marseillaise en lui donnant des coups à l’estomac. Le tissu humide le faisait suffoquer et les coups lui coupaient le souffle. Des scènes de torture, visiblement organisées sur de nombreux élèves.
Ce n’est pas la première affaire inquiétante qui touche cette école. Le 2 octobre, un élève policier était venu à une formation sur l’antisémitisme avec un exemplaire de Mein Kampf d’Adolf Hitler. La formatrice avait signalé cet incident. Le futur agent avait tout de même validé sa formation et reçu les «honneurs du sous-préfet», alors qu’il était connu au sein de l’école pour être un «gros facho».
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