Collaboration entre la police et la presse d’extrême droite et harcèlement en meute de la sœur de la victime dès le jour du crime
![Des fleurs en hommage à Louise, et deux tweets illustrant la récupération politique dont son assassinat fait l'objet.](https://contre-attaque.net/wp-content/uploads/2025/02/476805304_1037192388451250_7338689549968357087_n.jpg)
Tragédie absolue à Épinay-sur-Orge, banlieue pavillonnaire située dans l’Essonne. Le corps sans vie de Louise, 11 ans, a été retrouvé dans un bois samedi 8 février. La veille, l’adolescente n’était pas rentrée chez elle à la sortie du collège. Sa sœur avait rapidement appelé à l’aide sur les réseaux sociaux.
D’importantes recherches ont été lancées, mobilisant plus de 120 policiers, un hélicoptère, des drones et la brigade cynophile, pour retrouver le ou les auteurs de ce crime abominable. Alors que le décès de son enfant venait d’être confirmé, le père de la petite Louise a trouvé la force de faire savoir que la famille souhaitait «qu’aucune récupération politique ne soit réalisée sur (leur) malheur». Des mots relayés sur les réseaux sociaux par l’animateur de télévision Christophe Beaugrand-Gerin, qui précise être un proche de la famille.
Cette demande n’a pas été écoutée. Les fascistes se sont précipités sur le cadavre de l’enfant et ont piétiné la souffrance indicible d’une famille.
En premier lieu, l’abject média baptisé Frontières. Autrefois nommé «Livre Noir», il s’agit d’un média identitaire et pro-Poutine, fondé en 2021 avec le soutien financier de riches mécènes d’extrême droite, pour pousser la candidature de Zemmour à la dernière présidentielle. En octobre 2023, le secrétaire général du «Livre noir» était condamné pour des violences sur sa compagne. En juin 2024, le média changeait de nom pour «Frontières» et disait vouloir «peser encore davantage dans le paysage médiatique».
C’est ce média qui a immédiatement diffusé le nom, à consonance maghrébine, d’un suspect arrêté, en soulignant son «origine nord-africaine» et son casier judiciaire. Cet homme avait été arrêté le jour même du décès de Louise, avec sa compagne, par les enquêteurs. Le JDD, journal de Bolloré, évoquait aussi un suspect de «type nord-africain», donnant le prénom et l’initiale du nom de famille des deux personnes.
Quelques heures plus tard, ces deux personnes étaient relâchées et mises hors de cause par les enquêteurs. Mais le mal était fait. Toute la fachosphère et au-delà avait partagé leur identité, agrémentée de commentaires racistes et appelant à les tuer. Des noms livrés en pâture publiquement, en violation du secret de l’instruction, de la présomption d’innocence et du respect le plus élémentaire.
Encore plus abject, si c’est possible, le «journaliste» Jordan Florentin, un militant d’extrême droite radicale qui s’était illustré durant la pandémie de Covid en utilisant un Pass sanitaire au nom d’Adolf Hitler, est allé fouiller le profil Twitter de la sœur de Louise. En effet, celle-ci avait publié un appel au secours après la disparition de la victime. Jordan Florentin n’a donc rien trouvé de mieux que de remonter toutes ses publications. La sœur de la victime avait écrit plusieurs messages contre l’extrême droite.
Cette crapule de Florentin, qui travaille pour les médias Frontières et Cnews, a ainsi jeté à son importante audience des captures d’écran de la sœur de Louise, qu’il a présentée comme étant une «militante d’extrême gauche» qui aurait « partagé les positions de LFI et des propos anti-RN. Sa petite sœur vient d’être tuée dans un bois par un homme de type nord-africain ». Sous entendu : elle l’a bien mérité.
Dans la foulée, des milliers de militants d’extrême droite ont participé, en meute, à attaquer la sœur de la victime, qui a été contrainte de supprimer son compte. L’extrême droite qui harcèle une personne qui vient de vivre un traumatisme immense : aux confins de l’ignominie.
L’animateur Christophe Beaugrand-Gerin, proche de la famille et qui avait appelé à éviter toute récupération, a lui aussi été victime d’une vague d’insultes et de menaces, notamment homophobes, visant sa vie privée.
Quand tout le monde pleure une enfant assassinée, les fascistes cherchent la nationalité du criminel. Quand les pensées vont vers la famille, ils fouillent les tweets pour harceler les proches de la victime et pour leur dire qu’ils l’ont bien mérité. Il est impossible de faire société avec ces gens.
Pour rappel, le média Frontières avait déjà traqué le député FI Louis Boyard jusque devant son domicile en filmant son appartement, le mettant en danger. C’est aussi Frontières qui avait diffusé la fiche S du député Insoumis Raphaël Arnault. C’est Cnews, Frontières et autres qui ont organisé ces derniers jours la campagne raciste contre l’humoriste Merwane Benlazar, obtenant son licenciement.
Non seulement ces médias influent sur l’opinion, mais ils ont le soutien de la police. Qui d’autre que des policiers chargés de l’enquête auraient pu faire fuiter le nom d’un suspect et son casier auprès d’un journal d’extrême droite ? Qui d’autre a pu transmettre une fiche confidentielle ou l’adresse d’un député FI ?
Dans un pays normal, cette collaboration étroite et dangereuse de la police avec des néofascistes serait un scandale d’État, et les médias harcelant les proches d’une petite fille assassinée seraient voués au gémonies à tout jamais. En France, c’est la norme.
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