Le combat pour une « société socialiste en pays kanak » (et ailleurs) continue, Hnalaine!

vendredi 31 janvier 2025, par admin x

En hommage à notre camarade Hnalaine Uregei, militant kanak, indépendantiste de la première heure, nous publions ce témoignage de Vanina sur leur rencontre.

Le combat pour

une « société socialiste en pays kanak » (et ailleurs)

continue, Hnalaine !

Depuis quarante ans, j’avais quelque part dans un coin de ma tête l’idée que j’irais un jour au pays des Kanak et qu’alors, bien sûr, je rendrais visite à Hnalaine.
Hnalaine n’est plus au pays des Kanak, mais je conserve de lui des souvenirs que je partage ici avec ses proches.

J’ai fait la connaissance de Hnalaine à Paris fin 1984. Il effectuait une tournée d’information internationale en Europe en tant que représentant du FLNKS, nouvellement créé. Nous nous sommes rencontrés à l’Association information et soutien aux droits du peuple kanak (AISDPK), dont je faisais partie. J’ai apprécié Hnalaine pour sa grande culture politique, sa vivacité d’esprit, son humour, sa gentillesse – bref, pour ses nombreuses qualités qui le rendaient aussi intéressant qu’attachant.

Nous avons rapidement constaté que nous partagions un certain nombre d’analyses. Indépendantiste de la première heure avec les Foulards rouges, Hnalaine n’oubliait jamais que l’anticolonialisme doit s’accompagner de l’anticapitalisme pour ne pas sombrer dans le réformisme ; que le combat des peuples colonisés ne doit se réduire ni à cet anticolonialisme ni à la reconnaissance de leur identité particulière, et toujours défendre une position de classe. Hnalaine était un internationaliste convaincu qu’une révolution demeure indispensable pour supprimer l’exploitation et les hiérarchies sociales…

J’ai invité Hnalaine à l’émission « Peuples en lutte » que j’animais alors sur Radio-Libertaire, et nous avons également eu des discussions élargies entre autres à Jimmy Ounei, Isabelle Leblic ou Daniel Guerrier. Tout ce matériau recueilli est devenu un numéro spécial de la revue Informations et réflexions libertaires ; intitulé « Solidarité avec la lutte du peuple kanak », il est paru en janvier 1985 [1].

Avec d’autres libertaires investi-e-s dans l’AISDPK, nous avons créé au début de 1985 une Coordination libertaire anti-impérialiste. Il y avait parmi nous des militant-e-s de la Fédération anarchiste (FA), de l’Union des travailleurs communistes libertaires (UTCL), de l’Organisation communiste libertaire (OCL), de la Coordination libertaire étudiante (CLE), des rédactions d’IRL et de L’Entraide, et du COJRA (comité d’organisation des journées et des réflexions antiautoritaires).

Notre manifeste «  Il est fini le temps des colonies !  », rendu public en avril 1985 [2], se concluait par :

« Les luttes de libération nationale, et en premier lieu celle des Kanak, doivent pouvoir compter sur notre solidarité ici. Le développement d’un large mouvement anticolonial doit permettre de rendre plus difficiles les pratiques répressives du gouvernement, et injustifiables les projets néocolonialistes. (…).
Indépendance pour la Kanaky !
Solidarité avec les peuples en lutte contre l’Etat français ! »

On le voit, si les gouvernants français et ceux des institutions calédoniennes ont changé, ce manifeste est malheureusement toujours d’actualité. Quarante ans séparent les « événements » des « émeutes », mais la répression s’est abattue aujourd’hui comme hier sur les personnes qui y ont participé, le piège de la démarche institutionnelle a fonctionné pour nombre de leaders indépendantistes, et la solidarité à l’égard du mouvement indépendantiste est très faible dans l’« Hexagone ».

Pour ma part, j’ai continué de suivre à distance l’évolution de ce mouvement et d’être solidaire des courants qui défendaient une émancipation sociale [3]. J’ai ainsi pu constater que Hnalaine était resté ferme sur ses positions et toujours prêt à se battre pour une « société socialiste en Kanaky » – cela m’a fortement réjouie.

Si je ne reverrai pas ce vieux camarade au pays des Kanak, il restera dans ma mémoire comme une belle rencontre.

Vanina

Notes

[1] Ce numéro 59 d’IRL est trouvable sur le site du Centre de recherche pour l’alternative sociale (CRAS) de Toulouse

[2] Il a été republié en juin 2011 dans le numéro « Luttes de libération nationale. Une révolution possible ? » réalisé en commun par l’OLS (Offensive libertaire et sociale) et l’OCL : Offensive n° 30 / Courant alternatif hors-série n° 17.

[3] J’ai écrit dans Courant alternatif des articles téléchargeables sur le site oclibertaire.lautre.net

https://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article4358

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