« Chère Frustration, le fascisme est-il de gauche ? »

par Rob Grams | 19 Déc 2024 | Chère Frustrationfascisme

Chère Frustration est une rubrique créée pour permettre à nos lectrices et lecteurs de nous adresser des questions, des remarques ou des témoignages sur lesquelles elles ou ils souhaitent une réponse publique de notre part. Aujourd’hui, le comité de rédaction répond à Raziel qui nous demande des arguments factuels contre celles et ceux qui affirment que le fascisme proviendrait de la gauche.
Pour participer à “Chère Frustration”, écrivez-nous à redaction@frustrationmagazine.fr


« Bonjour,

C’est avec plaisir que je prends le temps de vous écrire. 

Lecteur et abonné à votre magazine depuis bientôt plus de 2 ans, je diffuse vos idées, vos argumentaires auprès de certains amis de « droite ». Et la surprise est que certains d’entre eux changent de regard (non sans difficulté) sur l’angle et l’approche concernant l’actualité.

Mais quelle fut ma surprise, lorsque j’ai demandé à une personne d’où vient le fascisme et qu’elle me répond que cela provenait du socialisme.

À cet instant, il fallait répondre très rapidement à l’aide de vos travaux et de ceux d’autres personnes en quoi le fascisme n’est pas de gauche. 

Hier soir encore, sur LinkedIn, une personne a posté le fait que le fascisme et le nazisme provenaient du socialisme. Il a bien-sûr reçu une salve de moqueries mais peu d’arguments factuels.

Est-il possible dans un article, quand vous aurez le temps, de structurer une réponse en quelques points ? Une lecture de 20-30 minutes peut-être. Ou un autre type de format? 

Merci encore pour le temps que vous avez pris pour le lire.

Je vous souhaite un bon début de semaine.

Cordialement,

Raziel« 


Bonjour Raziel et merci pour votre message. 

L’idée que le “fascisme serait de gauche” est un classique de la rhétorique centriste avec d’autres bêtises du type “les extrêmes se rejoignent” ou “dans national-socialisme il y a…Socialisme 😉 ;)”. L’objectif est grossier : rendre “la gauche” responsable de systèmes dont elle a été victime et contre lesquels elle a résisté, et évincer la responsabilité majeure de la bourgeoisie et de la droite dans l’avènement des régimes fascistes. 

Toutefois, comme cette rhétorique revient souvent, en particulier sur les réseaux sociaux, nous allons essayer de la prendre au sérieux et d’y répondre. 

Pour cela il nous faut d’abord définir la gauche (nous préciserons les caractéristiques clés du fascisme au cours du déroulé même), exercice peu aisé tant elle recouvre des courants extrêmement différents. Nous l’assimilerons donc ici plutôt au socialisme, qui dans sa définition la plus élémentaire est l’objectif d’une société sans classe, c’est-à-dire sans propriété privée des moyens de production (donc assez éloigné d’Olivier Faure hein…). 

Un fait : les régimes fascistes massacrent les socialistes et la gauche

Avant toute considération théorique, il faut revenir à des faits historiques basiques qui permettent déjà de neutraliser l’idée que le “fascisme serait de gauche” : chronologiquement, la première cible du fascisme a été la gauche. 

Cela est vrai que l’on prenne le fascisme dans un sens très restreint – qui ne compte que l’Italie fasciste (1922-1945) et l’Allemagne nazie (1933-1945) – ou dans un sens plus élargi, c’est-à-dire en intégrant les régimes autoritaires de droite, comme par exemple le Chili de Pinochet (1973-1990), l’Espagne franquiste (1939-1975), le régime des colonels en Grèce (1967-1974) ou encore le Portugal de Salazar (1933-1974).

Chronologiquement, la première cible du fascisme a été la gauche. 

Dans toutes ces expériences fascistes ou fascisantes, les premières victimes de ces régimes (encore une fois au sens chronologique) ont été les syndicalistes, le mouvement ouvrier, la gauche en général, et les militantes et militants communistes. Les fascistes ont systématiquement démantelé les organisations syndicales et les mouvements ouvriers pour les remplacer par des structures contrôlées par l’État. Cela s’est accompagné d’une propagande massive pour déshumaniser et diaboliser les militantes et militants de gauche, les accusant de diverses conspirations et les rendant responsables, avec d’autres groupes, des problèmes de la nation. Force est de constater que l’on retrouve d’ailleurs aujourd’hui de nombreux éléments de cette propagande qui cherche à lier gauche et islamisme (“islamo-gauchiste” qui vient remplacer le “judéo-bolchévique”), ou à parler “d’ennemi intérieur”, d’ “anti-France” (terme historiquement maurrassien et pétainiste repris désormais par la macronie). 

L’objectif idéologique était clair : détruire la gauche, et ce dans toutes ces formes (socialisme, communisme, anarchisme etc.). 

Les fascistes ont systématiquement démantelé les organisations syndicales et les mouvements ouvriers pour les remplacer par des structures contrôlées par l’État.

Quelques exemples concrets : 

Si la destruction des mouvements ouvriers, syndicaux et de gauche a été une priorité politique pour les régimes fascistes, c’est parce qu’elle était un moyen de consolider leur pouvoir en annihilant toute opposition populaire. Pour la classe dominante et la grande bourgeoisie, les dictatures fascistes ont paru un moindre mal par rapport à l’agitation révolutionnaire de gauche. 
Bien sûr, d’autres groupes ont été des victimes importantes ou majoritaires des fascismes (minorités ethniques, colonisés, intellectuels, religieux, etc.), exemplairement dans le cas du nazisme avec le génocide des juifs d’Europe. 

Des liens entre fascisme, socialisme et communisme ?

Il faut toutefois s’intéresser aussi aux origines de l’idéologie fasciste, l’un des fruits de la modernité capitaliste. 

La droite révolutionnaire selon Zeev Sternhell : des influences de gauche dans le fascisme ?

L’historien israélien Zeev Sternhell a livré une analyse très intéressante, bien qu’aussi très contestée, voyant une partie de l’origine idéologique du fascisme dans la gauche française. 
Dans son ouvrageNi droite ni gauche : L’idéologie fasciste en France, publié en 1983 qui a donné lieu à un riche débat historiographique, Sternhell affirme que le fascisme ne peut pas être réduit à une extension de l’extrême droite, mais qu’il s’est également nourri de certains éléments de la pensée socialiste, avec une sorte de synthèse entre nationalisme et socialisme. Il s’intéresse notamment à des mouvements et penseurs français comme Georges Sorel, Charles Péguy ou encore le courant des syndicalistes révolutionnaires.
Ses travaux ont notamment eu le mérite de documenter des passages, a priori étranges, de figures et de militants de gauche à l’extrême droite – type de parcours que l’on retrouve encore aujourd’hui et qui nécessite analyse – et l’existence de zones grises entre gauche et droite.  

Toutefois, cette thèse a aussi été largement critiquée en ce qu’elle a pu sous-estimer les différences fondamentales entre socialisme et fascisme (que nous allons creuser davantage). L’historien Serge Berstein a notamment contesté la généralisation de Sternhell, estimant, avec d’autres spécialistes, qu’il exagérait l’influence des idées de gauche sur la formation du fascisme, et marginalisait des facteurs clés comme le catholicisme ou les élites conservatrices.

Mussolini était-il un socialiste ? 

L’un des points qui est souvent soulevé est le passage du socialisme au fascisme de Benito Mussolini. Mussolini, provenant d’une famille de gauche, fut en effet membre un temps du Parti socialiste italien (PSI). Mais c’est mal connaître son parcours fait, déjà, d’extrémisme violent et de militarisme, et la rupture fondamentale de la Première Guerre mondiale (1914-1918), que d’y voir une continuité. En 1914, alors que les socialistes sont pacifistes et non-interventionnistes, Mussolini veut la guerre, et se fait exclure pour cette raison. Il crée un journal militariste, Il Popolo financé par des industriels. Dès 1917, il souhaite que ce soit les anciens combattants qui dirigent le pays et voit les socialistes comme “des ennemis mortels”. En 1920, il s’allie aux partis de droite, obtient le soutien de la bourgeoisie effrayée par “le péril rouge”, et fonde, l’année suivante, le Parti national fasciste. On le voit : Mussolini n’a absolument plus rien ni de gauche ni de socialiste, si tant est que ce fut le cas un jour. 

Y avait-il du “socialisme” dans le “national-socialisme” (nazisme) ? 

L’autre point rhétorique qui est soulevé est le “socialisme” de “national-socialisme” (l’autre mot pour nazisme). Au-delà de la débilité de l’argument (il y a “démocratique” dans “République populaire démocratique de Corée”, le nom officiel de la Corée du Nord, sans que l’on puisse tout à fait associer l’idée démocratique au régime nord-coréen…), regardons-y de plus près. 

Adolf Hitler et le NSDAP (le parti nazi) ont effectivement délibérément choisi le terme socialisme pour attirer les ouvriers et les classes populaires, qui étaient souvent affiliés à des partis de gauche (socialistes ou communistes). Cela leur permettait de concurrencer les mouvements ouvriers tout en élargissant leur base de soutien. Le mot socialisme résonnait positivement chez de nombreux travailleurs et travailleuses, car il était associé à la justice sociale et à l’opposition aux élites traditionnelles. En s’appuyant sur une rhétorique anti-élitiste, les nazis prétendaient défendre les « travailleurs allemands » contre les grandes entreprises (dans les faits, ils s’allièrent aux industriels).
Dans l’idéologie nazie, ce “socialisme” n’a rien à voir avec le marxisme ou le communisme (qualifiés de “bolchevisme juif”), il ne renvoie pas au socialisme de la société sans classe, mais à la “Communauté du peuple” (Volksgemeinschaft), une société dans laquelle les intérêts de classe ou individuels sont effacés au profit de l’Etat national et de la race, donc limitée aux “Aryens” et excluant les Juifs, les minorités et les opposants politiques. Ce “socialisme” qui n’a de socialisme que de nom était un “collectivisme racial” plutôt qu’un “collectivisme de classe”. 

Dans l’idéologie nazie, ce “socialisme” n’a rien à voir avec le marxisme ou le communisme (qualifiés de “bolchevisme juif”), il ne renvoie pas au socialisme de la société sans classe, mais à la “Communauté du peuple” (Volksgemeinschaft), une société dans laquelle les intérêts de classe ou individuels sont effacés au profit de l’Etat national et de la race, donc limitée aux “Aryens” et excluant les Juifs, les minorités et les opposants politiques.

Si les nazis ont parfois critiqué les grands capitalistes pour séduire les masses, ils ont, dans les faits, collaboré étroitement avec les élites économiques et industrielles (comme par exemple Krupp ou IG Farben), supprimé les droits des travailleurs et les syndicats indépendants et se sont opposés à toute redistribution de richesse et politiques égalitaires. 
Par ailleurs, Hitler a rapidement “purgé” le parti nazi d’une sorte “d’aile gauche” (avec d’énormes guillemets…).  Les SA (Sections d’Assaut), dirigées par Ernst Röhm – extrêmement antisémites et antidémocratiques – étaient une frange “socialiste révolutionnaire” du parti nazi, dotée d’un discours plus antipatronal, en faveur d’une nationalisation des grandes industries et d’une redistribution des richesses. Les revendications de cette frange des nazis ont rapidement été considérées comme menaçantes par les élites et l’armée. Afin de rassurer les élites conservatrices, Hitler a procédé à une purge massive, connue sous le nom de “La Nuit des longs couteaux” (30 juin – 2 juillet 1934) au cours de laquelle furent arrêtés et exécutés des centaines de SA, dont Ernst Röhm. 

Bref, parler du “socialisme” de “national-socialisme” n’est qu’une rhétorique grossière et paresseuse, qui s’abstient de le définir, c’est-à-dire un collectivisme racial visant à effacer les luttes de classe au profit de l’État et de la race, tout en collaborant avec les élites industrielles, un projet qui n’a donc aucun point de jonction avec la gauche. 

L’antisémitisme est-il “le socialisme des imbéciles” ?

Le “socialisme des imbéciles” c’est ainsi que le social-démocrate Auguste Bebel décrivait l’antisémitisme. 

Cela a un point de justesse : l’antisémitisme contemporain se nourrit notamment d’une colère anti-élites. Il a été (et peut être encore) une stratégie de la classe dominante pour faire dévier la colère populaire à son encontre contre un groupe limité et vulnérable. Plutôt que de s’en prendre au capital, les antisémites vont chercher à créer une association entre capitalisme et Juifs. De cette manière, l’antisémitisme peut même parfois contaminer certaines personnes à gauche. L’obsession à l’encontre des capitalistes juifs (Rothschild, Soros…), pourtant très minoritaires, que l’on rencontre parfois, en fait partie. Il s’agit bien d’une imbécilité (et d’une imbécilité très dangereuse) en ce qu’elle remplace des rapports sociaux (le capital) par des essentialisations racistes. Si le capital a pu tolérer voire appuyer l’antisémitisme jusqu’à son versant génocidaire, c’est parce qu’il n’a jamais été menacé par l’antisémitisme. 

Plutôt que de s’en prendre au capital, les antisémites vont chercher à créer une association entre capitalisme et Juifs. De cette manière, l’antisémitisme peut même parfois contaminer certaines personnes à gauche. L’obsession à l’encontre des capitalistes juifs (Rothschild, Soros…), pourtant très minoritaires, que l’on rencontre parfois, en fait partie.

Mais cette expression a aussi ses limites car l’antisémitisme est protéiforme, et l’antisémitisme de la bourgeoisie de droite, conservateur, chrétien, n’est pas autant emprunt du discours anti-élitiste ou anti-finance. 

Par ailleurs, à partir du moment où un discours remplace l’analyse de classes par une analyse profondément raciste, il est légitime de considérer que, par définition, ce discours n’a plus rien de gauche ou de socialiste.

Le totalitarisme selon Hannah Arendt : des similarités entre fascisme et stalinisme

La philosophe Hannah Arendt a proposé une réflexion très poussée sur la notion de totalitarisme, en particulier dans son ouvrage Les Origines du totalitarisme (1951) qui inclut le fascisme et le communisme (en particulier dans son versant stalinien). 

Elle y voit en effet des caractéristiques communes comme par exemple la centralisation extrême du pouvoir, l’utilisation de la terreur, la prééminence de la propagande et de l’idéologie, la destruction des libertés individuelles ou la rupture avec les formes traditionnelles de gouvernement. 

Hannah Arendt n’a jamais réduit fascisme et communisme à une seule et même entité idéologique.

Toutefois Hannah Arendt n’a jamais réduit fascisme et communisme à une seule et même entité idéologique. Elle a notamment noté que le fascisme fût, justement, une réaction à l’essor du communisme, en particulier après la révolution russe de 1917.

Socialisme et fascisme sont deux modèles diamétralement opposés

On l’a dit plus haut, l’anticapitalisme du fascisme est un anticapitalisme de façade, un anticapitalisme “de droite”. Le film Fight Club donne par exemple un bon aperçu des affects révolutionnaires fascistes : un dégoût pour une société salariée, considérée comme féminisée, dans laquelle le vitalisme, la nature guerrière et violente des hommes ne peut plus s’exprimer librement. 

Si le fascisme a une lecture de classes, ce n’est pas pour promouvoir la société sans classe mais au contraire le corporatisme, c’est-à-dire une soi-disant “réconciliation des classes” par une supervision et collaboration de l’Etat avec les grandes entreprises et la suppression des droits syndicaux. 

Film préféré d’Adolf Hitler, Metropolis (1927) de Fritz Lang montre la collaboration de classe qui vient mettre un terme à la division et aux conflits engendrés par la lutte des classes.

D’une manière générale, toutes les caractéristiques fondamentales du fascisme – restriction totale des libertés, culte du chef, traditionalisme, négation de l’individu, supériorité masculine, nationalisme, impérialisme et volonté d’expansion territoriale – sont contraires à tout ce qui constitue la gauche, même dans ses définitions les moins ambitieuses. 

Le confusionnisme est propice à l’apparition d’une pensée fasciste

Ce qui est propice au développement d’une pensée fasciste n’est pas tant “la gauche” que le “confusionnisme”, c’est-à-dire cette pensée qui se voudrait “ni de droite ni de gauche” (et qui est donc de droite) ou “et de gauche et de droite” (et donc de droite). 

Ce qui existe donc c’est le confusionnisme, un supposé mélange entre idées de droite et de gauche, sans colonne vertébrale. Le soralisme (Egalité et Réconciliation) qui se prétend “gauche du travail” et “droite des valeurs” appartient, par exemple, à cette tendance. Alain Soral, affirmant par ailleurs avoir été membre du Parti communiste avant de rejoindre le Front national de Jean-Marie Le Pen. Mais tout cela repose sur des mensonges. Le soralisme ne ment pas sur son versant droite – patriarcat revendiqué, homophobie, transphobie, antisémitisme, négationnisme, etc – mais ment sur son versant “gauche du travail” puisque ne soutenant pas les luttes sociales, ni aucun type de socialisation des moyens de productions. Se revendiquer d’un lien avec les classes populaires, imaginaire ou non, ne suffit pas pour se qualifier “de gauche”. 

D’une manière générale, lors des moments de fascisation – et nous en traversons un – ce sont des personnes de tout le champ politique qui s’extrême-droitisent.

On peut ajouter au confusionnisme la gauche sans lecture de classe, c’est-à-dire une gauche morale sans analyse matérialiste. Celle-ci finit souvent par analyser tout sous le prisme des “réseaux”, préfère parler de “ploutocratie”, de “castes”, “d’oligarchie”, plutôt que de bourgeoisie, de capital ou de patrons, accuse la “prostitution des élites” et la “corruption” plutôt que d’étudier froidement et rigoureusement le système de classes. L’idée que ce serait une petite élite qui “pourrirait” un corps qui serait de base “sain”, c’est-à-dire une approche qui passe à côté du fait que les comportements antisociaux des capitalistes sont eux-mêmes des produits du capitalisme, qu’il n’y a pas une “finance internationale” qui viendrait saboter des économies nationales productives mais que cette finance est bel et bien l’outil et le produit des puissances capitalistes elles-mêmes, est propice à des débouchés antisémites ou fascisants.  

D’une manière générale, lors des moments de fascisation – et nous en traversons un – ce sont des personnes de tout le champ politique qui s’extrême-droitisent. Des personnes qui se considèrent de gauche passant à l’extrême droite, comme par exemple Michel Onfray, sont de ce point de vue des symptômes. Des symptômes qui ne doivent pas faire oublier l’évidence, à savoir que l’essentiel des cadres de l’extrême droite viennent de la droite et de la bourgeoisie, et que ce qui est spectaculaire c’est avant tout la fascisation des centristes, Pierre Manent déclarant en toute décomplexion qu’il faut “réduire le nombre de Musulmans en Europe” en étant un exemple aussi parlant que consternant.

Le fascisme est l’une des formes du capitalisme

Ce n’est pas du socialisme que provient le fascisme, mais bien du capitalisme, voire de la démocratie libérale elle-même. 

Le fascisme est l’une des formes les plus brutales du capitalisme pour résoudre ses contradictions. Si le fascisme diffère politiquement de la démocratie libérale, sur le plan du système de production, et ce malgré des formes plus poussées de contrôle étatique (mais le capitalisme ne se définit pas par le libre marché), celui-ci continue de se caractériser par la domination du capital et de la propriété privée, par l’extorsion de la plus-value issue du surtravail des travailleuses et des travailleurs ainsi que par l’hégémonie de la forme-marchandise. On a même pu voir cohabiter, comme dans le Chili de Pinochet qui a servi de laboratoire au néolibéralisme de Milton Friedman, des formes fascistes de pouvoir avec le libéralisme économique le plus débridé et le plus sauvage. 

Le fascisme est l’une des formes les plus brutales du capitalisme pour résoudre ses contradictions.

Quand la démocratie libérale paraît insuffisante à la bourgeoisie pour maintenir sereinement sa domination de classe, l’option fasciste lui semble un moindre mal ou un mal nécessaire.  

En conclusion, l’idée que le fascisme puisse être associé à la gauche est une rhétorique fausse et manipulatrice. Les régimes fascistes ont d’abord ciblé et réprimé les mouvements de gauche, les syndicats, et les socialistes, afin de détruire toute forme de résistance populaire. Les exemples historiques de Mussolini, Hitler, Franco et d’autres régimes fascistes démontrent clairement que ces mouvements étaient avant tout de droite, anti-socialistes, et soutenus par les élites bourgeoises. Les références à un “socialisme” dans le fascisme, telles que dans le cas du nazisme, sont purement rhétoriques et servent à manipuler les masses tout en collaborant avec les puissances capitalistes. Le fascisme s’oppose fondamentalement aux idéaux socialistes, visant à écraser toute lutte de classe au profit d’un pouvoir totalitaire et nationaliste.


Rob Grams

Crédit Photo : Les Nazis à Munich, lors du Putsch de la Brasserie (1923) – Bundesarchiv, Bild 119-1486 / CC-BY-SA 3.0, CC BY-SA 3.0 DE via Wikimedia Commons

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