Antifascisme, Extrême droite, Répression
Ouest-France publie ce vendredi un article anxiogène : «L’ultra-gauche nantaise appelle à manifester, samedi 14 décembre, à Orvault, où une réunion publique en présence de la députée européenne Angéline Furet (Rassemblement national) est organisée. La préfecture, qui craint les mêmes débordements qu’à Vertou, le 26 octobre, a décidé d’interdire toute manifestation».
Il ne s’agit pas de journalisme – les nombreux collectifs et syndicats qui appellent à manifester ne sont même pas interrogés – mais d’un tract militant. Un tract qui pourrait être dicté directement par le RN ou la préfecture, afin de diaboliser la manifestation annoncée contre l’extrême droite.
Ce type d’article est révélateur de la droitisation généralisée des médias et des esprits. Il y a quelques années encore, tout le monde ou presque trouvait normal qu’un meeting Lepéniste soit chahuté, et s’alarmait au contraire qu’une mairie puisse lui prêter une salle municipale. C’était consensuel, évident, basique.
Aujourd’hui, c’est littéralement l’inverse. La presse dénonce l’«ultra-gauche» alors qu’il s’agit d’un simple appel contre le racisme, signé par des organisations aussi institutionnelles que le syndicat Solidaires ou la France Insoumise. Tout est fait pour dramatiser la manifestation et, ainsi, justifier une éventuelle répression policière.
Concrètement, le maire «écologiste» de la ville d’Orvault, Jean-Sébastien Guitton, qui appartient à la fameuse majorité «rose-verte» qui dirige la métropole nantaise, n’a vu aucun problème à louer une de ses salles à l’extrême droite. En revanche, il est effrayé à l’idée qu’une manifestation antifasciste puisse avoir lieu dans sa commune. Scandalisé par l’idée même d’une riposte au RN, il a même envisagé de publier un arrêté d’interdiction de manifester sur son territoire.
Il n’en a pas eu besoin. Le préfet a invoqué un risque de «trouble à l’ordre public» pour interdire la manifestation. Par contre, ce brave maire de gauche, celui qui a prêté la salle, ne voit aucun risque de «trouble à l’ordre public» à offrir sa salle au RN. Alors que c’est précisément ce qui cause le trouble.
«En tant que maire, la loi ne me permet pas de m’opposer à la location d’une salle municipale par un parti politique, quel qu’il soit» explique-t-il au Figaro.
Par le passé, la plupart des municipalités de gauche se rétractaient lorsqu’elles découvraient un évènement du RN dans l’une de leurs salles. Surtout si une contre-manifestation était annoncée. Mais l’écologiste Jean-Sébastien Guitton semble bien décidé à ce que ce meeting ait lieu.
«Nantes gauchiste, nouvel épisode» a tweeté, à propos de l’appel antifasciste, le conseiller régional RN Gauthier Bouchet. Ce monsieur est par ailleurs un grand soutien du dictateur sanguinaire Bachar Al Assad, il s’est même personnellement rendu en Syrie avant la chute du régime. Si Nantes était «gauchiste», l’ensemble des institutions ne serait pas en train de se plier en quatre pour protéger et donner les moyens au RN, qui est groupusculaire localement, de s’implanter.
Derrière ce numéro pitoyable, un constat alarmant : la plupart des partis de gauche semble déjà mûre pour l’arrivée au pouvoir du fascisme. Ils sont déjà prêt à travailler avec le RN, à leur donner des lieux et à réprimer en priorité la jeunesse qui manifeste plutôt que les nervis d’extrême droite. Ils ont plus peur de la rue que des héritiers du pétainisme.
Il faut donc s’attendre, ce samedi 14 décembre, à nouveau, à un meeting d’extrême droite sous haute protection policière. La préfecture annonce même le déploiement de drones.
Les deux appels à manifester sont maintenus :
- À 13h, avec les syndicats et partis de gauche devant la mairie d’Orvault.
- À 14h, rond point de l’Odyssée, à proximité de la salle donnée au RN.
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