Afrique(s) Entretien
Nedjib Sidi Moussa. © Photomontage Mediapart
Dans un entretien à Mediapart, le politiste Nedjib Sidi Moussa décrypte les raisons de la solidarité française à géométrie variable envers les détenus d’opinion algériens et pointe la tendance lourde du milieu littéraire français à promouvoir les auteurs du Maghreb seulement lorsque ceux-ci réhabilitent le colonialisme français.
27 novembre 2024 à 20h37
Après plusieurs jours de mystère autour du sort réservé à l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, arrêté à sa descente d’avion le 16 novembre, on en sait un peu plus sur les motifs de son emprisonnement. Selon El Moudjahid, média officiel du gouvernement, Boualem Sansal est poursuivi pour « atteinte à l’intégrité et à l’unité nationales et aux institutions de l’État ». Une accusation assimilée dans le droit algérien à un acte de terrorisme et passible de la prison à perpétuité.
Jusqu’à cet automne, l’auteur, propriétaire d’une maison à Boumerdès (près d’Alger), faisait régulièrement des allers-retours entre la France et l’Algérie, sans jamais être inquiété par les autorités algériennes. Son arrestation est motivée par l’entretien accordé au média français d’extrême droite Frontières, où il reprend la position marocaine selon laquelle le territoire du royaume chérifien aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l’Algérie.
L’auteur de Vivre – son dernier roman de science-fiction sorti en 2024 –, acerbe critique de l’autoritarisme du pouvoir algérien, est surtout connu en France pour sa filiation idéologique avec l’extrême droite et ses mises en garde répétées dans les médias de la fachosphère du « risque d’islamisation de la France ». Il rejoint les 228 détenu·es d’opinion, journalistes, manifestant·es ou simples citoyen·nes ayant partagé leurs critiques sur les réseaux sociaux, et qui croupissent dans les prisons algériennes, victimes de l’arbitraire du régime.
Nedjib Sidi Moussa. © Photomontage Mediapart
Pourtant, ceux à droite et à l’extrême droite qui montent au créneau pour réclamer la libération de Sansal et dénoncer une atteinte à la liberté de pensée, se soucient moins du sort des prisonniers du Hirak algérien, le mouvement de protestation populaire créé en 2019 contre le manque de liberté politique en Algérie.
Pour avoir rappelé dimanche sur France 5 les liens de Boualem Sansal avec la presse d’extrême droite et exprimé son malaise face à ceux qui l’érigent en héraut des droits humains, le politiste Nedjib Sidi Moussa fait depuis l’objet d’une virulente campagne de dénigrement raciste organisé par la fachosphère et alimentée par la chercheuse affiliée au CNRS Florence Bergeaud-Blackler et le caricaturiste Xavier Gorce.
Dans un entretien accordé à Mediapart, il décrypte les raisons de la solidarité à géométrie variable pour les détenus d’opinion algériens et dénonce une utilisation tactique d’écrivains algériens par l’extrême droite française pour porter ses combats réactionnaires.
Mediapart : Boualem Sansal est depuis longtemps un auteur critique du régime algérien. Il n’avait pourtant jamais été inquiété jusqu’alors. Quelle ligne rouge a-t-il franchie aux yeux du pouvoir algérien ?
Nedjib Sidi Moussa : Avant toute chose, je tiens à répéter que je suis contre toutes les prisons, et contre toutes les dictatures. Expliquer la récupération dont fait l’objet l’arrestation d’un écrivain, ce n’est pas justifier ou donner des arguments à la répression. Que les choses soient claires pour tout le monde.
Boualem Sansal émerge à la fin de la guerre civile algérienne avec un roman qui va connaître un succès important, Le Serment des barbares, édité en français par Gallimard en 1999. Livre qui sera traduit en arabe par l’universitaire algérien Mohamed Sari. Dès cette époque, Sansal accrédite une théorie qui relève de la falsification historique, à savoir « le retour en scène des seigneurs de la guerre ou de leurs successeurs ».
Ce faisant, il cherche à établir un lien de continuité entre la « première guerre d’Algérie » et la « seconde », plus précisément entre les maquisards messalistes – Messali Hadj est le père du nationalisme algérien – pendant la lutte de libération nationale et les insurgés islamistes durant la « décennie noire » [la guerre civile qui a eu lieu de 1992 à 2002 – ndlr].
L’opposition de Boualem Sansal au régime algérien […], c’est celle d’une certaine élite francophone, […] qui regarde de haut le « petit peuple » arabophone et la diaspora.
C’est une thèse simpliste qui épouse sur ce point la vulgate nationaliste pro-FLN (le parti au pouvoir depuis l’indépendance de l’Algérie), dans la mesure où elle participe de la stigmatisation des messalistes et de leurs enfants, accusés d’avoir voulu se venger de leur élimination politique durant la révolution anticoloniale puis de leur marginalisation depuis l’indépendance. Néanmoins, ce récit a le mérite de souligner que les spectres de la lutte de libération nationale hantent toujours la société algérienne, même si l’« ennemi intérieur » évolue avec les générations.
Son succès littéraire en France repose aussi sur une espèce de posture dissidente en carton-pâte. Sansal, pendant longtemps, et tant qu’il était en liberté, se plaisait à affirmer que ses livres étaient interdits en Algérie, qu’il y était censuré par le régime, etc. En réalité, il a toujours refusé d’être édité en Algérie et il n’a pas voulu rencontrer le public algérien comme il a pu le faire avec ses lecteurs français.
Ses livres, pourtant, étaient présents dans certaines librairies ou événements culturels. Il n’y avait donc pas de mesures d’interdiction jusqu’à une période récente. Reste à voir si cela va évoluer. Cependant, il faut bien le dire, son séjour controversé en Israël, en 2012, a suscité l’hostilité d’une grande partie du lectorat algérien, tout comme la sympathie de ses lecteurs occidentaux.
De même, son opposition au régime algérien reposait au fond sur une posture bourgeoise et droitière, c’est celle d’une certaine élite francophone, d’une fraction de la nomenklatura en déclin qui regarde de haut le « petit peuple » arabophone et la diaspora, en appuyant sur le clivage entre les enfants de prolétaires immigrés, « les racailles » ou les « hybrides » comme ils les surnomment parfois, et une immigration « choisie », issue de milieux privilégiés, les « cadres » éduqués et francophones, porteurs de la civilisation et de la culture françaises.
La parole de l’écrivain originaire du “Sud” reste prisonnière de contraintes sociales et culturelles qui le dépassent.
En réalité, Sansal s’inscrit, volontairement ou non, dans une histoire longue, celle de l’apparition des écrivains algériens de langue française, au début des années 1950, reçus avec une certaine curiosité par une frange du public français, qui ne s’intéresse toutefois qu’au pittoresque, à l’exotisme, et qui voit dans ces « indigènes », parlant leur langue, partageant certains codes culturels voire les mêmes obsessions, des « interlocuteurs valables ».
Cela répond à une demande, façonnée par l’industrie culturelle et l’idéologie ambiante, qui vise à conforter un regard colonialiste et suprémaciste sur l’Algérie et les Algériens. De ce fait, la parole de l’écrivain originaire du « Sud » reste prisonnière de contraintes sociales et culturelles qui le dépassent. Cependant, Sansal semble clore un cycle dans la mesure où la génération des Kateb Yacine, Mohammed Dib ou Mouloud Feraoun portaient une exigence de dignité du peuple colonisé, et s’inscrivaient dans une dynamique de progrès, sans nier les difficultés de la société algérienne.
Cela étant, il est tout à fait acceptable qu’un auteur algérien écrive pour un public français. C’est son droit le plus strict. Et il n’y a rien à dire à cela. Cependant, Sansal le fait pour brosser le chauvinisme français dans le sens du poil, et alimenter à longueur d’interviews, un discours de haine, de rejet d’une partie de la population perçue comme un « ennemi intérieur » par les droites extrêmes.
Aux yeux du pouvoir algérien, la ligne rouge que Boualem Sansal aurait franchie, n’est pas celle du racisme, puisque le sort des ressortissants algériens qui résident en France ne semble pas être sa priorité. En revanche, ce que les autorités algériennes ne tolèrent pas, ainsi qu’une grande majorité de la population, c’est la remise en cause de la souveraineté nationale.
Ce qui peut s’entendre quand on a été colonisé pendant plus d’un siècle. À partir du moment où Sansal s’est fait l’écho d’un récit perçu comme hostile au regard de la « guerre froide » entre l’Algérie et le Maroc, il franchit une ligne rouge aux yeux du pouvoir politique mais aussi aux yeux de la société civile.
Boualem Sansal s’est depuis longtemps acoquiné avec le pire de l’extrême droite raciste et xénophobe. Dans les portraits réalisés depuis son arrestation, cette dimension-là de l’auteur est complètement occultée. Rappeler cela signifie-t-il forcément justifier son arrestation ?
Le fait de condamner l’incarcération de Boualem Sansal et de réclamer sa libération immédiate sont deux choses tout à fait audibles. Car ce n’est pas avec l’emprisonnement d’un auteur que l’on combat ses idées nauséabondes. Mais ce qui met mal à l’aise tant de personnes qui n’ont pas voix au chapitre, ce n’est pas tant qu’il soit soutenu par l’extrême droite française. C’est plutôt que des militants des droits de l’homme, des militants antiracistes et des journalistes de grands quotidiens le dépeignent comme un humaniste. Or, son discours est tout sauf humaniste : il est raciste, colonialiste et réactionnaire.
Sansal joue sur le fantasme de « l’islamisation de la France », du « grand remplacement », du déclin de l’Occident. De fait, il reprend les thèmes popularisés par Éric Zemmour. Un écrivain peut être critiqué et réfuté. Il y a légitimité à opposer des réponses à tous les auteurs, particulièrement quand ils tiennent un discours qui alimente le révisionnisme historique et la haine des étrangers ou des musulmans.
Beaucoup de ceux qui le défendent en France cautionnent ou ferment les yeux sur sa dérive extrême-droitière qui reflète sans doute la leur. Ceux-là se fichent des Algériens et des autres détenus d’opinion, autrement ils auraient mené, sur d’autres bases, et depuis bien des années, une véritable campagne internationaliste pour la défense des libertés démocratiques en liaison avec des militants algériens.
Ceux qui […] utilisent aujourd’hui la figure de Sansal […] sont portés par un discours qui reprend les thèmes privilégiés des nostalgiques de l’Algérie française.
En réalité, les soutiens bruyants de Sansal à la droite de la droite ne s’intéressent à la situation politique en Algérie seulement quand cela leur permet de régler leur compte avec d’autres factions françaises, avec l’État algérien (en fait avec l’anticolonialisme), l’immigration algérienne ou une partie de l’opinion française. Et ça ne date pas d’hier.
Ce qui se joue autour de Sansal participe en fait de la réactivation d’un clivage très important des années 1990 pendant la guerre civile en Algérie. D’un côté, il y eut les « éradicateurs », ceux qui estimaient qu’au nom de la défense de la République, il fallait « éradiquer » les islamistes, particulièrement les groupes armés, au mépris des droits humains et des libertés démocratiques.
De l’autre, les « réconciliateurs », aussi appelés « dialoguistes », qui considéraient que la menace principale était le régime militaro-policier et qu’il fallait donc se battre au nom de la démocratie, pour que le choix du peuple souverain, qui avait voté majoritairement pour le parti islamiste (le FIS), soit respecté. Schématiquement, c’est la république contre la démocratie.
Ce clivage, manichéen par définition, prend naissance en Algérie et s’exporte très rapidement en France, au point de fracturer les salles de rédaction et les organisations politiques qui se déchirent sur l’interprétation à donner au conflit ainsi que sur sa résolution. Il sera par la suite remobilisé, en France, dans le contexte de la « lutte contre le terrorisme » et des nouvelles affaires de « voile islamique ». Les héritiers français des « éradicateurs », dont certains ont mal vieilli, estiment que la menace principale reste l’islamisme ou « l’islam radical », une expression volontairement équivoque.
Mais en fait, derrière ces faux-semblants, ils jouent sur la peur délirante de « l’islamisation de la France », contribuant à faire peser la suspicion sur les musulmans ou assimilés. Les héritiers des « réconciliateurs » se trouvent plutôt du côté de ceux que l’on appelle « islamo-gauchistes », même s’il y aurait beaucoup à dire à ce sujet, notamment l’existence de transfuges, de personnes qui ont changé de « camp » avec les années et selon le contexte.
Je pense qu’il ne faut pas réduire Daoud et Sansal à des rôles de pantin ou de victimes passives.
Ensuite, il ne faut pas négliger l’importance du ressentiment postcolonial. Ceux qui, d’abord à droite mais aussi à gauche, utilisent aujourd’hui la figure de Sansal, comme ils l’ont fait jadis avec d’autres auteurs « courageux », sont portés par un discours qui reprend les thèmes privilégiés des nostalgiques de l’Algérie française. La génération des militants de l’OAS ou se situant dans son sillage, incarnée par Jean-Marie Le Pen et ses proches, avait agité un spectre, celui de la « France algérienne » après 1962.
Leurs enfants et petits-enfants, qui sont en train de prendre le relais, semblent redoubler de férocité. Ces héritiers d’une cause perdue réactivent le racisme paranoïaque de l’Algérie française, avec le fantasme de la submersion migratoire, de la colonisation de la France par les immigrés, en ciblant d’abord les Algériens, accusés de tous les maux et dont la présence, puis celle de leurs descendants, est jugée illégitime.
La trajectoire de Boualem Sansal ressemble à celle d’un autre écrivain franco-algérien, Kamel Daoud. Ces deux-là ont ceci en commun qu’ils ont acquis une notoriété en France dès lors qu’ils ont épousé une rhétorique réactionnaire, dénonçant la « posture victimaire »des décoloniaux, pourfendant « le wokisme » et alertant contre l’islamisation de la France. Faut-il en passer par là quand on est un auteur maghrébin, a fortiori algérien, pour connaître le succès en France ?
Il n’en a pas toujours été ainsi de Kamel Daoud. Le chroniqueur qu’il était pour Le Quotidien d’Oran critiquait par exemple en 2009 l’hypocrisie du traitement médiatique du conflit israélo-palestinien et dénonçait que l’on mette « sur un pied d’égalité une armée suréquipée et des groupes de défense sous-armés qui défendent leur quart du pays là où il n’existe même pas encore ».
Comment expliquer alors que ce même Kamel Daoud écrive en mai 2024 que la cause palestinienne serve à légitimer « la haine, souvent antisémite, dédouanée par une nouvelle épopée décoloniale » ? Je pense néanmoins qu’il ne faut pas réduire Daoud et Sansal à des rôles de pantin ou de victimes passives. Ce sont de grands garçons, l’un de 54 ans, l’autre de 75 ans. Ils ont un parcours, une carrière, un patrimoine et des relations.
Ils savent comment fonctionnent les milieux privilégiés de la culture, de l’édition, du journalisme et de la haute administration. Puisqu’ils font preuve d’une certaine rationalité, et d’un opportunisme certain, ils savent aussi qu’il existe des créneaux porteurs dans notre société en crise.
Daoud aurait pu servir de passeur pour faire émerger des voix du « Sud » qui mériteraient d’être connues […]. Mais ce créneau n’est pas vendeur.
En ce moment, c’est la haine, le rejet d’une partie de la population : les immigrés, particulièrement ceux d’origine algérienne, qui sont associés, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, au prolétariat, à la colonisation et à l’islam. Mais ce n’est pas la critique de la religion en tant que telle qui les intéresse : autrement, ils seraient tout aussi sévères, voire plus, avec l’Église catholique et les autres cultes.
Ces pourfendeurs droitiers de l’islamisme ne s’inscrivent pas dans une tradition anticléricale et humaniste. Ils lui tournent même le dos, à l’instar des défenseurs d’une laïcité dévoyée, et des républicains autoritaires qui rêvent de mettre au pas les « sauvageons » ou les « racailles ».
Quand Daoud, particulièrement dans ses chroniques au Point, stigmatise les « décoloniaux » ou le « wokisme », lorsqu’il pointe un « vote musulman » assis sur « l’antisémitisme, la volonté de détruire l’État d’Israël » ainsi que la prétendue « haine de la civilisation », c’est un langage à peine codé qui sert en réalité à agiter le spectre du « grand remplacement » et à alimenter une culture de la haine, de la déshumanisation de l’autre, qui s’inscrit dans un agenda ultra-conservateur, celui des « guerres culturelles » qui ne sont que le reflet idéologique de la guerre de classes.
D’autre part, l’argumentaire commercial du livre Houris de Kamel Daoud repose sur le fait que son auteur briserait un « tabou », celui de la décennie noire en Algérie, dont il serait interdit de parler en Algérie. Ce qui est faux, puisqu’il existe des romans, des films, des témoignages et des articles dans la presse qui traitent de cette période-là.
Il existe aujourd’hui dans les médias tout un ensemble d’intervenants, d’éditorialistes, de chroniqueurs, fils ou filles de la “diversité”, qui servent l’agenda de la réacosphère.
En utilisant de façon éhontée cet argument, Kamel Daoud invisibilise tous les auteurs qui ont écrit sur le sujet avant lui et qu’il connaît pourtant. Ce qui passe très mal en Algérie, y compris auprès de son lectorat historique et de personnes qui l’ont jadis soutenu en dépit des controverses. Daoud aurait pu servir de passeur pour faire émerger des voix du « Sud » qui mériteraient d’être connues et rapprocher ainsi les deux rives de la Méditerranée. Mais ce créneau n’est pas vendeur.
Il semble plutôt avoir choisi de dépeindre les Algériens et les descendants de l’immigration – en particulier les hommes, rejoignant ainsi un discours fémonationaliste – comme autant d’arriérés ou de « barbares ». De même, lorsqu’il parle de « l’immigré décolonisé, figé dans une posture victimaire et revendicative »,c’est pour mieux aller dans le sens de l’opinion conservatrice qui ne veut pas entendre parler du passé colonial, sauf pour réhabiliter la prétendue « œuvre civilisatrice » de la France.
Kamel Daoud et Boualem Sansal ne sont pas les seuls intellectuels issus de l’immigration algérienne promus de manière stratégique pour mener les « guerres culturelles » à la française. Il existe aujourd’hui dans les médias tout un ensemble d’intervenants, d’éditorialistes, de chroniqueurs, fils ou filles de la « diversité », qui servent l’agenda de la réacosphère.
Ces figures caricaturales sont propulsées sur le devant de la scène car elles permettent de débrider le discours raciste, xénophobe et anti-musulman, en faisant passer des messages haineux sans pouvoir être accusé de racisme. La fachosphère a beau jeu de dire ensuite :« On n’est pas racistes, la preuve ces immigrés pensent comme nous. »
Néanmoins, l’extrême droite française, d’abord hostile à la « diversité », a renoncé à contenir la visibilité des enfants d’immigrés. Elle a choisi désormais de coopter ses propres représentants, en renouant avec l’histoire impériale, celle de la gestion des « minorités », et de les utiliser pour servir un agenda ultra-conservateur. J’irai même plus loin : l’extrême droite ne pourra pas arriver au pouvoir sans compter sur deux choses.
D’une part, la neutralisation politique des enfants d’immigrés, en créant un climat de confusion généralisée, de sorte qu’ils ne sachent plus pour qui prendre parti. Ce à quoi servent les « guerres culturelles » et les polémiques stériles qui empoisonnent notre quotidien.
D’autre part, en captant une fraction de ce vote, par l’invocation des valeurs conservatrices et autoritaires qui existent dans toute la société française et qui n’épargnent guère les franges immigrées. Ce qui est une preuve de leur « intégration ». On y trouvera, sans nul doute, des lecteurs « néo-Français » réactionnaires que sont devenus Daoud, Sansal et quelques d’autres.
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