Il ressemble à un serveur de l’enseigne de hamburger Big Fernand, ou à une caricature du dessinateur Cabu, mais il est beaucoup moins sympa. Le ministre macroniste Guillaume Kasbarian est un capitaliste sauvage, un libertarien proche de l’extrême droite.
Ce mercredi 13 novembre, le ministre de la fonction publique de Macron, Guillaume Kasbarian, a vivement salué Elon Musk sur Twitter :
«Félicitations d’avoir accepté ce grand défi ! Je me réjouis de partager avec vous les meilleures pratiques pour faire face à l’excès de bureaucratie, réduire les lourdeurs administratives et repenser les organisations publiques au bénéfice de l’efficacité des agents publics».
Le milliardaire d’extrême droite, qui est notamment propriétaire de Tesla et de Twitter, vient d’être nommé par Donald Trump à la tête d’un ministère de l’«efficacité gouvernementale». En clair, il est chargé de faire des coupes massives dans les services publics, de déréguler les règles de protection de l’environnement ou des travailleurs, et de licencier des fonctionnaires. Voilà la personne qui inspire le ministre français, et avec qui il veut partager les “bonnes pratiques”.
En France, le ministre de l’intérieur défend les policiers, le ministre des armées qui défend les militaires, mais le ministre de la fonction publique, lui, a pour rôle d’humilier et de violenter les fonctionnaires dont il a la charge. Nous avons un gouvernement de guerre.
Pour rappel, Elon Musk est un chef d’entreprise originaire d’Afrique du Sud, où son papa possédait une mine d’émeraudes. Il a fait fortune avec l’application Paypal au moment du boom d’internet, avant de lancer un business de voitures autonomes et de partir à la conquête de l’espace. En 2022, Musk rachète le réseau social Twitter, licencie brutalement la moitié de ses employés, puis ré-autorise le compte de Trump tout en supprimant des centaines de comptes anticapitalistes et antifascistes.
Cette décision a été cruciale dans l’évolution politique des USA : c’est sur Twitter que Trump avait appelé au rassemblement devant le Capitole, et sur ce réseau qu’il avait axé la majorité de sa communication politique. Depuis le début de la campagne électorale de 2024, Musk s’est tellement impliqué en faveur de Trump qu’il a déclaré juste avant l’élection : «S’il n’est pas élu, je suis foutu».
Le milliardaire a mis tous ses moyens au service du candidat d’extrême droite : il a participé à ses meetings, a publié des dizaines de tweets en sa faveur et a modifié les algorithmes de son réseau social pour mettre en avant les contenus pro-Trump et d’extrême droite. C’est une manipulation délibérée de l’opinion, qui a porté ses fruits. C’est la première fois qu’un réseau social mondial, qui compte plus de 600 millions d’utilisateurs actifs, est ouvertement consacré à faire élire un candidat.
Le rôle de X-Twitter sur la campagne aux USA a été considérable : c’est par ce canal que les fake news ont massivement pénétré l’opinion, recueillant des millions de likes et imposant certains sujets dans le débat public, concurrençant les médias traditionnels.
Elon Musk et Donald Trump partagent une haine commune des LGBT – Musk est en croisade contre les droits des trans – et une vision du monde misogyne – les deux ont été accusés d’agression sexuelle. Ils partagent la même obsession raciale autour de la démographie – Musk, père de 12 enfants, veut encourager les blancs et les «meilleurs» à procréer, et il s’alarme de la baisse de fécondité en Occident, dans une perspective eugéniste. Et surtout, les deux souhaitent une dérégulation économique totale – Musk est un libertarien qui rêve d’un capitalisme sans limite.
Il n’est pas étonnant que Musk fasse rêver Guillaume Kasbarian. Le ministre – qui est, rappelons-le, nommé dans un gouvernement illégitime et imposé en dépit du résultat des dernières élections – a annoncé un plan de destruction des arrêts maladies pour les fonctionnaires. En augmentant la durée de carence en cas de maladie, il va ponctionner le salaire des fonctionnaires en arrêt, pour réaliser, selon ses annonces 1,2 milliard d’euros d’économies. C’est une attaque gravissime contre le droit du travail et la sécurité sociale. Cela veut dire que des fonctionnaires iront travailler en étant malade, ou seront contraints de s’appauvrir. Depuis sa nomination, Kasbarian multiplie les déclarations humiliantes contre les personnels dépendant de son ministère.
Auparavant, il avait porté la loi dite «anti-squatteurs», dénoncée par toutes les associations pour le droit au logement et pour l’aide aux sans-abris. Cette loi a renforcé les sanctions envers les personnes qui occupent des logements vides en les punissant de prison. Elle a aussi permis aux propriétaires de faciliter la résiliation d’un bail et d’expulser des locataires très rapidement, en cas d’un loyer impayé. C’est une fabrique à SDF, une loi qui vise à jeter encore plus de monde à la rue. La Fondation Abbé Pierre dénonçait un «véritable engrenage répressif». Depuis, le nombre de sans-abris morts à la rue a battu un record. Kasbarian est l’incarnation du néolibéralisme violent et meurtrier.
Nous avons des libertariens d’extrême droite au pouvoir. Des trumpistes. Avant même l’annonce des résultats définitifs des élections aux USA, Macron était d’ailleurs l’un des premiers présidents du monde à féliciter Donald Trump.
Le 18 octobre dernier, la sœur du président Argentin d’extrême droite Javier Milei choisissait de faire son premier déplacement officiel en France. Elle avait été reçue à l’Élysée par Brigitte Macron. La sœur du dirigeant qui impose à son pays un traitement de choc ultra-libéral et répressif, et qui est aussi la secrétaire générale de la présidence, a discuté avec Brigitte Macron «de l’attrait des investisseurs français en Argentine» mais aussi abordé la question de la «bataille culturelle» que mène le gouvernement d’extrême droite argentin.
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