L’édito du n°235
Sur les réseaux sociaux sénégalais, on peut parfois lire des saillies xénophobes vomissant les immigré·es guinéen·nes. Dans les rues de Casablanca, il n’est pas si rare d’entendre des horreurs sur les migrant·es subsaharien·nes. À Marseille, ce sont les exilé·es de tout le continent africain qui trinquent. Et au Brésil, les réfugié·es du Venezuela sont parfois la cible d’un rejet violent. Bref : la xénophobie est une des valeurs les plus partagées au niveau mondial.
Mais en termes de violence d’État à l’encontre des migrant·es, les élites politiques occidentales restent à la pointe. Aux États-Unis, Donald Trump n’en finit plus de dégueuler sa haine et ses mensonges de bas étage. Après avoir accusé les Haïtien·nes de manger les animaux domestiques de ses concitoyen·nes, il a promis « le plus grand programme de déportation de l’histoire américaine » afin de « libérer l’Amérique » de la « force criminelle » que représenteraient les immigrant·es.
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Sur le Vieux Continent, on n’est pas mal non plus. Le 14 octobre, Ursula Von der Leyen a annoncé que la Commission européenne allait proposer une nouvelle loi facilitant les expulsions de personnes en situation irrégulière. La présidente de ladite Commission suggère aussi de continuer le développement des relations « stratégiques » avec des pays de transit, à l’image des accords déjà conclus avec la Libye ou la Tunisie. Ces dernières années, ces deux pays ont déjà reçu plusieurs millions d’euros pour empêcher les migrant·es de rejoindre les côtes européennes, quitte à se rendre coupables de viols, assassinats, abandon d’exilé·es en plein désert, etc.
Ce n’est certainement pas ce qui empêchera de dormir Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur pour qui l’État de droit n’est « ni intangible ni sacré ». Il a déjà annoncé une nouvelle loi « Immigration » qui, entre autres, augmenterait encore la durée maximum de rétention pour les étranger·es en instance d’expulsion.
C’est dans ce contexte que, le 27 octobre, un exilé indien est mort en tentant de traverser la Manche depuis le Pas-de-Calais. C’était au moins le 56e décès de l’année sur la route des côtes anglaises, sans que la France et le Royaume-Uni remettent en cause leur mortifère politique de fermeture frontalière.
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Dans un récent dessin du cartooniste Fred Sochard, deux personnages discutent de l’indifférence du « Nord global » au malheur des victimes des massacres commis par l’armée israélienne. « De prétendus humanistes sans aucune compassion pour Gaza, comment est-ce possible ? » demande une femme. Et son compagnon de répondre : « Je suppose qu’on est “humaniste” avec qui on considère comme humain. » En Occident, colonisé·es palestinien·nes et exilé·es du monde entier n’ont apparemment pas cette chance.
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