L’objet de cet article n’est pas Poutine le va-t-en guerre, ni Poutine l’envahisseur de l’Ukraine. L’objet de cet article est Poutine l‘antidémocrate, le réactionnaire et le liberticide aux pratiques de plus en plus fascistes. Alors, après avoir présenté le premier pilier de l’Internationale Brune en gestation en la personne du génocidaire israélien Bibi Netanyahou, et en attendant le troisième qui serait un Donald Trump tout auréolé d’un éventuel succès aux élections américaines dans quelques jours, voici donc le russe Vladimir Poutine, parrain et idole de l’extrême droite mondiale, et deuxième pilier de cette Internationale néofasciste en construction !
Dessin de Sonia Mitralia
Mais, pourquoi Poutine est-il devenu l’idole de l’extrême droite et des néofascistes de par le monde ? La réponse est la même que celle qu’on donnait récemment en parlant de Netanyahou : Poutine est « chair de la chair » de cette extrême droite mondiale car il partage avec elle la même profonde aversion pour les droits et les libertés démocratiques les plus élémentaires, la même adoration du chef suprême et de la force brute, la même absence de tout scrupule dans l’exercice du pouvoir, la même haine du différent et du minoritaire, le même pseudo-messianisme chauvin et obscurantiste, la même division de l’ humanité en races et nations conquérantes et dominatrices d’un coté et en races dominées et soumises de l’autre. Il suffirait donc de remplacer le nom de Netanyahou par celui de Poutine pour affirmer que cette extrême droite internationale « se reconnaît en lui car elle considère, à juste titre, que Poutine est chair de sa chair. Et pas seulement à cause de ses «exploits» guerriers et autres qui font que la Russie de Poutine soit devenue l’État-modèle de leurs rêves (et de nos cauchemars). Si tout ce beau monde le célèbre et s’identifie à lui c’est aussi parce que Poutine est un fasciste pur sang de par ses origines, sa formation et ses mentors… »
Cependant, ces affinités électives de Poutine avec l’extrême droite internationale prennent tout leur sens quand on y ajoute la commune haine mortelle de tout ce qui est de gauche. C’est ainsi que Poutine s’érige en anticommuniste plus que viscéral quand il s’adresse à ses compatriotes quelques heures avant son invasion de l’Ukraine, pour la justifier avec ces mots : « Permettez-moi donc de commencer par le fait que l’Ukraine moderne a été entièrement créée par la Russie, ou plus précisément, par la Russie bolchevique et communiste. Le processus a commencé presque immédiatement après la révolution de 1917, et Lénine et ses compagnons d’armes l’ont fait d’une manière très grossière à la Russie elle-même – par la sécession, en arrachant des parties de ses propres territoires historiques ».Et pour qu’il n’y ait pas le moindre doute, Poutine ajoutait : « la politique bolchevique a abouti à l’émergence de l’Ukraine soviétique, qui, même aujourd’hui, peut être appelée à juste titre « Ukraine de Vladimir Lénine ». Il en est l’auteur et l’architecte » !
Mais, cet anticommunisme viscéral ne suffirait pas à qualifier Poutine de fasciste s’il n’y avait pas ses mauvaises fréquentations des fascistes patentés et ses déclarations de plus en plus fréquentes pour le moins… « bizarres » concernant l’histoire du nazisme. Comme par exemple celle qu’il a fait au cours de son interview par le journaliste américain ultra-réactionnaire Tucker Carlson en février passé, quand il a affirme que « les Polonais n’avaient pas cédé le corridor de Dantzig à l’Allemagne, et ils sont allés trop loin, poussant Hitler à déclencher la Deuxième Guerre mondiale en les attaquant. Pourquoi est-ce contre la Pologne que la guerre a commencé, le 1er septembre 1939 ? La Pologne s’est révélée intransigeante, et Hitler n’a eu d’autre choix que de commencer à mettre en œuvre ses plans avec la Pologne » !
Voici donc M. Poutine qui réécrit l’histoire de la Deuxième Guerre Mondiale afin d’innocenter Hitler et son régime criminel. Comme on l’écrivait à l’époque : « si l’on en croit M Poutine, le vrai responsable du déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale est… la Pologne ! Et M. Hitler et son armée, qui, selon lui, se sont montrés si amicaux envers les Polonais, n’ont attaqué la Pologne que… contraints en raison de l’intransigeance des dirigeants de ce pays ! En d’autres termes, Poutine prend pour argent comptant, adopte et nous ré-propose ce que Hitler lui-même a dit à l’époque pour justifier son invasion de la Pologne ! Mais, ce qui est encore plus ahurissant est que cette scandaleuse absolution de Hitler et de son Troisième Reich vient de ce même M. Poutine qui n’arrête pas de parler du besoin de «dénazifier» l’Ukraine afin de justifier sa guerre contre ce pays! »
Pas si surprenante que ça cette tentative de M. Poutine de réécrire l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale quand on connaît sa prédilection pour des « philosophes » et autres « maîtres à penser » ultra- réactionnaires ou même carrément fascistes qui ont actuellement le vent en poupe dans la Russie poutinienne. Comme par exemple Ivan Iline (Иван Ильин), un philosophe émigré russe, chantre du fascisme de Mussolini et du nazisme de Hitler, lesquels d’ailleurs il servit et fréquenta dans les années ‘20 et ‘30, et que Poutine aime citer de plus en plus fréquemment depuis une dizaine d’années… Pourquoi cette adoration de cet aristocrate slavophile et fasciste déclaré? Mais, parce que Iline postulait une (grande) Russie -incluant l’Ukraine qui ne devrait pas exister – qui ressemble comme deux goûtes d’eau à celle que Poutine est en train de construire : un État très centralisé, à la tète duquel serait un autocrate idolâtré tout puissant, qui gouvernerait sans se soucier du résultat du rituel électoral connu d’avance.
Affiche des étudiants révoltés :
Illin faisant le salut nazi à la gauche, Douguine à droite.
Ce n’est pas donc un hasard que le Kremlin a voulu honorer ce chantre du fascisme et du nazisme en donnant son nom à l’École politique supérieure de l’université de Moscou. Mal lui en prit car, cette décision scandaleuse a provoqué, ce printemps, la réaction des étudiants qui se sont mobilisés par milliers dans une bonne dizaine des villes russes. Malgré la répression, leur pétition a réuni 28 000 signatures d’étudiants en quelques jours, obligeant les autorités et le directeur de l’École qui n’est autre que l’autre philosophe-gourou du Kremlin Alexander Douguine, de qualifier les protestataires de « sixième colonne de l’Occident » et d’« agents de l’étranger » ! Détail éloquent : ce Douguine aimait s’entretenir et se faire photographier avec les députés de la très neonazie Aube Dorée grecque…
Affiche des étudiants moscovites :
Disons « non » au fascisme à la RGGU
En fin de compte, ce qui unit Poutine avec les partis et les organisations néofascistes et d’extrême droite de par le monde, n’est pas seulement leur complotisme, leur penchant pour la conception policière de l’histoire, leur misogynie et leur commune haine de la démocratie (même bourgeoise), de la liberté d’expression et du droit des travailleurs et des travailleuses de s’organiser dans des syndicats et de faire grève. Ni leur haine des migrants, des féministes, des LGBT, des musulmans, des antiracistes, des écologistes, des antifascistes et de tous ceux qui osent les contester. Ce qui les unit et les rend, Poutine en tête, si dangereux est surtout leur inhumanité nécrophile et leur commune aversion mortifère pour tout ce qui est lutte des classes, résistance et combat pour l’émancipation de ceux d’en bas !
Force est donc de constater que, profitant de l’importance de son pays ainsi que des moyens financiers, militaires, politiques et autres qu’il peut lui mettre à disposition, Poutine semble de plus en plus décidé à jouer à fond la carte du fédérateur de l’extrême droite internationale qui n’arrête pas de progresser. En somme, bien décidé d’aller de l’avant dans la construction de cette Internationale Brune qu’il ambitionne de diriger…
Yorgos Mitralias
Russia, Putin federatore dell’estrema destra internazionale
https://andream94.wordpress.com/2024/10/22/russia-putin-federatore-dellestrema-destra-internazionale/
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