Pour la défense des prisonniers politiques mapuches et le respect de la Convention 169 de l’OITLes organisations syndicales, sociales et politiques de l’État espagnol, soussignées, adhérons à la demandeinternationale de justice, de liberté et de réparation pour tous les prisonniers politiques mapuches (PPM).Nous souhaitons exprimer notre profonde préoccupation face à l’état de santé délicat du porte-parolemapuche Héctor Llaitul, membre de la Coordinadora Arauco Malleco, qui a maintenu une nouvelle grève de lafaim pendant près de 90 jours (perte de 30 kilos, avec un processus de nécrose et tachycardie). Ainsi quel’augmentation systématique des violations des droits humains contre le peuple mapuche dans le contexte dela criminalisation de sa lutte pour des revendications territoriales.Les revendications d’Héctor Llaitul, dans cette dernière grève de la faim, après que la Cour suprême a refusé larévision du procès, sont liées à des demandes fondamentales comme l’application de la Convention 169 del’OIT, qui lui accorde le droit d’être transféré de la prison de Concepción (prison concédée par le gouvernementchilien qui ne tient pas compte des critères culturels des personnes autochtones et dans laquelle il partage unecellule avec des criminels de droit commun), au module des membres de la communauté mapuche del’établissement pénitentiaire de Temuco. Une telle demande a été rejetée par le Tribunal de Garantie de lamême ville.Le président Gabriel Boric a promis, lors de sa campagne, la démilitarisation du Wallmapu, mais la réalité estloin de cette promesse. Il a renouvelé l’État d’exception constitutionnelle, applique des lois répressiveshéritées de la dictature civilo-militaire comme la loi antiterroriste (loi 18.314) et la loi sur la sécurité intérieurede l’État (loi 12.927), c’est pourquoi le Chili a déjà été sanctionné par la Cour internationale des droits humains(CIDH). En ce sens, nous pouvons citer deux cas emblématiques et significatifs jugés en vertu de ces lois :
- Héctor Llaitul Carrillanca, condamné à 23 ans de prison en faisant appel à des témoins protégés, sans preuves
directes ni indications solides, basées exclusivement sur des expressions et des preuves circonstancielles,
facilitant la création de fausses preuves à travers des montages et la complicité des médias sociaux.
- Pelantaro Llaitul Pezoa, 19 ans, fils d’Héctor Llaitul, arrêté pour sabotage de deux ouvrages d’entreprises
extractives (FHO et la société transnationale Hancoock Chilean Plantation) est toujours en attente de jugement.
Le gouvernement, par l’intermédiaire de la délégation présidentielle d’Araucanía, demande des peines de
prison de plus de 100 ans, dépassant même la peine demandée par le Parquet.
D’un autre côté, nous sommes préoccupés par les nouvelles lois adoptées par le gouvernement Boric, qui
violent les droits des communautés, contrairement aux engagements internationaux acquis par le Chili et qui
s’appliquent spécialement au peuple mapuche. Il convient de mentionner : - La loi Naín-Retamal (plus connue sous le nom de « loi de la gâchette facile »), confère des pouvoirs
plus répressifs à la police militarisée et favorise l’usage d’armes meurtrières dans toute situation
subjective de danger pour la police. En vertu de cette loi, des peines exemplaires ne sont appliquées
qu’avec des preuves et des témoins protégés. - o Affaire Luis Tranamil condamné à 32 ans de prison sans prouver de sa culpabilité, peine ratifiée par
la Cour suprême https://www.izquierdadiario.es/Sin-probar-autoria-condenan-a-Luis-Tranamil-en-
cas-du-cap-Nain - – Loi sur l’usurpation, qui s’applique particulièrement aux communautés mapuches dans les processus
de récupération des territoires ancestraux qui ont été remis à des sociétés extractives et ensuite
régularisés, transformant les membres du peuple mapuche en usurpateurs de leurs propres
territoires. À ce jour, plus de 60 communautés mapuche ont été expulsées en 6 mois d’application
https://www.elclarin.cl/2024/01/03/ley-de-usurpacion-de-tierra-law-contrary-to-peace-en-
araucanie/ - – Loi sur le contrôle des armes, promotion d’amendements à la loi sur le renseignement, qui cherche
à accorder de nouveaux pouvoirs à l’Agence nationale de renseignement (ANI), qui seront
principalement dirigés vers le peuple mapuche, le considérant comme une entité du crime organisé et
comme une organisation terroriste.
Le débat sur la proposition de déclarer l’état de siège est encore plus préoccupant (état de guerre) dans les
territoires mapuches, tout comme à l’époque de Pinochet.
L’application de ces lois a permis l’arrestation arbitraire et l’emprisonnement de membres de la communauté
mapuche pour de longues périodes de détention préventive sans preuve ni procès. Cette situation injuste et
désespérée les a obligés, en dernier recours, à entamer de longues grèves de la faim, en forme de protestation
et de pression pour la reconnaissance des droits qui leur correspondent selon la Convention 169 de l’OIT,
droits systématiquement ignorés par les tribunaux et violés par la Gendarmerie et l’institution pénitentiaire
chilienne. Les grèves de la faim, également considérées comme des délits très graves dans le système
pénitentiaire de la gendarmerie chilienne, sont ensuite utilisées pour justifier le refus de bénéfices
pénitentiaires.
Face à cette situation de violation systématique des droits humains du peuple Mapuche, NOUS DEMANDONS :
● Que la justice chilienne applique la Convention 169 de l’Organisation Internationale du Travail, OIT, ratifiée
par l’État du Chili le 15 septembre 2008, qui consacre le droit à l’autodétermination des peuples (art. 7), au
territoire et au contrôle des ressources naturelles (art. 14-15), le respect de la culture (art. 7), l’accès à la justice
et la participation politique (art. 8 et 9) et l’article 10, particulièrement important, qui établit : - Lorsque les sanctions pénales prévues par la législation générale sont imposées aux membres desdits
peuples, leurs caractéristiques économiques, sociales et culturelles doivent être prises en compte. - La préférence devrait être accordée aux types de sanctions autres que l’emprisonnement.
● Respect des droits culturels et individuels des prisonniers politiques du peuple mapuche.
● Modification du Règlement pénitentiaire n° 518, du Règlement n° 943 sur le statut du travail et du
Règlement n° 703 sur l’assistance religieuse dans les établissements pénitentiaires, afin d’assurer leur
adaptation et leur pertinence culturelle, en corrélation avec le respect et la garantie des droits culturels. des
peuples autochtones reconnu dans la Convention 169 de l’OIT.
● Surveillance internationale des procès et des condamnations fondés sur les témoignages de témoins
protégés.
● Fin de l’État d’exception et démilitarisation du territoire mapuche.
● Liberté immédiate pour tous les prisonniers politiques mapuches emprisonnés en raison de montages
judiciaires.
● Restitution des territoires ancestraux au peuple de la nation Mapuche, comme indiqué dans la Convention
169 de l’OIT.
SIGNENT :
Grupo Motor de Apoyo al Pueblo Mapuche (CCOO, UGT, IU, Trawunche Madrid, Paz Ahora)
Association Terre et Liberté pour Arauco (France)
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