L’argent public utilisé par une députée RN pour faire garder ses chiens et payer un site de rencontre
Dans le dictionnaire, à la lettre P, on peut trouver parmi les définitions de parasite : «Personne qui vit dans l’oisiveté, aux dépens d’autrui ou de la société». À l’Assemblée Nationale on peut trouver Christine Engrand, députée du Rassemblement National du Pas-de-Calais, qui vient d’être réélu au premier tour des législatives 2024.
Le lien entre cette définition et cette députée d’extrême droite tient aux révélations faites ces derniers jours par Médiapart. Christine Engrand utilisait son enveloppe de frais lors de son premier mandat pour ses dépenses personnelles : plusieurs milliers d’euros entre 2022 et 2023 pour faire garder ses deux chiens Smoothie et Chouchou, un abonnement à un site de rencontre, des frais d’obsèques… Bien entendu cette pratique est interdite, cette enveloppe doit en principe servir à l’activité de la députée, notamment ses «frais de représentation». Sans surprise, une fois révélés, ces détournements sont décrits par l’intéressée comme des erreurs, des confusions de cartes bancaires, la méconnaissance des règles… Au total ce sont plus de 10.000 euros de «maladresses» qui ont été dépensés par l’élue d’extrême droite.
Quel-le français-e moyen-ne peut faire une erreur de la sorte et s’en sortir avec des excuses aussi simples ? Imaginez payer un abonnement Tinder et des sorties en boite avec la carte bleue de votre entreprise, puis expliquer tranquillement à votre patron que c’est une simple erreur. Christine Engrand doit maintenant rembourser ces frais, sans amende, ni sanction, mais elle réussit tout de même à trouver cela trop sévère. Alors même qu’avec son cumul de mandats de conseillère régionale des Hauts-de-France et de députée, elle touche déjà près de 8.434,85 euros par mois d’après les estimations de Médiapart.
Le plus important dans cette histoire n’est pas tant le montant du détournement de Christine Engrand, mais la posture de cette députée, porte-parole de propositions du RN pour lutter contre «l’assistanat» : faites ce que je dis, pas ce que je fais.
Le 30 septembre s’ouvrira le procès du Rassemblement National et de 27 de ses membres, dont Marine Le Pen, qui sont accusés d’avoir embauché avec l’argent de l’Europe des assistants parlementaires qui ont en réalité travaillé pour le parti alors qu’il s’appelait encore Front National, en 2015. Très récemment, Libération révélait dans un livre à paraître que Jordan Bardella, qui a été rémunéré durant 4 mois et demi à ce moment-là sans assurer la tâche pour laquelle il recevait de l’argent public, aurait aidé à produire à posteriori des fausses preuves des emplois fictifs.
Ces révélations mettent à mal la stratégie de dédiabolisation de l’extrême droite initiée par Marine Le Pen. À tel point que Louis Alliot accuse Libération d’être «le journal la police» . Aliot est même allé encore plus loin en taxant le quotidien d’être «un soutien inconditionnel du Hamas». Acculé il n’a pas trouvé mieux que de dégainer l’anathème du terrorisme et de l’antisémitisme contre un journal qui faisait son travail d’information. Venant d’un parti fondé par des néo-nazis, il fallait oser.
Cette double posture est typique de la stratégie de l’extrême droite qui, ces dernières années, tente de lisser son image. Côté pile, une image crédible, sérieuse, comme les autres, prétendument proche du peuple. Côté face, des grands bourgeois voleurs et racistes, à la botte des marchés et qui mènent la vie de château aux frais du contribuable.
Cette dédiabolisation a été longuement travaillée par le Front National, renommé Rassemblement National en 2018 dans l’objectif de faire oublier son histoire fasciste, raciste, antisémite et négationniste. Dans le cadre de cette stratégie, Louis Alliot cadre du RN, avouait dès décembre 2013 que «la dédiabolisation ne porte que sur l’antisémitisme» qui était «le dernier verrou à faire sauter» pour s’imposer. On comprend mieux ses propos sur Libération.
Aujourd’hui c’est La France Insoumise qui est taxée d’antisémitisme et l’extrême droite n’a jamais été aussi proche d’arriver au pouvoir depuis Pétain. Si le RN ne dirige pas encore officiellement le pays, il vient de triompher politiquement, puisque Macron a passé un accord avec Le Pen et nommé un Premier Ministre de droite radicale qui appliquera ses idées.
Surtout, le parti a empoché environ 14 millions d’euros pour son score historique. Il est probable qu’une partie de cet argent va servir à former en communication les «brebis galeuses», ces candidats racistes, néo-nazis ou simplement stupides qui se sont humiliés lors de la campagne législative de juin dernier.
L’extrême droite espère une nouvelle dissolution et des élections dès 2025. Et cette fois-ci, ses candidats seront préparés. Avec le soutien de plus en plus affirmé des médias des milliardaires.
https://contre-attaque.net/2024/09/12/insolite-christine-engrand-une-parasite-a-lassemblee/
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